Molière parodie clairement la médecine dans cette pièce ; c'est à l'époque un sujet de prédilection
traité autant par les auteurs de comédie que par les philosophes. La médecine du XVIIe siècle est
plutôt conservatrice, orientée vers une philosophie héritée de la Grèce antique, et préfère parfois
camper sur ses positions que de reconnaître certaines découvertes nouvelles. L'auteur prend pour
cible la crédulité des malades et la prétention des guérisseurs. Il donne à son personnage de
médecin un caractère outrancier et caricatural. Sganarelle peut se permettre les pires fantaisies dès
lors qu'il «est» médecin : les autres protagonistes sont tout acquis à sa cause. Il émet par exemple
un diagnostic au sujet de Lucinde de manière totalement aléatoire : «Voilà un pouls qui marque
que votre fille est muette». Il invente aussi des remèdes selon ce dont il dispose : «du pain et du
vin» pour la muette ou du fromage pour la mère de Perrin gravement malade.
L'utilisation de caractéristiques langagières très typées permet à
Molière de souligner de manière
caricaturale l'appartenance de ses personnages aux différentes classes sociales. Les personnes du
peuple emploient un langage grossier et multiplient les archaïsmes (bouter, bailler). Les autres
utilisent une langue simple mais correcte. A noter que Géronte, le personnage bourgeois de la
pièce n'utilise en aucun cas un langage soutenu mais seulement des termes plus choisis. Le
langage du médecin, lui, joue un rôle capital dans la satire de
Molière : il permet de se moquer de
la médecine en transformant un ivrogne en médecin bouffon.