Un autre livre traitant d'anorexie, juste après la lecture de "
Le complexe du papillon" d'
Annelise Heurtier.
Point commun entre les deux : le décès d'une grand-mère adorée, mais qui n'était peut être pas celle que l'on croyait...
Ce roman-ci est très intéressant parce qu'il parvient à traiter deux thématiques importantes : l'anorexie d'Emma, 17 ans, et un pan juste horrible de la 2ème guerre mondiale avec le camp d'extermination de
Sobibor. Cerise sur le gâteau, car on trouve peu de romans "de l'autre côté" : le camp est vu du côté d'un nazi.
Alors je vais tâcher de ne pas trop en dire, bien sûr ; les causes profondes de l'anorexie d'Emma semblent être liées à ce secret qu'on ne lui avait pas dit mais qu'elle sentait vivre en elle. Et puis il y a ce très difficile de travail autour de ce couple de grands-parents qu'elle chérissait plus que tout et qu'elle va découvrir autrement, par le biais d'un journal intime découvert en vidant les affaires de la mamie morte. Se vider pour laisser la place au secret ? Devenir transparente tant qu'on ne lui aura pas permis d'exister à part entière (donc avec le secret révélé ?) Se remplir, puis vomir, se remplir, vomir encore... Comme dans "
le complexe du papillon", on a ce tout-pouvoir sur le corps, cette liberté à s'affranchir des contraintes matérielles de la faim, ce sentiment de toute-puissance qui n'est que l'expression d'un profond mal-être... Mais qui trouve sa résolution, avec beaucoup de courage (et peu d'accompagnement !). Quelques "ratées" donc, sur la cohérence d'actions des personnages, mais qui sont vite oubliées : le roman est très bien écrit, se lit vite et facilement, et met en lumière un pan méconnu de la guerre tout en traitant une des causes possibles de l'anorexie. Bravo !