Alexandre Yersin ou le vainqueur de la peste

La correspondance adressée à sa mère et sa soeur révèlent un aspect très significatif sur la personnalité du pasteurien en Indochine. La rigidité de son éducation, les rapports tendus avec sa soeur, et un frère ignoré absent de ses ambitions, ont fait de lui un baroudeur attiré par l'exotisme. Ses nombreux échanges nous amènent à décrypter ce pourquoi il était fait: un bactériologiste, ayant réussi à isoler le bacille de la peste à Hong-Kong tout en démentant une attribution inexacte du japonais Kitasoto. Yersin aimait rappeler qu'un bon médecin ne devrait pas s'enrichir sur le dos d'un malade, en respectant le serment d'Hypprocrate un sacerdoce devant être appliqué à la lettre. Le parcours d'Alexandre Yersin peu connu à l'époque peu conventionnel, ne l'empêchera pas de fonder l'institut Pasteur de Nha Trang où il dirige l'école de médecine. Ce savant hors norme, fuyait avant tout les mondanités, et même ses qualités de médecin chef de l'armée française en Indochine en évoquant la violence lui faisait horreur. Yersin était bien loin de l'homme qui avait approuvé les coups de fouet donné à un imprudent qui avait effrayé son cheval, il a trouvé dans le peuple Annamite la simplicité discrète des relations dans les classes les plus humbles en se sentant parfaitement à l'aise. Il aimait ce bon voisinage, les enfants avaient accès libre dans sa propriété, contrairement aux officiels, et le tourisme fâcheux; élargissant ses plantations, introduisant les helveas en faisant naître ses dons d'agriculteur, producteur de caoutchouc. Cet entrepreneur génial devenu commercial, comptable, pour trouver de nouveaux fonds pour ses recherches. Par cela il fera les beaux beaux jours des pneus Michelin en plein essort pour les automobiles, et ses dons de vétérinaire, exploitant les animaux, les chevaux en particulier sur lesquels s'exercent ses essais. C'est sans doute pour tout cela qu'il a choisi de rester en Indochine.