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Un premier roman fin, subtil et délicat. Moderne aussi, avec l'histoire de Bérénice, jeune maman désormais placardisée mais habituée comme les femmes de sa famille, comme de longues lignées de femmes, à s'effacer devant le désir des hommes, le regard des hommes, leur ambition aussi.
Bérénice va essayer d'enfin se chercher, se trouver.
Bérénice Barbaret Duchamp, une nouvelle BBD, Belle au Bois Dormant. Depuis longtemps effacée, en retrait, endormie.
Bérénice va essayer de trouver sa voie, se trouver enfin.
Avec le soutien de son mari, mais surtout avec l'éveil de son bébé, et avec les rencontres régulières avec son professeur de chant, Guillaume. Car Bérénice s'est inscrite à une formation pour "trouver sa voix/voie".
Une écriture intéressante et fine, une auteure dont j'attends les prochains livres, et encore une bonne pioche chez Mercure de France qui publie souvent des romans originaux.
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Il ne m'est pas facile d'être à contre-courant, lorsque la majorité des lecteurs s'accordent à trouver moult qualités à un texte qui m'a laissée totalement indifférente.
Le plus agaçant, c'est que je ne sais pas vraiment ce qui m'a déplu. L'écriture est agréable, simple, précise, poétique parfois.
Le « tu » employé en mode de narration me convient parfaitement, je trouve même qu'il crée une certaine proximité entre le personnage et le lecteur.

Par contre, l'histoire de cette belle endormie, Bérénice Barbaret-Duchamp, sorte de Belle au bois dormant moderne dont elle partage les initiales BBD ne m'a pas touchée.
J'ai eu l'impression qu'elle survolait sa vie, mal dans son travail, mal dans son couple, à peine concernée par son jeune enfant. Tout cela m'a ennuyée au point que j'ai eu du mal à finir ma lecture. Les personnages secondaires m'ont semblés tout aussi insipides.

Des rendez-vous ratés, il y en a dans ma vie de lectrice, il n'en reste pas moins que j'en éprouve à chaque fois un sentiment de culpabilité et de regret face au travail d'un auteur, d'autant plus lorsqu'il s'agit comme ici d'un premier roman.



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« Il y a ce conte qu'on connaît tous. Une jeune fille, à la suite d'une malédiction, tombe en sommeil. Son évanouissement n'ôte cependant pas les couleurs vives de son teint, ses joues sont incarnates et ses lèvres comme du corail. Cette jeune fille, c'est BBD, la Belle au bois dormant, et BBD c'est aussi toi, Bérénice Barbaret Duchamp, trente-trois ans, cadre moyenne, mariée, un nourrisson, flottant depuis près de vingt ans dans un sommeil singulier. » Pour son premier roman, Anne-Sophie Monglon revisite le conte de la Belle au bois dormant, mais dans une version XXIe siècle. C'est au moment où elle aurait pu – dû ? – croquer la vie à pleines dents que Bérénice est victime de la malédiction. le bac en poche, elle préfère s'effacer pour que Luc, son amoureux, ne lui reproche pas de le détourner de ses objectifs scolaires. Au fil des années et malgré des études brillantes, un emploi dans une grande agence de com et un mari architecte, elle va rester en retrait, reproduisant un schéma bien ancré : « Toutes ces femmes, on leur a appris à mettre en sommeil leurs aspirations. Et elles ont été consentantes, ont préféré rester au chaud plutôt que lutter. C'était le prix à payer, ont-elles cru, pour être acceptées dans un monde d'hommes. »
Et ce n'est sans doute pas sa récente grossesse qui va la réveiller. Après la naissance de Pierre, elle voit aussi ses attributions se réduire comme peau de chagrin. Ajoutez un mari peu présent pour tenter de contrer son Baby blues et vous aurez les ingrédients d'un drame ordinaire dans lequel Bérénice s'enfonce.
Pour la secouer Anne-Sophie Monglon choisit la seconde personne du singulier. Ce «tu» de l'injonction. Car en effet, «il serait temps que tu fasses entendre la voix qui dit je, qui ne se planque pas» Pour ce faire, un coach vocal vient à son secours.
Guillaume est un prof de chant, mais aussi un auteur qui entend produire un nouvel album. Avec lui, Bérénice va enfin trouver un moyen d'avancer. Mais parviendra-t-elle à se réveiller ? C'est tout l'enjeu de ce roman qui, mieux que bien des études sociologiques, nous explique la violence d'un système qui entend placer l'homme devant la femme, consciemment ou inconsciemment, au sein de la famille et surtout au sein de l'entreprise. Un roman très original dans la forme et puissant sur le fond. Bref, une jolie réussite !

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Lorsque Bérénice retourne travailler dans sa boîte de com' après son congé mater, on la prévient, elle n'a plus à s'occuper des prezzes, les Présentations en interne des Cahiers documentaires qu'elle rédigeait. C'est une autre fille, celle qui l'a remplacée en son absence, qui s'en charge désormais. Bérénice ose à peine s'avouer qu'elle se sent soulagée : les comptes rendus à l'oral, ça n'est pas pour elle.
Clara, sa copine, adjointe de la DRH, ne voit pas du tout les choses de la même façon et tente de la faire réagir : « ton job a été amputé », « ton problème, c'est que tu es trop peu VISIBLE », « il y a celles qui prennent la lumière et celles qui sont périphérisées », « placardisées » et « tu risques de bientôt en faire partie » lui assène brutalement Clara pour lui ouvrir les yeux . Il faut selon elle « comprendre le concept de soi comme marque » (je vous jure, ça existe, ça s'appelle le personal branding - 1. quand je vous dis qu'on touche le fond... - 2. plus je vieillis, plus je me dis que le monde de l'entreprise n'était VRAIMENT pas fait pour moi !), donc, il faut : parler de soi, se répandre partout sur la toile, les réseaux sociaux, se vendre, se montrer, « occuper l'espace », raconter son accouchement sur Facebook, son amour pour l'opéra baroque et les éclairs au chocolat, attendre fébrilement les like, les espérer nombreux et enfin seulement, EXISTER, être VIVANT ! Une société où le paraître a supplanté l'être et où l'image est le maître mot...
Mais le problème, c'est que Bérénice est d'une autre époque, d'un temps où « la pudeur pouvait être une qualité ». Tiens, c'est vrai, le mot « pudeur » semble maintenant complètement désuet, je ne sais même pas si mes élèves en connaissent le sens et savent qu'à une époque, on évitait de parler de soi - il faudra que je vérifie dès demain… Je sens que lorsque je vais leur expliquer le sens de ce mot, ils vont ouvrir de grands yeux et me rire au nez !
« On pourrait raconter ta vie d'adulte, amoureuse comme professionnelle, par tes retraits, effacements, défections, seconds rôles, planques derrière les arbres, choix par défaut qu'ensuite tu ne cherches plus à remettre en cause ... N'en as-tu pas assez ? » lui demande cette petite voix qui tente de la réveiller...
Pour exister maintenant, et notamment dans le monde de l'entreprise, il faut se placer au devant de la scène, être visible, sous le feu des projecteurs. Alors, quand Bérénice se voit proposer un stage pour « faire entendre sa voix », elle s'inscrit et écoute, de loin au début, Guillaume, le formateur.
L'histoire de Bérénice est celle d'une femme effacée, d'une « invisible » : « c'est BBD, la Belle au bois dormant... Bérénice Barbaret Duchamp, trente-trois ans, cadre moyenne, mariée, un nourrisson, flottant depuis près de vingt ans dans un sommeil singulier. », une femme que l'éducation, la société, la vie ont gommée lentement : « Tu es issue d'une procession de femmes pour qui s'effacer est devenu une activité, surjouant leur faiblesse, je ne sais rien faire, je ne comprends rien, je suis si vite perdue... ». C'est vrai, on a vite fait inconsciemment d'endosser le costume que la société nous tend, de penser que rien ne peut être autrement puisque c'est comme ça depuis la nuit des temps, on a vite fait de se taire, de renoncer, de faire comme si ce n'était pas pour nous parce que nous, on ne peut pas (on est moins fortes physiquement), on ne sait pas (on est moins fortes intellectuellement), on n'a pas l'habitude (on ne l'a jamais fait). Et puis, pas la peine de discuter, les choses importantes se règlent entre hommes. Alors, pour se faire entendre, il faut faire du bruit, taper du pied, griffer, mordre : pour certaines, c'est envisageable, pour les autres, juste pas possible comme on dit maintenant, alors, c'est l'engloutissement, ciao, pas vue, pas retenue, oubliettes… Pas facile d'exister dans ce monde de brutes !
J'ai beaucoup aimé ce roman, l'histoire d'un éveil, celui d'une femme qui n'aime pas la lumière mais qui va petit à petit venir au monde, y prendre sa place et vivre, c'est l'histoire d'une renaissance et d'un retour à la vie.
L'auteur a choisi d'écrire à la deuxième personne, et ce « tu » m'a fait penser au « tu » de Sarraute dans Enfance : c'est un pronom (la petite voix bien enfouie de sa conscience?) qui réveille, qui appelle doucement « tu m'entends ? », qui ramène progressivement à la vie et j'ai trouvé ce choix d'écriture particulièrement judicieux. En même temps, il était impossible à la narratrice de dire « je » puisque d'une certaine façon, au début, elle n'existe pas...
Un très beau texte tout en nuances qui exprime une double violence : celle d'une société où la femme occupe bien souvent la place que les hommes lui assignent et où il faut à tout prix se vendre pour exister. Pour celles qui n'aiment ni l'ombre ni les projecteurs, pas facile de trouver sa place !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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"On pourrait raconter ta vie d'adulte, amoureuse comme professionnelle, par tes retraits, effacements, défections, seconds rôles, planques derrière les arbres, choix par défaut qu'ensuite tu ne cherches plus à remettre en cause, démission de l'intuition, miroir aux alouettes des images flatteuses. Oui, sans doute que s'il y avait une continuité à dessiner dans ta vie éclatée, faite de réalisations avortées, de désirs insuffisamment désirants, elle serait à chercher de ce côté. N'en as-tu pas assez ?"

Je vous le dis tout de suite, cette lecture fut pour moi au-delà du coup de coeur. J'ai rarement eu cette impression de faire corps avec un texte, de le sentir résonner en moi à chaque ligne. Alors que j'étais en pleine sélection des premiers romans pour les 68 premières fois, que j'enchainais des lectures à un rythme assez élevé voici que je me surprenais à savourer chaque mot, à ralentir, à m'arrêter pour relire des paragraphes, à retenir au maximum le moment présent sans avoir nullement envie d'arriver à la fin. Ce livre est sans aucun doute arrivé à point nommé dans ma vie. C'est ce qu'on appelle une rencontre.

Car l'histoire de Bérénice parlera forcément à de nombreuses femmes. L'histoire d'une trentenaire qui affiche toutes les apparences d'une vie réussie : un mari tendre et attentionné, architecte à la carrière ascendante, un bébé tout neuf, un job de cadre dans une agence de communication. le jeune couple tendance bobo dans toute sa splendeur. Pourtant, un événement va lézarder la façade. Au retour de son congé maternité, les attributions de Bérénice sont revues, certaines tâches lui sont retirées. Rien de grave se dit-elle... Avec la crise, c'est normal... Même si Clara, son amie et adjointe à la DRH tente de la réveiller et de la rappeler aux réalités du monde de l'entreprise "il y a des postes, mais surtout des rôles et elle a le sentiment que tu n'as pas choisi le tien, que tu te planques au fond de ton fauteuil de spectatrice". Bérénice a du mal à réagir, habituée à rester en retrait, à adopter les postures et les avis conseillés, à ne pas faire d'ombre à qui que ce soit.

"Tu es à toi-même un gouffre. L'exercice depuis longtemps consiste à maintenir vis-à-vis de ce gouffre une distance salubre. Tirer des bords, trouver des biais. Clara a raison, au fond tu as envie qu'on te laisse tranquille, qu'on ne vienne surtout pas gratter pour savoir ce que tu as dans le ventre car dans le ventre comme dans la tête, tu en es persuadée, tu n'as rien."

L'auteure met en lumière avec une extrême finesse le décalage entre les personnalités dont le moteur est la pudeur et la discrétion dans un monde où tout passe par l'image et la façon de se mettre en scène. Quand le "personnal branding" est le maître mot qui conditionne la réussite, quand le paraître supplante les compétences, comment trouver les armes pour se battre ? Rien d'étonnant à ce que l'entreprise soit le déclencheur du choc pour Bérénice, car c'est elle qui détermine souvent notre rôle dans la société. le lieu où la pression est la plus forte et où l'on est vite balayé si l'on refuse de jouer le jeu (enfin, le jeu... je me comprends). On ajoute à cela des décennies de conditionnement des femmes afin de les cantonner aux seconds rôles et l'on a une idée assez précise des digues à faire sauter pour qu'elles se sentent aussi compétentes, confiantes et légitimes que les hommes.

L'idée du parallèle avec la Belle au Bois Dormant est formidable, et le rythme de la narration, au gré des phases d'apprentissage notées dans le carnet d'éveil du petit Pierre renforce encore cette quête de sens, ce chemin au cours duquel Bérénice Barbaret Duchamp devra se réconcilier avec elle-même.

"Il y a ce conte qu'on connaît tous. Après son évanouissement, les proches de BBD organisent les conditions de son retrait du monde (...). Son sommeil se révèle ainsi indolore, il ne s'est rien passé, il ne se passe rien. Son sommeil, le tien, le nôtre. Nous qui laissons la vie nous traverser, ne nous y sentant pas aux commandes, abandonnant ces commandes à d'autres, nous, rétifs à l'action, tentés par les marges, nous absentant du moment avec une facilité inouïe. Nous les invisibles."

Je l'ai déjà relu deux fois, il va rejoindre l'étagère de mes essentiels et m'accompagner pendant un bon moment je sens. Sa finesse, sa délicatesse, sa justesse m'ont touchée au coeur et permis à son propos de faire son chemin. Celui qui conduit à l'éveil.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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C'est l'histoire d'une femme qui pourrait être nous...A son retour de congé maternité, une jeune cadre d'entreprise, Bérénice, remarque qu'on la met progressivement à l'écart dans son entreprise. Décontenancée, la jeune femme se décide à entreprendre un stage de développement personnel. Elle se lie d'amitié avec le formateur, également musicien. Cette rencontre lui donnera la volonté de se réapproprier sa vie.
Comment se sentir placardisée après un retour de congé maternité, l'impression de passer à côté de sa vie...

Je n'ai pas aimé le style littéraire de l'auteur qui dit tu pour parler de Bérénice. le style d'écriture ne m'a pas convenu du tout. Lecture difficile à cause du rythme, de l'écriture...
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Il était une fois, une trentenaire, Bénédicte Barbaret Duchamp ou BBD si vous préférez, qui se trouva fort dépourvue quand, à son retour de congé de maternité, elle se rendit compte que sa belle place de cadre dans une agence de communication avait été réduite comme peau de chagrin. Ses attributions avaient été revues à la baisse et certaines tâches retirées. Pour autant, effacée par habitude "tu es issue d'une procession de femmes pour qui s'effacer est devenue une activité." et prompte à se mettre à l'ombre plutôt que d'en faire, elle n'entendit pas réagir… c'est la crise, elle comprend.

Le premier roman d'Anne-Sophie Monglon, "Une fille au bois dormant", écrit à la deuxième personne du singulier, traite en fait de beaucoup de sujets universels dans lesquels chacun peut se retrouver : l'entreprise et ses chausse-trappes, la place de la femme dans le couple et la société, le binôme mère enfant, la recherche de soi. Et si le titre laisse à imaginer un conte, il n'en est rien. Nous sommes bien dans la vraie vie. Et, sans avoir moi-même eu à vivre ce genre de "mise au placard", en bonne fonctionnaire que j'étais, j'ai totalement fait corps avec l'héroïne et vécu ses questionnements au fur et à mesure de ma lecture.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur très maîtrisée, au style à la fois classique et original, où chaque expression semble équilibrée et parfaitement soignée. J'ai aimé aussi l'utilisation du carnet d'éveil de Pierre, le bébé de Bénédicte, en guise de tête de chapitres comme si mère et fils grandissaient ensemble, comme si l'enfant aidait sa mère à grandir. J'ai aimé la sensibilité présente tout au long du récit, cette manière douce et tranquille, sans jamais un mot plus haut que l'autre, de tâtonner pour trouver son chemin. J'ai aimé… tellement difficile de trouver les termes justes pour partager un ressenti si fort, pour dire la tendresse éprouvée pour les personnages, celui de Bénédicte tout en effacement, je l'ai déjà dit, celui de Matthieu son mari amoureux et désireux de l'aider, de l'entourer, Guillaume, ce doux professeur de chant qui la tirera de l'ornière.

A travers cette atmosphère embrumée, Bénédicte avance, lentement, tranquillement au fil des jolis mots d'Anne-Sophie Monglon, "Tu as longuement tourné autour du mot et tu viens de l'identifier." Et neuf mois plus tard comme un second accouchement, le "TU" se transforme en "JE"… La belle se réveille et sort du bois. Elle peut regarder son enfant, Elle est là.

Très, très beau roman… de mon point de vue.
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Un style très classique - voire académique- au service d'une histoire très moderne ! Ne vous fiez pas au titre qui flaire le « cucul la praline », on ne plonge pas dans un monde manichéen et rose bonbon d'un conte de fées. le titre joue en contre-pied. le roman traite du monde de l'entreprise – sans verser dans la caricature –, du couple et de la nécessité de trouver sa voie, de donner du sens à son existence, tout cela sans plonger dans le livre « feel good » ou la « chick-lit ». Car oui, l'histoire se construit dans la nuance et au travers d'un prisme d'une grande sensibilité. Pas de grandes effusions, pas de grands sentiments, pas de recettes toutes faites, l'héroïne tâtonne, ânonne son avenir professionnel et personnel.
Le roman est très bien écrit dans un style personnel indéniable. Une écriture pastel, posée, mesurée qui avance à pas de loup. On sent un très gros travail sur le style, chaque mot a été pesé, poli, pensé. On ne brusque pas le lecteur, on l'entortille. Chaque phrase ne nous amène pas d'un point A à un point B, mais boucle, hypnotise. Cette forme est en adéquation avec l'état d'esprit de Bérénice qui cherche ce qu'elle veut, qui cherche où aller.
La narration à la deuxième personne est originale, remarquable en tant qu'exercice de style et pertinente, car cette forme impose une distance entre le lecteur et Bérénice, ce que Bérénice fait elle-même avec les autres personnages dans le roman. Original et bien vu !
Si on voulait caractériser ce style en le comparant à des écrivains « références », on pourrait dire qu'on est face à une écriture plus proustienne que célinienne. Des phrases longues et mélodieuses, un sens de l'observation et du détail affûté. le texte regorge de trouvailles langagières, sans tape-à-l'oeil, et tout en conservant une grande fluidité.
On attend avec impatience le deuxième roman de cette nouvelle auteure !
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De retour d'un congé maternité, Bérénice Barbaret-Duchamp se voit peu à peu "placardisée" dans l'agence de communication où elle est cadre. Oh ! Rien de tonitruant, rien d'explicite. Mais une mise à l'écart insidieuse qui la force à s'interroger sur la place qu'elle occupe réellement. de place elle n'en occupe guère, justement, car habituée à toujours se situer en retrait, estompée, presque effacée, aussi bien dans son couple, dans son travail que dans toutes les situations de sa vie. Dans une société fondée sur la capacité à se montrer, à apparaître autant qu'à paraître, Bérénice est de celles que l'on oublie, dont on néglige les paroles et les actes, trop discrets. Une formation portant sur la voix joue le rôle de déclencheur et lui fait prendre conscience de cet état de latence, de demi-sommeil dans lequel elle se trouve. Entre l'authenticité et le clinquant superficiel, il s'agit de choisir la valeur qui lui est fondamentale.
La forme choisie par l'auteur pour raconter l'éveil du personnage a, en ce qui me concerne, amoindri l'intérêt que le sujet pouvait générer. le tutoiement par un narrateur dont on suppose qu'il est Bérénice elle-même me semble tenir du procédé davantage que d'un choix signifiant. Très sincèrement, je me suis ennuyée à cette lecture qui n'a pas fait surgir la moindre émotion chez moi. Il m'a semblé que le roman enfonçait des portes ouvertes : oui, notre société (et le secteur de la communication plus spécifiquement peut-être) se trompe de valeurs ; oui, l'individu dans ce qu'il a de remarquable est gommé au profit de l'image ; oui, la pureté des sentiments, des réactions, des personnes, est mise à mal par les mensonges nécessités parla réussite sociale ; oui, enfin, la tentation de faire tomber les masques empoigne souvent ceux qui subissent... L'histoire de Bérénice dit tout cela. What else ?
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Merci Anne-Sophie Monglon pour votre premier roman, "Une fille au bois dormant" m'a tout simplement bouleversée.

Ce premier roman est une ode à la vie et raconte avec une infinie tendresse la transformation de son héroïne Bérénice qui s'éveille tout doucement à sa vie à travers les relations qu'elle tisse avec son environnement et son nouveau-né, Pierre.

Le style est original, subtil et imagé, l'histoire identifiante aux enjeux contemporains.

Ce livre est une merveille tant sur le fond que sur la forme si singulière et simple.
Merci Anne-Sophie Monglon.
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