Finalement, Madame Thomas m’a prise chez elle, même si elle était pauvre et que son mari buvait. Elle m’a nourrie au biberon. Vous pensez qu’être nourris au biberon rend les enfants meilleurs ? Parce que chaque fois que j’étais méchante, Madame Thomas me demandait sur un ton de reproche comment je pouvais me comporter comme ça alors qu’elle m’avait donné le biberon.
(Chapitre 5)
(…) vous savez comme il est difficile de trouver quelqu’un pour aider aux champs. Il n’y a plus que ces stupides petits Français, des demi-portions. Et dès que vous en tenez un à qui vous avez su apprendre quelque chose, il vous quitte soit pour travailler dans les conserveries de homards soit pour les Etats Unis. Au début, Matthew a suggéré d’accueillir un garçon des établissements du docteur Barnardo, mais j’ai tout de suite dit non : « ils sont peut-être très bien, je ne dis pas le contraire, mais je ne veux pas de ces enfants des rues qui trainent à Londres chez moi. Ramène-moi quelqu’un qui soit au moins né ici *. »
(*) Canada
(Chapitre 1)
« Oh ! Marilla, s’exclama-t-elle un samedi matin, en rentrant d’une démarche dansante, les bras chargés de magnifiques branches. Je suis si heureuse de vivre dans un monde où il y a des mois d’octobre. Ce serait horrible si on passait d’un coup de septembre à novembre, non ?
" Les érables, disait Anne, sont des arbres si sociables, ils passent leur temps à bruisser et à nous murmurer des choses..."
Matthew restait silencieux, et Marilla eut l’impression d’avoir gaspillé son souffle et ses mots. Il n’y a rien de plus exaspérant qu’un homme qui ne répond pas … Ah si ! Une femme qui ne répond pas.
(Chapitre 4)
Quelqu’un de très observateur aurait aussi noté le menton pointu et volontaire, les grands yeux vifs et pleins d’entrain, la bouche douce et expressive, le front haut et dégagé ; bref, cet observateur perspicace aurait compris que le corps de cette damoiselle égarée qui effrayait tant le timide Matthew Cuthbert ne pouvait être habité par une âme ordinaire.
- Oh, Marilla, espérer quelque chose, c'est déjà ressentir la moitié du plaisir que cette chose vous procurera, s'exclama Anne. Il se peut qu'elle ne se produise pas, mais il vous restera toujours le plaisir de l'avoir espéré.
« […] C’est le problème quand on vieillit, je commence à m’en rendre compte ; les choses que l’on désire tant quand on est enfant ne nous paraissent plus aussi merveilleuses quand on les obtient. »
Qu’est-ce que vous préféreriez si vous aviez le choix : être divinement beau, avoir un esprit éblouissant, ou une bonté angélique ?
La cour était plongée dans l’obscurité lorsqu'ils y pénétrèrent, et les feuilles des peupliers bruissaient soyeusement autour d'eux.
" Écoutez les arbres qui parlent dans leur sommeil, murmura la fillette tandis qu'il la soulevait de son siège pour la poser à terre. Quels beaux rêves ils doivent faire !"