Un petit livre vert présenté comme une biographie de Nietzsche.
C'est un peu cela, mais c'est bien davantage un éclairage de l'oeuvre, avec un focus sur la falsification de celle-ci, entreprise par sa méchante soeur Élisabeth mais pas que. En effet, en dehors de la clique nazi qui dû retourner à 180 degré les positions du penseur, même et surtout ses adorateurs sincères ont fait un contresens fondamental sur la pensée de Nietzsche. C'est un dynamiteur de mythes, un destructeur des idées reçues, le ''Shiva'' des religions et de la morale. En aucun cas, quelqu'un qui voulait créer une autre illusion pour se substituer aux anciennes. À chacun de se créer sa vérité, sa réalité, c'est-à-dire son système d'illusions qui va nous rendre la vie plus agréable. L'art, le geste créatif de l'illusion et de l'apparence ne nous mène pas à la vérité mais à accepter la vie pour la vivre pleinement.
La philosophie de Nietzsche est une méthode pour décoder notre vie et nous donner le goût de la recherche d'une vérité - jamais atteinte par définition -, et pas du tout une recette à suivre.
C'est une boussole, pas un plan qu'il nous propose.
Il avait la prémonition que son oeuvre serait largement incomprise et mal interprétée.
Très éclairant sur sa connaissance, ou bien plutôt sa méconnaissance des idées socialistes de son temps, bien qu'il ait peut-être emprunté le thème de l'éternel retour chez Auguste Blanqui
L'auteur de cette biographie est lui-même assez fascinant.
Commenter  J’apprécie         40
Dans une note de la même période écrite pour lui-même, Nietzsche exprime plus clairement encore son penchant anti-métaphysique : « Si Dieu s'est fait homme, cela signifie seulement que l'homme ne doit pas chercher sa félicité dans l'infini, mais plutôt fonder son ciel sur la terre. L'illusion d'un monde supra-terrestre a induit les hommes à une fausse attitude envers le monde terrestre : ce fut le résultat de l'enfance des peuples [...]. Sous l'effet de graves doutes et luttes, l'humanité devient virile : elle reconnaît en elle-même “le commencement, le milieu et la fin de la religion” » (page 30)