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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce court roman, au style élégant, est plein de faux-semblants.
Un narrateur, Silvio, y raconte à la première personne un épisode de sa vie conjugale : sa tentative d'écrire un roman, intitulé "L'amour conjugal". Avec une jubilation sadique, Alberto Moravia va critiquer ce roman avorté en lui adressant les critiques mêmes que son oeuvre pourrait parfois recevoir.
Roman sur la création littéraire, "L'amour conjugal" est avant tout un roman sur l'amour, le couple, la trahison, la vérité.

Silvio est confit dans ses convictions. Sa philosophie de l'amour est celle d'une bourgeoisie que Moravia, sa vie durant, n'aura cessé de railler et de combattre. Silvio s'imagine que l'amour est acquis pour toujours, protégé de l'atteinte du temps par la sacralité de l'union conjugale. Comme dans l'amour courtois, cet amour là est séparé de la sexualité : Silvio décide, d'un commun accord avec Léda, de rester chaste le temps que durera la rédaction de son livre. Il découvrira à ses dépens que la sexualité ne se laisse pas si facilement réprimer : sa femme, si belle, si distinguée, est irrépressiblement attirée par Antonio, le barbier, un coureur de jupons, veule et laid.

Alberto Moravia est né en 1907. Il épousa Elsa Morante (née en 1912), la quitta en 1962 - mais n'en divorça jamais - pour vivre avec Dacia Maraini (née en 1937) puis avec Carmen Llera (née en 1953).
Dans ses romans, les hommes sont des benêts et les femmes des idiotes lascives dominées par leurs instincts.
Pas sûr qu'un tel personnage s'attire les louanges des associations féministes.
Il n'en reste pas moins un diablement bon écrivain !
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Le narrateur se trouve au comble du bonheur, il a épousé la femme qu'il aime et vit avec elle une existence harmonieuse et paisible. C'est compter sans la jalousie qui va s'insinuer dans le couple et transformer ces moments de tranquillité en un enfer de plus en plus intolérable pour le mari... Évidemment à force de craindre l'infidélité, on la mérite, et cette découverte, superbement décrite dans une scène quasi surréaliste, plonge le narrateur dans un désespoir amer. le bonheur peut-il exister sur cette terre ? Ne le détruisons-nous pas nous même à force d'en douter ? Moravia ou l'impossible paix de l'âme.
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La lecture de ce court roman n'est pas fluide et cela ne vient pas de l'écriture qui, elle, est fluide. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce court roman dont le personnage central-narrateur, Silvio Bardeschi, se présente sous un jour peu flatteur : un bourgeois cartésien assez infatué de sa personne, amoureux certes, mais qui nous dépeint son épouse Leda comme il le ferait d'une nature morte. Il l'aime mais est plein de condescendance quand il en parle, en particulier de ses compétences intellectuelles. Leda découvre qu'il a quelques ambitions d'écrivain et l'encourage, y compris quand il se met à penser qu'un peu d'abstinence l'aiderait à écrire. le récit commence à prendre tout son sel car il s'agit d'une mise en abyme puisqu'il veut écrire une nouvelle intitulée L'amour conjugal sur le couple qu'il forme avec Leda. Silvio reste tout aussi peu sympathique, égoïste, ne voulant pas sacrifier son petit confort personnel en renvoyant son barbier. Ce passage central du livre est assez lourd, Silvio s'étale complaisamment sur ses atermoiements et ses rationalisations. Ce que le lecteur n'apprécie qu'une fois le livre refermé et la fin de l'histoire connue. Dans le dernier tiers du livre Leda, non sans l'avoir subtilement averti, cède au barbier. L'ego de Silvio, déjà mis à mal du côté littéraire, en prend un coup. Il y a un petit quelque chose du vaudeville dans cette histoire, mais qui porte autant sur la création littéraire que sur la vie de couple. Il y a du cynisme sur le couple dans ce court récit, mais aussi un brin d'optimisme sur l'avenir du couple une fois les masques tombés si chacun accepte l'autre tel qu'il est. La fin du roman, plutôt brillante, rattrape les débuts qui étaient moins agréables à lire.
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Avec L'amour conjugal, Alberto Moravia nous offre une réflexion sur la création littéraire et la relation amoureuse, les deux thèmes étant traités en parallèle.

Silvio, le narrateur s'est isolé dans une villa de Toscane, avec sa femme Leda.
Silvio, critique littéraire, s'est donné pour ambition d'écrire une oeuvre.
Malgré le cadre idyllique de la villa toscane, il ne trouve pas l'inspiration.
Partageant tout avec sa femme, ils se mettent d'accord pour cesser leurs ébats amoureux le temps de la création artistique.
Une période de chasteté nécessaire et qui a été profitable aux plus grands auteurs, selon Silvio. Leda accepte cette condition sans sourciller.
Si le couple semble heureux en apparence, cette abstinence va faire naître les soupçons de jalousie chez le narrateur.
Et Leda, même si elle semble feindre le contraire, ne peut réprimer son désir.
Elle va se livrer à un homme à la fois rustre et laid pour assouvir son appétence sexuelle.
Parallèlement, Silvio parvient à créer un roman et son projet aboutit, pour son plus grand plaisir.

Mais, sur le point de partager son plaisir avec sa femme, le temps de la désillusion le frappe de plein fouet.
En effet, il va découvrir l'infidélité de sa femme, aussi improbable cela lui peut-il lui paraître.
Et surtout, il s'attache à relire lui-même son oeuvre pour la passer au filtre de la critique, comme il le fait au quotidien. Et le résultat n'est guère satisfaisant.

Que sait-on vraiment de la personne avec qui l'on partage sa vie ? La réponse est donnée à Silvio par Leda elle-même, lors de l'épilogue.
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La Feuille Volante n° 1244
L'AMOUR CONJUGAL- Alberto Moravia – Folio.
Traduit de l'italien par Claude Poncet.

Le titre est déjà tout un programme et, dans le domaine de la littérature notamment, a fait couler beaucoup d'encre. On le verra vers la fin, ce roman, qui parle d'un autre roman qui porte le même titre et parle du même sujet, est une sorte de mise en abyme. Silvio est un être un peu oisif, vaguement critique littéraire, qui voudrait devenir écrivain, mais qui est surtout amoureux fou de sa femme Léda. Il voudrait bien écrire un roman mais il a toujours douté de lui et pour l'heure, il pense que l'amour qu'il porte à son épouse l'en empêche, imagine que l'abstinence pourrait favoriser sa créativité mais refuse cette posture. Comme c'est souvent le cas dans le mariage, on épouse quelqu'un qu'on ne connaît pas vraiment et ce ne sont que les années de vie commune qui permettront cette prise de conscience de la réalité, ce qui ne va pas, évidemment, sans désillusions. Silvio n'échappe pas à la règle. Il la supposait indifférente à ses velléités artistiques, mais c'est elle qui maintenant le pousse à écrire et lui, avec quelques réticences, accepte à la demande de Léda de mettre son désir entre parenthèses, de faire chambre à part le temps d'accoucher de son roman. L'idée est plutôt bonne puisque il se met à écrire sans désemparer. Il est maintenant un autre homme et enfin un véritable écrivain grâce aux encouragements de son épouse. Elle devient sa muse et sans doute mieux, puisque c'est elle qui le pousse à être enfin lui-même. du coup, il la voit avec d'autres yeux sans pour autant cesser de l'aimer, bien au contraire et il semble vouloir prolonger artificiellement cet état second dans lequel il crée pour mieux posséder charnellement sa femme à nouveau, son roman achevé. Ce couple n'avait pas d'enfant et j'ai eu le sentiment que leur amour commun se matérialiserait vraiment, non dans la naissance d'un bébé comme c'est le cas pour la plupart des gens, mais dans l'écriture de ce livre, inversant au passage le rôle de chacun. Ça c'est pour les apparences.
En bon écrivain qu'il est, Moravia-Silvio analyse ce travail d'écriture, son cheminement parfois lent, parfois fulgurant et ce qui en résulte, une fois l'oeuvre terminée, une sensation d'apaisement, mais aussi, plus subtilement, le doute qui s'insinue en lui avec l'inutilité, la folie, une absurdité révélatrice de lui-même, une sorte de lucidité que le critique littéraire qu'il redevient pour sa propre oeuvre lui souffle. Il y a , en effet, dans le fait d'écrire une sensation parfois avérée d'une impossibilité de s'exprimer pleinement et de n'enfanter que des fadaises. Face à son roman terminé, Silvio le juge mauvais, se montrant pour lui-même sans complaisance, même si Léda lui exprime son soutien amoureux. L'auteur parle avec fougue de cet amour de Silvio pour Léda en en soulignant aussi la fragilité et tout ce qui le menace. Avant de l'épouser il l'avait crue réservée, mais lui révélant un moment de son passé où il n'était pas, elle se montra à lui sous un tout autre jour, une amante sensuelle et fougueuse, l'avertit à demi-mots de la vulnérabilité de leur relation qu'elle choisit cependant de trahir, mais lui, aveuglé par cet amour ne veut rien voir. L'être humain est complexe et quand, dans sa légitime quête du bonheur, il choisit de s'unir à quelqu'un d'autre, les choses se compliquent, les duplicités se révèlent, les fantasmes se réveillent, le mensonge et l'hypocrisie s'installent et ce qu'on croyait définitif est bouleversé. de cela on ne sort jamais indemne, quelque soit l'attitude qu'on choisit d'adopter face à ces révélations et ce d'autant plus qu'à l'absence de scrupules de Léda, son appétit de l'instant, répond la naïveté de Silvio. Cette découverte, c'est autant la certitude de s'être trompé que celle de n'avoir rien vu venir parce que sa passion pour cette femme a été la plus forte et qu'il choisisse de ne rien lui révéler de ce qu'il sait désormais pour tenter d'oublier ce moment d'égarement, m'étonne. Pour autant Silvio prend conscience de la réalité et le sentiment de médiocrité, d'inutilité qu'il avait ressenti face à son roman terminé se trouve ici renforcé. Même s'il refuse cette évidence, cela est désastreux pour lui, remet les choses à leur vraie place et même s'il choisit unilatéralement de passer outre, cela augure mal de leur avenir à tous les deux. Même s'ils restent ensemble, planera toujours sur leur couple cette désillusion amoureuse de Silvio qui verra dorénavant Léda avec d'autres yeux même si l'écriture pourra être pour lui un exutoire, avoir une fonction cathartique .
J'ai retrouvé avec ce roman cet écrivain, croisé il y a bien longtemps déjà et toujours apprécié. J'ai aimé son style fluide, poétique dans les descriptions et agréable à lire, cette façon de distiller un certain suspens dans le récit, mais aussi sa manière de disséquer les sentiments humains qui, dans le domaine choisi ici, illustre parfaitement un des travers les plus marquants de l'espèce humaine et le regard lucide qu'on peut y porter, même si j'avais imaginé un autre épilogue et que je ne partage pas exactement l'attitude de Silvio.
© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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