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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Etre normal. L'obsession existentielle de Marcel, le personnage principal de ce roman. Mais "être normal" par rapport à qui? Qui est vraiment "normal"? Marcel pense trouver sa réponse dans le fascisme et son homme nouveau. Il ne cesse de rechercher sa normalité en cultivant son conformisme, espérant apaiser ses blessures d'enfance, mais la réalité le rattrape toujours: déviance des hommes de l'état fasciste, secret de sa femme, fragilité de l'amour qu'il lui porte, même ses propres sentiments le trahisse...
Moravia nous plonge dans la psychologie d'un homme blessé et dépourvu de repère, poursuivant un idéal chimérique qui l'amènera à sa perte: parabole de la société italienne à l'époque fasciste.
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Il y a finalement 2 livres dans « le Conformiste ». Celui réussi d'un Moravia qui sait conduire avec maestria la progression d'un récit , avec cet art de mettre en valeur sa progression dramatique par la rigueur implacable de construction de chaque séquence, de blocs de tension et un équilibre judicieux de parties dialoguées d'une grande fluidité . Et puis il y a celui d'un écrivain qui dans le même temps, semble refuser sa confiance à l'ensemble de ces éléments et à la construction et l'évolution de ces personnages dans leur capacité d'évocation et de démonstration , en ne cessant de faire le commentaire de son oeuvre pour mieux surligner les traits de son personnage principal au cas ou le lecteur jugé myope serait incapable de percevoir la démonstration.
Et pourtant à la question qu'est ce qu'un fasciste ? ou plutôt comment devient-on un fasciste, rien dans le parcours et dans l'itinéraire du personnage principal ne nous sera épargné dans la catégorie des explications causales : désert affectif durant l'enfance, violence sur animaux, fascination pour les armes , épisode traumatique, et de l'ordre plutôt de l'ordre du symptôme : le besoin d'adhérer à un univers normatif.
Par trop mécanique ce catalogue de déterminismes ne dit rien des raisons historiques et sociologiques qui poussent un jeune universitaire italien à adhérer à la propagande fasciste. C'est cette toile de fond , un regard impressionniste sur l'Italie des années20/30 qui fait défaut ici et qui aurait rendu le propos à la portée édifiante, moins didactique La notion même de conformisme n'est pas réellement interrogé.
Moravia dans la dernière partie de son livre semble prendre la mesure de cette ornière et choisit comme pour brouiller les pistes de l'achever sous forme de thriller au prix d'un captivant suspens et d'un improbable et artificiel coup de force scénaristique.
Un beau livre malade en quelque sorte.
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Alberto MORAVIA – 1951

Marcello, enfant de 13 ans, s'abandonne à des pulsions de plus en plus troubles et une montée de violence apparait dans son comportement. Il s'en rend compte et cherche une éventuelle sanction de la part de ses parents, afin de lui confirmer que son comportement est anormal. Mais ceux-ci sont indifférents quant à l'éducation de leur fils.
Nous retrouvons Marcello 17 ans plus tard, en 1937, n'ayant pour but que d'être Monsieur-tout-le-monde, soit en cette période, un italien moyen fasciste. Ses actes alors sont uniquement guidés par ce qu'il juge conforme à la société.
Après un prologue sur les chapeaux de roue, qui m'a tenue en haleine, j'ai complètement décroché par la suite et je me suis surprise à penser à bien d'autres choses pendant ma lecture, ce qui n'est pas bon signe.
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Roman se déroulant en Italie, au temps de Mussolini, dont l'intrigue se développe dans une ambiance psychologique et sur fond d'action terroriste d'État : le protagoniste est subjugué par l'obsession de la conformité et de la soumission à l'ordre régnant. Se voulant didactique dans sa condamnation du conformisme et du fascisme, le roman s'alourdit quelque peu de ce choix.
Marcello - Marcel dans la traduction, mais l'original me semble plus adapté - est un adolescent qui semble bien seul dans sa demeure romaine avec jardin, seul avec ses questions “sur qui il est“, seul avec les réponses qu'il se donne : il décapite des fleurs, tue des lézards, mais agit au nom d'une « normalité » qu'il aimerait vérifier auprès de sa conscience, de son compagnon de jeux, Roberto - qu'il finit par effrayer -, de sa mère qui semble indifférente.
Marcello assimile la norme et le bien dans un même concept, et part dans la vie avec ce mince bagage, néanmoins libérateur.
Un jour, collégien, il se fait aborder par Lino un homosexuel qui recherche ses faveurs, à qui il demande de lui offrir un revolver, qu'il retourne contre son agresseur, le tuant par maladresse. Dès lors, il lui faut vivre avec ce meurtre qu'il croit avoir commis, la conscience alourdie, le secret se cherchant un exutoire, désirant tout de même mener une vie « normale ».
Ainsi, dix-sept ans après les faits, en 1937, il est fonctionnaire dans un ministère, fiancé à une jeune fille pour qui il n'éprouve aucun sentiment passionnel, et proposé pour une mission consistant à liquider un résistant à Paris. Marcello a choisi de devenir un « fasciste » banal, et il apparaît ainsi creux, incolore, insipide, inféodé à sa belle comme à son supérieur hiérarchique. Il semble dénué de toute empathie. Sa mission ne soulève aucune objection, mais pas non plus de distance critique vis-à-vis de cet homme cultivé, professeur de philosophie, résistant antifasciste, riche personnalité dont il doit accompagner le meurtre : néanmoins, Quadri - c'est son nom - est difforme, bossu, laid, un « impur » que le fasciste moyen se doit de faire disparaître.
Marcello et sa fiancée nouent une relation personnelle avec ce résistant, à Paris. Quadri semble bien informé, mais il sera tout de même assassiné, la mission est donc accomplie.
Marcello sera l'objet d'un épilogue qui me semble traîner dans la confusion : idylle sans espoir entre lui et la compagne de Quadri, Lina, qui le confondra et le rejettera, réapparition de Lino que Marcello croyait avoir tué et qui n'était pas mort, sentiment que le meurtre de Quadri et l'amour de Lina permettraient d'échapper à la malédiction du premier crime, celui de Lino.
Une faute originelle plane avec ce crime, le protagoniste croit la combattre, mais agit dans l'illusion la plus complète, car la punition - divine ? - qu'il attendait va finir par s'abattre sur lui.
La culpabilité, élément majeur de la psychologie de Marcello, au centre de son inaction et de son mal-être, a fait son oeuvre. Coupable, Marcello l'est-il de ne pas se sentir comme les autres au point de se fondre en eux dans le fascisme, ou d'imaginer que cette adhésion à la foule l'exonère de la nécessité d'exister par lui-même, lui intimant de se délivrer de l'angoisse que génère la liberté.
Oeuvre désenchantée, pessimiste, distillant ennui et grisaille, « Le conformiste » a du mal à trouver sa place entre essai romancé et roman à thèse. Il reste possible de lire ce roman tel qu'il est proposé, cheminement d'un homme moyen, épris de conformité, vers le terrorisme, un terrorisme également moyen, pour ne pas dire mou, sans charpente.
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