Ulysse est en fait un homme qui appréhende de revenir auprès de sa femme, nous verrons plus tard pourquoi, et parce qu’il éprouve cette crainte, il cherche dans son subconscient à se créer des obstacles pour ne pas revenir… son fameux esprit d’aventure n’est en vérité qu’un désir inconscient de ralentir son voyage, en se dispersant en aventures qui, en effet, l’interrompent et le détournent de sa route.
Je te méprise ! Voilà le sentiment que j’ai pour toi et la raison pour laquelle je ne t’aime plus… je te méprise et tu me dégoûtes quand tu me touches… Tu as voulu la vérité : eh bien, je te méprise et tu me dégoutes…
Plus on est heureux et moins on prête attention à son bonheur.
Tu as voulu la vérité : eh bien ! je te méprise et tu me dégoûtes.
D’obscurément accusé , j’allais passer accusateur ; après m’être vu méprisé sans motif, je pouvais maintenant mépriser avec raison.
En aimant ma femme et en étant aimé d'elle je croyais faire comme tout le monde ; cet amour me semblait un fait commun, normal, sans rien de précieux, comme l'air que l'on respire et qui n'est immense et ne devient inestimable que lorsqu'il vient à vous manquer.
Les sentiments intenses ont ceci de bon qu’ils nous font passer à l’action en toute spontanéité, sans le concours de notre volonté, presque inconsciemment.
« L’idée ne m’effleura pas que si elle n’éprouvait pas le besoin de se cacher, c’est que j’étais son mari et non un étranger. J’étais si convaincu de ne pas exister pour elle, du moins au point de vue amoureux, que j’interprétai naturellement son geste ambigu comme une preuve de mon néant. » (p. 247)
Je tressaillis violemment et me réveillai de ce qui était évidemment un assoupissement provoqué par le silence et la chaleur du soleil. A quelques pas de moi, Emilia était toujours étendue sur les galets, le visage entièrement caché par son chapeau de paille. Je compris que j’avais rêvé ce baiser, ou plutôt que je l’avais vécu dans cet état de nostalgie délirante qui paraissait continuellement substituer une attrayante chimère à la désespérante réalité.
Oui, je me tuerais pour atteindre dans la mort cette pureté qui m'avait manqué dans la vie.