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3,92

sur 574 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le mépris est un roman maîtrisé d'une grande intelligence.

Ricardo, le narrateur, prend soudainement conscience que sa femme ne l'aime plus, qu'elle le méprise. Il va s'épuiser à rationaliser cet éloignement, étouffant ainsi son épouse (et le lecteur) par un questionnement continu. Noyé dans son analyse, il ne perçoit pas ses fautes : ses renoncements, son indécision, sa lâcheté. Il n'a ni le courage de se résigner, ni celui de casser le cours des évènements. Il reste cet intellectuel pathétique qui a vendu son talent et (symboliquement) sa femme pour des besoins bourgeois.

Les psychologies de l'homme, de la femme et du couple sont finement détaillées et parleront à celles et ceux qui ont vécu ce type d'épreuve. le héros est obnubilé par certaines réflexions qui peuvent alourdir le récit. L'analyse de Moravia est d'une subtilité remarquable.
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Nous sommes quelque part en Italie; Molteni et Emilie forment un jeune couple, ils sont mariés depuis deux à peine, ils ont un avenir prometteur. Jusqu'au jour où le malheur arrive. Elle n'aime plus son mari, elle le méprise. Elle n'en sait pas vraiment la raison, elle ne se donnera plus à lui. le château de carte s'écroule. Très bonnes descriptions des personnages et des caractères.
Jean-Luc Godard en a fait un film en 1963.
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J'avais lu le livre de Moravia dans les années 60 et vu le film de Jean Luc Godard avec B.B, Michel Piccoli, Jack Palance et même Fritz Lang !
Je préparais une critique à son sujet quand j'ai découvert hier au soir sur France 5 la rediffusion de ce film qui a fait beaucoup parlé de lui !..Il faut dire que tous les "ingrédients " pour faire un succès étaient réunis : une île paradisiaque, la maison Malaparte, le soleil, le ciel bleu et la sublime musique de Delerue ! avec Godard, la nouvelle vague du ciné arrivait...et avec lui " Dieu ( re ) créa la femme " ! ! !
Mais pour en revenir au livre : Riccardo est un écrivain en mal d"inspiration qui, pour payer les traites d'un appartement qu'il partage avec sa femme Emilia va être obligé de participer en qualité de scénariste à un film " L'Odyssée ".
Riccardo est en crise car il ne supporte pas l'idée de son aliénation à la société de consommation, pas non plus celle de dépendre d'un Battista qui pour lui est un " primaire" inculte et argenté !
Il finit par accepter d'aller à Capri pour le tournage, mais comprend peu à peu qu'Emilia ne l'aime plus, il cherche en vain les motifs de ce désamour après 2 ans de vie commune et simple avec elle. Et, finalement après de nombreux questionnements , Emilia va lui avouer qu'elle le méprise !
Le séjour à Capri n'arrange rien d'autant quelle va se laisser séduire par le metteur en scène Battista !
Une comparaison s'établit entre l'attitude d'Ulysse et celle de Riccardo et, entre celle de Pénélope et d' Emilia..
Ulysse représente la civilisation, l'adaptation à la vie et Pénélope reste une " barbare" , une intuitive qui n'a pas la même culture, les mêmes valeurs que son époux....cet antagonisme semble être celui qui sépare Riccardo et Emilia mais en fait Moravia se sert de son héros pour nous révéler sa nostalgie, son désespoir d'avoir perdu sa jeunesse, son inspiration à une époque ou le cinéma devenait un art majeur, une époque ou l'aliénation aux biens de consommation faisaient loi et "ringardisait " les intellectuels, les obligeait à céder aux besoins d'une ère nouvelle !
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Le mépris, c'est la fin d'une histoire d'amour, et c'est l'histoire de la transformation de ce sentiment merveilleux en le rejet de l'autre qu'autrefois on adorait. Ricardo partage sa vie avec Emilia tandis qu'il se passionne pour le théâtre. Il vit en écrivant des scenarii de films sans envergure, ce qui lui permet d'acheter un appartement pour son couple. Toutefois, les premiers instants dans ce nouvel appartement augurent de la fin inéluctable qui s'annonce.
Le mépris, c'est le sentiment que commence d'éprouver Emilia à l'égard de Ricardo tandis qu'un tiers, Battista, producteur de film avec lequel travaille Ricardo, s'immisce dans cette relation qui devient orageuse. le roman pose la question de la possession - symbolique, passionnelle - de l'autre et de l'essence de l'amour, thème, on en convient aisément, sinueux et passionnant à souhait.
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visiblement, j'ai été moins enthousiaste que nombre d'internaute babéliotes.

Certes, la langue est très belle, et on a envie de se promener à Capri avec Moravia. Malheureusement, cette analyse à l'extrême d'une relation amoureuse, mise en parallèle de celle d'Ulysse et Pénélope (Homère), tourne en rond et que ces années 50 semblent loin à la lecture d'aujourd'hui!

Voilà donc un avis mitigé pour moi.
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"Un mauvais rêve dans lequel je m'appelais Richard et ma femme Emilie et je l'aimais et elle ne m'aimait pas, mais, de surcroît, me méprisait" (chapitre X).
Rome, 1950.
Après deux ans de mariage, Emilie n'aime plus Richard ; pire, elle lui affirme qu'elle le méprise, sans lui fournir d'explication. Or, pour rembourser l'appartement qu'ils viennent d'acheter, Richard a changé de travail et a accepté celui, plus rémunérateur, consistant à écrire le scénario d'un film sur l'Odyssée, dont la réalisation est confiée à Battista. L'attitude d'Emilie affecte fortement Richard : Emilie se refuse en effet à lui et son travail prend désormais "le caractère absurde d'une simple servitude" (chapitre V), même si cette mission s'exerce dans la villa de Battista, située à Capri. Richard ressasse son ressentiment jusqu'à avoir des hallucinations. Il tourne en rond, et j'ai trouvé que le roman en faisait autant.
Le mépris est l'histoire, sombre, du délitement d'un jeune couple, qui se sépare, sur un malentendu, sans parvenir à se réconcilier. A lire en écoutant la belle musique composée par Georges Delerue pour le film du même nom, réalisé par Jean-Luc Godard, avec Brigitte Bardot dans le rôle-phare.
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Quel est ce couple qui vivrait du même amour et des mêmes sentiments tout au long de sa vie, sans ruptures, sans crises, sans remises en questions, sans interrogations, sans erreurs, sans provocations, ...L'idée même d'un amour immuable est insensée. C'est une matière vivante, sauvage, volatile qu'il faut dompter pour le conserver.
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Ce court roman d'Alberto Moravia (Il Disprezzo, titre original) est bien sûr connu, aussi, pour l'adaptation cinématographique réalisée par Jean-Luc Godard, sortie en 1963 avec dans les rôles principaux : Brigitte Bardot et Michel Piccoli. Toutefois, Godard transpose le couple italien de Moravia en un couple français, et mène une réflexion sur le film Voyage en Italie de Rossellini. le thème principal, du roman comme du film, est le couple, et comment celui-ci peut voler en éclat.

Le narrateur de Moravia, Molteni, couche par écrit la décomposition de son couple, opère une analyse des évènements qui ont, petit à petit, conduit le couple à se séparer. Roman d'introspection donc avant tout, de réflexion, d'analyse. Les faits sont racontés du point de vue de l'homme. Sa femme, Emilia, est présentée comme une belle femme, très attachée à son mari, dépendante même de la présence de l'homme, soucieuse de son intérieur. le roman fut écrit en 1954, et la perception du rôle de la femme en est symptomatique. Emilia est la Femme italienne des années 50, du moins est-ce la perception qu'en donne Molteni. Elle reprochera d'ailleurs à son mari de ne pas se comporter en Homme. S'opposent donc deux perceptions de l'homme et de la femme. Quel est le rôle de l'homme, quel est la place de la femme dans le couple ? Chaque chapitre révèle la progressive rupture du couple et les tentatives de Molteni pour comprendre le changement de comportement de sa femme.
En parallèle, et dans une mise en abyme assez bien orchestrée, Molteni se voit charger d'écrire le scénario d'un film, adaptation de l'Ulysse de Homère. Un deuxième couple vient donc s'immiscer dans le roman, celui de Pénélope et d'Ulysse. Pourquoi Ulysse tarde-t-il tant à rentrer auprès de Pénélope ? ou comment l'analyse de ce couple mythologique finit par donner la solution aux problèmes de couple de Molteni.
L'adaptation moderne de Godard donne une vision partielle du roman de Moravia. Ce dernier est particulièrement intéressant pour son aspect psychologique, pour son analyse du couple, et comment, par certains malentendus, attitudes non réfléchies, l'amour peut être remplacé par le mépris. Emilia est une figure féminine marquante, même si elle incarne une féminité un peu démodée. Femme soumise, entièrement abandonnée à l'homme, incapable de vivre une journée loin de son mari, Emilia va petit à petit se libérer. Molteni, sûr de l'amour de sa femme, ne se rend pas compte qu'il fait jouer à sa femme un rôle dégradant, contre lequel elle va se révolter.

Cette lecture fut pour moi à la fois agréable et par moment un peu lassante. Les réflexions de Molteni tournent parfois en rond, la perception de la femme ne pouvant exister que dans l'amour et le regard admiratif de l'homme m'a paru quelque peu démodée, il faut donc bien prendre en considération l'époque de l'écriture. Godard en prenant BB pour incarner Emilia (rebaptisée Camille Javal dans le film) modernise incontestablement le roman, l'aspect sulfureux et séducteur de l'actrice ne sont pas évoqués dans le roman, bien au contraire, Emilia ne cesse de baisser les yeux, de se taire, et Godard a effacé (du moins dans mon souvenir du film) l'aspect bonne ménagère d'Emilia.

Ce fut toutefois une lecture intéressante, et pour moi l'occasion de me replonger dans la littérature italienne.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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Le Mépris, c'est la lente déchéance d'un amour. Morceau par morceau, Moravia raconte la banale histoire du désamour.

C'est fin, c'est ciselé. le propos est très bien servi par la figure de l'intellectuel incarné en Riccardo. Il fallait en effet un personnage réflexif pour transcrire les émotions vagues. Riccardo se contemple penser et décortique lui-même les moindres variations de ses sentiments et de ses impressions, accompagnant le lecteur dans la découverte de la fin de l'amour.
Emilia, de son côté, l'épouse, l'ex-amante, est monstrueuse d'étrangeté. Moravia sait si bien décrire cette sensation de devenir étranger à l'autre et Emilia incarne cette irréconciabilité des âmes. Froide et distante, le mépris transparaît et se lit, se comprend enfin.

J'ai été très séduite par le thème, l'écriture et les deux protagonistes. Il s'en serait fallu de peu pour que le Mépris obtienne un beau 5/5. Mais Rheingold et l'Odyssée freudienne. Aïe.

Le roman s'accoude à l'Odyssée d'Homère et au couple Ulysse/Pénélope. Rheingold, le réalisateur, fournit une lecture psychanalytique de l'Odyssée. La relecture du mythe grec n'est pas inintéressante du tout mais le parallèle entre les couple Ulysse/Pénélope et Riccardo/Emilia est terriblement amené. Tandis que le roman est élégant et subtil, la grosse ficelle d'un Rheingold, mentorisé, qui ouvre les yeux de Riccardo sur l'abominable vérité, j'y crois moyen. La résistance dudit Riccardo à faire le parallèle évident, j'y crois pas du tout.

Bref, on était pas loin d'un roman parfait. Mais je suis un peu déçue de ce passage et du manque d'élégance, alors que l'ensemble du roman n'en est pas dépourvu.
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L'histoire, assez plate, de cet homme qui ne comprend pas pourquoi sa femme s'éloigne, est magnifiée par le parallèle avec celle d'Ulysse, et les références permanentes à l'Odyssée. La monotonie du récit semble offrir à Godard une occasion de faire un de ses films mornes et passifs, et à Bardot de débiter de son ton monocorde et inexpressif un texte mal compris. Mais le roman est bon, l'analyse psychologique subtile. A ne pas classer parmi les "grands", mais on peut le lire.
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