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Ice Cream Man tome 7 sur 7
EAN : 9781534319301
136 pages
Image Comics (01/03/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
ICE CREAM MAN― the critically acclaimed, best-selling anthological comic book series―continues here with four more unfortunate, enervating episodes of descent: a plane falls from the sky; a man climbs to the bottom of his family tree; Oscar’s blood pressure dips below 90/60! It’s a compendium of come-downs carefully calibrated for curious and crestfallen content-consumers...so come join us below.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Acceptation & Exploration
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Ce tome fait suite à Ice Cream Man, tome 6 : Just Desserts (épisodes 21 à 24) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il regroupe les épisodes 25 à 28, initialement parus en 2021, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Chris O'Halloran. Il comprend également les 4 couvertures originales de Morazzo, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Zoe Thorogood, Yuko Shimizu, Martin Simmonds Morazzo, Alex Eckman-Lawn (*2), Audrey Benjaminson. Chaque épisode constitue une histoire complète. Il y a une histoire courte de six pages supplémentaire à la fin de l'épisode 25.

À bord d'un gros avion de ligne, les deux pilotes papotent tranquillement, évoquant le décès de Jerry Donaldson, un de leurs collègues. Joe, le pilote, demande à Ned le copilote comment arrêter cette alarme qui n'arrête pas de sonner : un écran rouge, avec une tête de mort, et le message Défaillance catastrophique. Ned répond qu'il aurait dû faire plus attention pendant la formation car il n'en a aucune idée. Joe estime que ça finira bien par s'éteindre tout seul. Vu de dehors, il est possible de constater qu'un des réacteurs est en feu. Harold est un analyste de données et il a compris que l'avion va s'écraser. Il court dans l'allée centrale en réclamant un parachute. Les autres passagers ne semblent pas inquiets. Une femme lui confirme qu'ils descendent et lui propose de trinquer au champagne avec elle.

C'est toujours un plaisir anticipé que de retrouver quatre nouveaux épisodes de cette anthologie si particulière, réalisée par une seule et même équipe de créateurs. le lecteur se demande sur quel genre d'histoire il va tomber. Il sait qu'il va s'agir d'une intrigue bouclée en un seul épisode, et qu'il y aura une forme d'horreur, de nature différente à chaque fois. La couverture du présent tome provoque une réaction immédiate chez le lecteur : un avion qui va s'écraser, avec en sous-entendu les attentats du onze septembre 2001. En fait, l'avion s'écrase dans une zone sans population. le déroulement est très bizarre d'entrée de jeu : un passager qui panique pleinement conscient de l'accident en cours, et les autres qui prennent plus ou moins, ou pas du tout en compte cette catastrophe imminente. Il faut ajouter trois autres scènes très courtes dans lesquelles un individu a une crise cardiaque, une femme risque d'accoucher en plein désert sans aucune aide, deux jeunes adultes sont en train de se piquer dans un pavillon minable.

Le pauvre Harold court d'un passager à l'autre en demandant un parachute, en constatant leur calme. Il y a même une dame qui continue sa broderie, mais pas comme si de rien n'était. Arrivé à ce tome-ci, le lecteur s'est déjà acclimaté aux particularités des dessins : des détourages avec un trait fin et précis, des décors dessinés avec une précision froide, des personnages avec un visage marqué par une expression un peu bizarre, soit des yeux un peu grands, soit des dents apparentes dans une bouche entrouverte. Cette petite touche d'étrangeté induit un décalage qui légitime l'étonnement de Harold allant d'un passager à l'autre. le lecteur ressent une fascination morbide pour cette catastrophe en train de se produire, sans qu'aucun personnage n'y puisse rien changer. Cette mort imminente met sur le devant de la scène la différence entre résignation et acceptation, mais aussi la réalité de l'occupation du moment des uns et des autres, et pas seulement sa futilité. Qui sommes-nous pour remettre en question les catastrophes ?

Il faut tourner le recueil de quatre-vingt-dix degrés pour la deuxième histoire. Michael Arvek se tient au sommet de l'arbre généalogique de sa famille et il salue le lecteur. Il a décidé d'entreprendre de descendre le long du tronc de cet arbre, physiquement, littéralement. Il veut ainsi découvrir pour quelle raison il est comme il est. Il se sent constamment endolori, avec une anxiété hors de contrôle. Il est souvent pris d'accès de consommation de substances, avec une préférence pour celles opiacées. Il se sent souvent en proie à une profonde solitude qui le consume, qu'il soit seul ou dans une foule. du coup, il éprouve de grandes difficultés à se conduire comme un être humain normal. Il continue à descendre le long du tronc.

Les auteurs continuent de provoquer à leur manière : ici, en contraignant le lecteur à tourner son recueil pour pouvoir le lire, une manipulation fortement déconseillée à tout auteur, parce que ça brise une habitude et une règle implicite de lecture. le lecteur se dit que le scénariste en voulait personnellement à l'artiste pour lui infliger de dessiner neuf doubles pages au cours desquelles le personnage descend le long d'un tronc d'arbre, de branche en branche. Pour autant, Morazzo s'en sort bien parvenant à maintenir un intérêt visuel à chacun de ces dessins en double page, montrant Michael Arvek descendre le long de son arbre généalogique. Prince file également la métaphore de rechercher les causes d'une situation, en l'occurrence le comportement de dépendance aux substances de Michael. le lecteur peut ainsi voir comment ce genre de comportement était présent dans les générations précédentes, comment il s'est transmis de manière explicite ou implicite. le questionnement sur une forme de prédestination comportementale en découle tout naturellement, une autre forme d'horreur.

Merry est en train de remercier son compagnon Earl pour la soirée qu'ils viennent de passer : un spectacle à Broadway, un diner dans un restaurant de gourmets, et une glace pour le dessert. Son compagnon est d'ailleurs en train d'en savourer une qui a tendance à couler. Soudainement, il se rend compte qu'il a du mal à articuler les mots, et il tombe à quatre pattes sur le trottoir, puis allongé sur le dos et il perd connaissance. Trois cafards s'approchent de la glace qui fond sur le revêtement, et puis s'en éloignent la trouvant trop sucrée. Deux d'entre eux s'adressent à l'autre en l'appelant Greg. Les trois cafards vont se rentrer dans un carton à côté des poubelles, pendant que Earl, toujours inconscient, est emmené sur une civière dans une ambulance.

Le lecteur repère immédiatement le clin d'oeil dans le titre : Morphométastase, ainsi que la référence visuelle à La métamorphose (1915), de Frantz Kafka (1883-1924). le scénariste en propose une variation : c'est un cafard doté d'un embryon de conscience qui se transforme progressivement en homme. La narration visuelle est plus que jamais incroyable : l'artiste parvient à donner à voir cette métamorphose, à faire exister cette créature au milieu des êtres humains, comme si c'était tout naturel, comme si ça allait évidemment de soi. À nouveau, sa façon d'introduire un air de potentiel déséquilibre mental fonctionne à merveille pour impliquer la différence de cet être par rapport aux humains normaux qu'il côtoie. le lecteur est happé par le caractère fantastique du récit qui lui fait voir la vie de cet homme avec un point de vue qui la rend très différente : un regard extérieur sur la condition humaine. Ce n'est pas un malaise misérabiliste, mais une forme d'étonnement devant la vie quotidienne. La chute n'en est que plus cruelle.

Après une page de dictionnaire contenant des mots commençant par la lettre E, un groupe de trois individus gravissent une montagne en randonnée. Sam sert de guide à Brian Gartner, un étymologiste. Ils arrivent devant Gatu, un dragoman, c'est-à-dire un interprète. Il est aveugle et ne parle que le dialecte de la région, Sam traduisant ses propos à Gartner, un occidental. Ensemble, ils reprennent leur marche pour se rendre au sommet du mont qui se dresse devant eux.

Après ces trois récits au concept original et fort, le lecteur reprend plus facilement pied avec une quête : trouver un sage qui pourra murmurer le tout premier mot créé par un être humain, un mot si pur dans son sens qu'il transforme celui qui en a la connaissance. le scénariste s'amuse bien en casant quelques définitions choisies au gré des remarques des compagnons de voyage de l'étymologiste, mettant en application le principe de revenir à la racine du mot, de revenir à son sens premier et fort. L'artiste passe tranquillement dans un mode descriptif avec un niveau de détails suffisant pour éviter que les cases montrant le trio en train de marcher ou de crapahuter ne soient génériques. Gartner finit par obtenir ce qu'il est venu chercher, d'une certaine manière, et pourtant la satisfaction n'est pas au rendez-vous. le lecteur ne peut pourtant pas s'empêcher de sourire en voyant mentionné le nom de Riccardus, ce qui le renvoie à l'histoire courte en fin d'épisode 25.

Une anthologie toujours aussi extraordinaire : le scénariste développe une idée nouvelle pour chaque épisode, avec une inventivité bien cadrée, et un sens de l'horreur viscérale. le dessinateur se révèle être capable de tout rendre visuellement intéressant, cohérent, inconsciemment dérangeant. le lecteur est fasciné du début à la fin, ressentant un vague malaise qui se confirme à chaque chute. du grand art.
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