Voici un joli premier roman écrit par une artiste belge sculptrice et peintre qui vit à Saraing , dans la province de Liège .
Se fondant sur des personnages historiques, tout en restant une oeuvre romanesque , vibrante, charmante..., il est fidèle à une époque et aux faits qui s'y sont déroulés .
A l'aide d'archives documentées, l'auteur récrée la personnalité d'Ada, jeune fille infortunée, abandonnée par sa mére, en 1705, confiée "à l'Ospedale Della Pietà, "un hospice de Venise pour filles placées qui y vivaient recluses, à qui on enseignait la musique.....
Elles jouaient comme des anges, du violon, du violoncelle, du cor et de la contrebasse , "dissimulées" derrière des grilles, que l'on peut voir encore aujourd'hui, on accourait de toute l'Europe pour les écouter....
A 17ans ,aujourd'hui, Lionella, d'origine italienne ne vit que pour le violoncelle, ses parents et son frére sont musiciens, son professeur l'a inscrite au concours " prestigieux " Arpèges ", qui s'adresse aux étudiants les meilleurs.
Jusqu'au jour où son meilleur ami Kevin déniche dans une brocante un coffret en métal ,oú gisent une médaille coupée en deux, un journal intime et ...une partition oubliée pour violoncelle qui ressemble à une sonate de Vivaldi....
Nous plongeons alors par chapitres alternés , entremêlant les deux époques, dans le destin d'Ada, en 1723 et celui de Lionalla violoncelliste virtuose, par le biais de la lecture du journal intime d'Ada ......
Nous découvrons les coutumes du carnaval de Venise autrefois, les masques, la cité bruissante de plaisirs, d'intrigues amoureuses, de rencontres discrètes, en rendez- vous secrets, la Sérénissime et ses palais vénitiens , bâtis en briques, habillés de façades de marbre, des demeures éthérées ou pansues, clinquantes ou sobres, romanesques, à coup sûr, de tous styles, byzantin,roman gothique, renaissance ou baroque...
On découvre le libertinage , les bouffonneries , facettes et pantalonnades , tracas et mesquineries quotidiennes qui s'ajoutaient au plaisir des divertissements et des passions qui rythmaient et signaient cette période du monde à l'envers du Carnaval ....
Une mascarade tragi- comique qui chahutait pour un temps les principes de la bienséance ....
Au final, un plongée dans la Venise du temps de Vivaldi, passionnée , éprise de musique et de liberté.Un souffle musical vibrant qui nous fait voyager et rencontrer un des plus grands compositeurs de musique baroque. Un hommage tendre, sensuel, charmant , voluptueux , pétri de douceur et de romantisme, à ces orphelines virtuoses et réputées au XVIII ° siècle , enfermées pour toujours dans l'anonymat .... À ces chants légers, à la fois fougueux , ces voix d'airain , mystérieuses et émouvantes .....des voix profondes et brillantes , derrière une galerie grillagée.....
Une bien belle histoire contée avec finesse , chaleur , intelligence et sensibilité, dont je n'ai pas révélé grand - chose, bien sûr !
Un premier ouvrage prometteur !
Merci à Marylin, mon amie de la médiathéque, j'ai passé un moment trés agréable !
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Cette lecture ne m'a pas convaincue ni guère transportée malgré les allers-retours entre la Belgique et Venise. Même si la deuxième moitié du roman, surtout au XVIII siècle au coeur de la Sérenissime, a été plus fluide, moins lambinante, je ne peux malheureusement pas communiquer d'enthousiasme franc. Il m'a manqué un allant, une énergie, un emportement auquel pourtant on aurait pu s'attendre avec Vivaldi et Venise…La construction narrative est parfois rapide, facile, aux ressorts si attendus ; l'écriture est terriblement classique et provoque le désintérêt. le rythme survole et bâcle un peu trop à mon goût l'amorce et la présentation de notre musicienne dont je n'ai dès lors pas su apprécier sa passion pour la musique ni pour son instrument alors même que l'amour du violoncelle est au coeur du roman et en guide les aventures…
Il n'en reste pas moins que ce premier roman est bien documenté et grâce à la Sonate d'Ada j'ai beaucoup appris sur Vivaldi et Venise. J'ai été d'avantage intéressée par Kevin, compagnon de jeux, amoureux éconduit et secret que par l'héroïne. Sa solitude et son silence au coeur d'une famille monoparentale rudoyée et rude ; sa sensibilité moquée laquelle marque sa différence qu'il ne défend ni ne rabroue. Il reste qui il est ; et jour après jour, dans l'observation d'un monde en mutation, il tisse son chemin sans nourrir de rêves inaccessibles. Son désir amoureux pour Lionella suffit à l'enrichir et lui donne accès au Beau, au voyage et à l'esthétisme que son quotidien ne lui offre guère. Avec ce personnage, l'auteure écrit un parallèle intelligent entre une ville ouvrière qui se meurt et une ville d'art magique lesquelles ont en commun un peuple qui a fui un pays pour rejoindre une terre de travail. C'est très certainement ce que je garderai de cette lecture : un hommage judicieux et tout en finesse aux immigrés italiens venus nombreux faire la vie et la splendeur des exploitations industrielles d'une ville belge et comme il est joli alors ce retour aux sources à la fin du roman. Avec encore une fois la musique en vecteur, en viaduc, au-delà du temps et de l'espace, pour réunir les coeurs, les âmes, les histoires et donner du sens aux orientations des destins.
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