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Critique de fanfanouche24


Comme le formule si bien notre camarade, gill, « Il est toujours très enrichissant, salutaire même, d'écouter un ancien, de profiter d'une réflexion forgée à l'expérience et polie par la sagesse”

Cette lecture choisie pour l'offrir à des amis, je l'ai lue avec intérêt et curiosité , car il m'a permis de prendre connaissance dans les grandes lignes du parcours du philosophe-sociologue et de ses principaux écrits !

« Qui suis-je ? Je réponds : je suis un être humain. C'est mon substantif. Mais j'ai plusieurs adjectifs, d'importance variable selon les circonstances ; je suis français, d'origine juive sépharade, partiellement italien et espagnol, amplement méditerranéen, européen culturel, citoyen du monde, enfant de la Terre-Patrie. Peut-on être tout cela en même temps ? Non, cela dépend des circonstances et des moments où tantôt l'une tantôt une autre de ces identités prédomine.
Comment peut-on avoir plusieurs identités ? Réponse : c'est en fait le cas commun. Chacun a l'identité de sa famille, celle de son village ou de sa ville, celle de sa province ou ethnie, celle de son pays, enfin celle plus vaste de son continent. Chacun a une identité complexe, c'est-à-dire à la fois une et plurielle. (p.9)

Edgar Morin, le philosophe-sociologue, directeur de recherche au CNRS, demeure à cent ans… préoccupé par les tourments et les inquiétudes émergentes de son époque… Un récit qui se lit d'une traite tant le propos est clair, fluide, bienveillant, ouvert, toujours dans l'exigence de REFLEXION sur « nos » erreurs….Il reconnaît les deux erreurs de sa jeunesse , erreurs d'appréciation et de jugement, comme à la veille de la Seconde guerre mondiale, où influencé par ceux qui avaient fait la grande guerre, pensait que la voie pacifique avec l'Allemagne était souhaitable et que la guerre était évitable. La seconde erreur vu sa conversion au communisme… Choix et adhésion pendant six ans ; il finit par ouvrir les yeux, et reconnut que finalement le positif de cette expérience fut qu'il vécut et fut poussé à réfléchir sur toutes les montées des totalitarismes…

Edgar Morin nous raconte sa longue vie, et dans un même temps les grands événements et bouleversements de l'Histoire du XXe. Il nous raconte son enfance, sa jeunesse d'orphelin, le drame jamais cicatrisé de la perte à dix ans, de sa mère, ses engagements, ses erreurs, ses doutes, l'importance vitale que les livres ont représenté ; Parmi ses figures tutélaires : Montaigne, Dostoïevski, Anatole France, etc., ses amours, ses amis,ses voyages, la rédaction et le mûrissement de ses livres, de sa réflexion, de ses recherches ainsi qu'un double amour infini de la Vie et de la Connaissance…

Il explique aussi fort bien qu'il inaugurait vers 1946 un mode de connaissance transdisciplinaire où il mêlait L Histoire, la sociologie et la psychologie…ce qu'il approfondi et élargi toute son existence… Je finis ce rapide billet…avec une très belle déclaration envers son appréhension de la complexité de la Vie.
« Credo

Parfois je suis submergé par l'amour de la vie. Quelle beauté, quelle harmonie, quelle unité profonde, quelle complémentarité et solidarité entre les vivants ! Quelle force créatrice pour inventer des myriades d'espèces animales et végétales singulières !
Parfois je suis submergé par la cruauté de la vie, la nécessité de tuer pour vivre, son énergie destructrice, ses conflits, avec toujours le triomphe de la mort. Puis je réussis à réunir, maintenir, lier indissolublement les deux vérités contraires. La vie est cadeau et fardeau, la vie est merveilleuse et terrible. (p. 137)”

Cette lecture est très stimulante, constructive, incitant à la réflexion et à l'autocritique régulière…Un parcours exceptionnel d'un humaniste brillant, ayant conservé dans ses paroles ,fraîcheur de pensée , esprit combattif et réfléchi, ainsi qu'une simplicité confondante dans sa manière de nous présenter son très riche parcours d'érudit et de chercheur .En sus, ce récit me donne l'envie de lire ses essais, de relire Dostoïevski, ainsi que le texte tardif d'Edgar Morin sur la disparition prématurée de sa maman, « L'Ile de Luna » [Actes Sud, 2017).
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