Montagnes russes (BD)

"On a rangé nos espoirs dans une boite, et lorsque l'on s'est retourné, notre amour était bien là, intact."

On va commencer par un grand merci à Grand Angle et Nicolas H pour l'envoi de cette merveilleuse BD dans le cadre d'une masse critique, sans ca je serais surement passé à côté. C'est une courte BD que nous propose Grand Angle, Gwénola Morizur et Camille Benyamina, qui se dévore rapidement mais qui je pense va me marquer longtemps ! Je suis très exigeante sur les dessins dans mes lectures et j'ai été happée dès la couverture et la quatrième de couverture : les dessins sont magnifiques, entre le réalisme et la poésie avec un très beau jeu sur les couleurs et la lumière. J'ai vraiment parfois arrêté ma lecture pour admirer un peu plus longtemps les dessins entre Aimée et son mari ou Aimée et Julio.
L'histoire est simple mais très touchante: Aimée et Jean tentent d'avoir un enfant, aidés médicalement ils enchainent les échecs. En parallèle Aimée rencontre Charlie et ses enfants, dont Julio, dans la crèche où elle travaille et se prend d'affection pour eux.

Elle est douce-amère cette histoire, elle va de l'amour tendre entre Aimée et Jean, à la douleur et l'amertume des échecs qui s'enchainent, en passant par l'affection simple qu'éprouve Aimée et Jean pour Julio, les doutes de Charlie dépassée par la situation ou encore l'amitié naissante entre Aimée et Charlie. On passe les montagnes russes avec Aimée: ses espoirs, ses déceptions, et avec elle on se demande : quelles sont les limites de sa profession ? Quand arrêter d'y croire ? C'est 80 pages intenses où l'on découvre un peu de la douleur d'un couple qui tente d'avoir un enfant, qui culpabilisent et se soutiennent l'un et l'autre, et s'aiment tout simplement, plus que tout.

L'objet livre est très agréable à manipuler: la couverture matte et douce pleine de la mélancolie qui habite Aimée, le dos plein du peps que peut avoir cette histoire. Je reste après ma lecture sur ce sentiment de douceur acidulée, de tendresse amère qui ont rythmés ma lecture, reconnaissante d'avoir été témoin de cette histoire d'amour.

Lorsque projet d'enfant rime avec parcours du combattant. Ou des combattants, car c'est une aventure qui se vit souvent à deux. Aimée et Jean rêvent d'avoir un enfant, mais dame nature est capricieuse et la médecine moderne, malgré ses grands progrès, ne livre pas les miracles à la demande. Quatrième FIV, quatrième échec. Aimée désespère. Elle travaille en crèche et chaque jour doit prendre soin des enfants des autres. Douloureuse ironie. Un soir, elle y rencontre Charlie, jeune mère célibataire venue inscrire le cadet de ses trois enfants qu'elle élève seule et avec peu de moyens. Elle suit une formation pour devenir maquilleuse de théâtre, n'a pas assez de temps pour ses rejetons qu'elle aime pourtant. Julio, le petit dernier, est un gamin un peu sauvage, en manque d'affection et de repères. Alors Aimée s'attache à lui, se lie d'amitié avec Charlie, quitte à dépasser les limites que sa profession impose.

Gwénola Morizur signe une histoire du quotidien avec tendresse et justesse, mise en dessins et en couleurs par Camille Benyamina. Un récit inspiré d'une véritable histoire, nous précise-t-on d'entrée en remerciements. Une histoire d'amour doublée d'une amitié naissante et de ses aléas. Des tranches de vies n'ayant rien d'extraordinaire, mais qui permettent d'aborder un sujet rarement traité en bande-dessinée. Un cadrage maîtrisé, au plus près des détails ou des obsessions, un trait assez classique, des tons pastel et parfois acidulés. La mise en couleurs est particulièrement réussie au sens où elle permet de retranscrire les différentes ambiances et situations. On suit Aimée avec ses hauts et ses bas, ses espoirs et ses déceptions, ses rêves et ses cauchemars, parce que c'est ça la vie. Un point c'est tout. Et si ce n'était pas tout… justement ?

La finition de l'ouvrage est bien réussie. Un toucher satiné, une première de couverture sobre et évocatrice, une reprise des tons pivoine sur la tranche et en illustration de quatrième de couverture. Je remercie les Éditions Grand Angle pour cette BD reçue dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio.