Pourquoi il ne leur explique pas comment c'est vraiment, ici, pourquoi il ne leur parle pas de cet affreux gâchis, de tous ces braves types qui se font tuer par milliers pour rien... pour rien !
Cette nuit, plus que jamais dans ma vie, je veux me sentir vivant.
J'ai la nuit entière devant moi, et je n'en perdrai pas le moindre instant. Je ne la gaspillerai pas à dormir, je ne la passerai pas à rêver. Il ne faut pas, car chaque moment en sera beaucoup trop précieux.
Je veux essayer de me souvenir de tout, dans les moindres détails, et ce soir je dois me rappeler le plus grand nombre jours possible. Je veux que cette nuit soit longue, aussi longue que ma vie, et qu'elle ne soit pas remplie de rêves flottants qui me précipitent vers l'aube.
Cette nuit, plus que jamais dans ma vie, je veux me sentir vivant.
Je ne pouvais plus croire qu'à l'enfer dans lequel je vivais, à l'enfer créé par l'homme et non par Dieu. (p. 145)
Lorsque l'heure viendra, je sortirai, et je lèverai les yeux au ciel car je sais que Charlie fera la même chose quand ils l'emmèneront.
Nous verrons les mêmes nuages, sentirons la même brise sur le visage. Ce sera au moins une façon d'être ensemble.
Etant son vrai frère, j'aurais pu avoir l'impression de vivre dans son ombre, mais je n'ai jamais ressenti les choses ainsi, ni autrefois, ni maintenant. Je vis dans la lumière qu'il répand autour de lui.
Et moi, je suis certain que c'est mon père qui essaie de s'échapper. Je le sais parce qu'il nous a dit plus d'une fois que dans sa prochaine vie, il aimerait être un oiseau pour pouvoir voler librement là où il veut. (p 15)
Ensuite, nous longions la rivière jusqu’à la maison, les pieds dans la vase, les orteils couverts de boue. C’est drôle quand j’y pense, il y a eu une époque où j’aimais la boue, son odeur, sa consistance, où j’aimais patauger dedans. Plus maintenant.
" Vous paniquez Peaceful. Un masque à gaz, c'est comme Dieu, mon gars. Il fera de sacrés miracles pour vous, si vous croyez en lui."
Mais je n'y crois pas! Je ne crois pas aux miracles.
Le gaz n'est plus qu'à quelques mètres. Il va arriver sur moi, autour de moi, en moi.
Comment un oiseau peut-il survivre au milieu de tout cela, je ne le comprendrai jamais. J’ai même vu des alouettes au-dessus du no man’s land, qui pour moi ont toujours été une raison d’espérer.