Citations sur Soldat Peaceful (36)
C’est comme si on vivait deux vies séparées, Tommo, et j’aimerais que ça reste ainsi. Je ne veux surtout pas que ces deux mondes se rejoignent. Je n’ai pas ramené l’Horrible Hanley ni les obus à la maison, tu comprends. Et pour moi, c’est la même chose dans l’autre sens. La maison est la maison. Ici, c’est ici. C’est difficile à expliquer, mais le petit Tommo et Molly, Mère et Big Joe n’appartiennent pas à ce trou infernal, n’est-ce pas ? En parlant d’eux, je les y amène, et c’est ce que je ne veux pas faire. Tu comprends, Tommo ?
N'ecoute pas. Ne regarde pas. Ne pense pas. Souviens-toi seulement.
A quoi bon faire des vœux à la lune? A quoi bon souhaiter l'impossible?
Ne souhaite rien, Tommo. Évoque tes souvenirs. Les souvenirs sont réels.
J'ai appris assez vite qu'il vaut mieux garder la tête basse et ne pas répondre, surtout quand on a affaire a plus grand. Mais un jour, j'ai découvert qu'il faut parfois défendre ce qui nous semble juste et se battre, même si on n'en a pas envie.
Ces deux lettres ! Je les ai gardées sur moi, je les ai lues et relues jusqu'à ce que je les connaisse quasiment par cœur. Elles m'ont permis de tenir les jours suivants. Elles m'ont donné l'espoir que Charlie revienne vite, et la force dont j'avais besoin pour ne pas devenir fou.
Hippolyte
Pourquoi il ne leur explique pas comment c'est vraiment, ici, pourquoi il ne leur parle pas de cet affreux gâchis, de tous ces braves types qui se font tuer par milliers pour rien... pour rien !
Charlie sonnait toujours la cloche et je l'entendais pousser des cris de joie entre chaque son. Je l'imaginais suspendu à la corde, se balançant dans les airs. Big Joe continuait à chanter. Les martinets montaient en flèche dans le ciel, redescendaient en piqué et piaillaient autour de nous, exaltant la pure joie d'être vivants, et célébrant, c'était mon impression, le fait que Big Joe, lui aussi était vivant.
En repartant, je suis passé devant les autres, ceux qui n'avaient pas de chance. Ils étaient couchés dehors au soleil. Je les connaissais presque tous, je ne les reverrais plus jamais. C'étaient des amis avec lesquels j'avais vécu, plaisanté, joué aux cartes, avec lesquels je m'étais disputé. J'ai cherché Pete parmi eux. Je ne l'ai pas vu. Mais Nipper Martin était là, le dernier corps devant lequel je suis arrivé. Il gisait, parfaitement immobile. Il y avait une sauterelle verte sur son pantalon.
Lorsque l'heure viendra, je sortirai, et je lèverai les yeux au ciel car je sais que Charlie fera la même chose quand ils l'emmèneront. Nous verrons les mêmes nuages, sentirons la même brise sur le visage. Ce sera au moins une façon d'être ensemble.
- L'armée était là, Mère. Pour le recrutement. Jimmy Parsons s'est enrôlé. Beaucoup d'autres, aussi.
- Ce qu'ils peuvent être bêtes ! s'est exclamé Charlie. Je n'irai pas. Jamais. Je tirerais sur un rat parce qu'il peut me mordre. Je tirerais sur un lapin, parce que je peux le manger. Mais pourquoi est-ce que je tirerais sur un Allemand ? Alors que je n'en ai jamais rencontré, même pas un.