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3,92

sur 2196 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman poignant ,bouleversant et dérangeant également. Il nous montre l'homme dans toute sa cruauté et il nous fait honte.

Il y a l'esclavagiste qui se montre tel qu'il est, animal plutôt qu'homme, brutal et stupide. Il agit par ignorance et aussi par peur . Il lui faut le fusil pour montrer sa virilité et sa toute puissance.

Il y a aussi l'autre type d'esclavagiste,hypocrite,qui se dit respectueux des noirs. Certes, il ne les brutalise pas, il les traite bien, il leur donne la parole. Mais leur liberté ne va pas plus loin. Leur corps, leurs pensées, leurs actes sont tout de même entravés par leur soumission, leur asservissement. Il peut changer à tout moment d'avis. S'il a besoin d'argent, il les vendra comme du bétail.

On se rend compte, dans ce roman, de la dureté de l'existence d'un esclave. Rien ne lui appartient, ni son corps, ni l'air qu'il respire, ni le ciel, ni la terre qu'il foule. Il ne faut surtout pas trop aimer, surtout ne pas trop regarder son enfant qui vient de naître, ne pas s'y attacher, car si on le brise cet enfant, il sera impossible de se relever.

Sethe n'a pas été séparée de ses enfants, elle les a aimés. Elle ne pourra pas autoriser qu'on les lui prenne pour en faire des petits esclaves et qu'on les traite pire que du bétail. Son acte d'amour la hantera toute sa vie. On ne peut pas pardonner mais on comprend son acte d'amour courageux et désespéré.

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1873, Cincinnati dans l'Ohio. Sethe vit avec sa fille, Denver, dans une maison habitée par un fantôme malveillant. Cela fait dix-huit ans, l'âge de Denver, que les deux femmes se sont installées en ces lieux, depuis que Sethe, alors enceinte, a réussi à fuir la plantation où elle était esclave. En 1855, elle avait fini par rejoindre sa belle-mère, rachetée par son fils, et ses trois autres enfants, également évadés, dans cette maison située en « zone libre ». Retrouvée par les fermiers blancs, Sethe avait alors commis l'irréparable : pour lui éviter l'asservissement, elle avait égorgé une de ses filles, Denver et ses deux frères échappant de peu au massacre. Un jour, se présente chez Sethe et Denver une jeune fille dont le prénom Beloved correspond à la seule inscription figurant sur la tombe de l'enfant tuée…


Couronné par le prix Pulitzer en 1988, adapté au cinéma, ce roman est considéré comme l'une des meilleures oeuvres de fiction américaine. Son histoire est inspirée d'un personnage et de faits réels. A partir de l'acte désespéré d'une femme, devenue infanticide pour épargner l'esclavage à sa fille, Toni Morrison a créé un récit littéralement habité par l'ombre de toutes les victimes de la traite négrière. Au travers du fantôme qui vient hanter Sethe, et tout au long des retours dans le passé éclairant les conditions de vie de cette femme et des siens, se dessine peu à peu la réalité crue de l'esclavage aux Etats-Unis, ainsi que les profonds traumatismes que son abolition n'a pas estompés. Traités comme du bétail juste bon au travail et à la reproduction, privés de vie affective et familiale, ces êtres niés dans leur humanité ne se sont pas retrouvés libres par la simple fin de l'esclavage. Alors que, par ailleurs, la chasse aux noirs, les meurtres et les persécutions n'étaient pas prêts de disparaître, restait encore à tous les anciens esclaves à se réapproprier « la propriété de ce moi libéré », et à parvenir à vivre avec les terribles fantômes d'un passé qui n'en finissait pas de les torturer.


Procédant par de curieux bonds et détours au gré de la résurgence tronquée et déformée des souvenirs de Sethe, laissant au lecteur le soin de reconstituer la réalité présente et passée au travers des perceptions, des croyances et des émotions des personnages, le récit tout en ellipses et non-dits repose sur une construction et un style souvent déconcertants par ce qu'ils semblent comporter de désordre et d'irrationalité. Tourbillon tumultueux où le fantastique gothique reflète l'état de confusion d'une Sethe en train de glisser dans la folie, le texte exige du lecteur qu'il devine lui-même l'au-delà des représentations dans lesquelles les personnages se retrouvent englués.


Le résultat de cette écriture singulière et exigeante est un puissant cri de douleur, où résonnent toute la violence et l'aliénation à jamais gravées par l'esclavage dans la construction de l'identité noire américaine. Un classique de la littérature, qui mérite largement l'effort d'une lecture souvent désarçonnante.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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"Home" m'avait fait pressentir ce que "Beloved" me confirme : Toni Morrisson est une gastronome haut de gamme de la littérature américaine, d'un raffinement aussi subtil que son accès est délicat, un peu difficile même (*)
(difficulté corsée pour ma part par une lecture en anglais).

Sethe, mère de Beloved et de trois autres enfants, est une esclave libérée de ses maîtres au lendemain de la guerre de sécession, mais pas de ses chaînes.

Paul D, un des hommes auprès desquels elle a vécu dans ses années d'esclavage, arrive chez elle et peine à l'ouvrir à un amour qu'elle n'arrive pas à donner, sous le regard suspicieux et souffrant de sa fille Denver habitée des fantômes de sa mère.

Par tableaux successifs et touches délicates emprunts d'une profonde humanité, Toni Morrisson dévoile peu à peu - très peu d'abord, et c'est assez déroutant à la lecture - ce que sont ces chaînes, et révèle lentement dans un style très allusif les raisons d'être de Sethe et celles de ses filles, qui lui sont intimement liées.

Sensible à ce plaidoyer universel tout en profondeur et délicatesse contre la condition épouvantable faite aux esclaves, en Amérique ou ailleurs, et pour l'amour maternel, la liberté, la dignité humaine, je dois avouer qu'y rentrer m'a demandé pas mal d'efforts mais qu'ils en valent la peine, car ils sont de nature à sédimenter définitivement les convictions les plus ancrées.

(*) Sur le même sujet, "Racines" d'Alex Haley est beaucoup plus accessible
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Superbe roman sur l'esclavage. C'est l'histoire de Sethe, esclave en fuite avec ses enfants. Roman choral où l'on retrouve le style si particulier de Toni Morisson qui fait ici de la dignité humaine la valeur ultime de toute vie. Rien n'est au-dessus, pas même la mort. Un livre poignant et magique, avec toutefois quelques longueurs pas instant.
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Un ouvrage de Toni Morrison ne peut laisser indifférent. Même si celui-ci, comme les autres est un peu embrouillé.
Au 124, la maison où habite Sethe, ancienne esclave, est hantée par Beloved, sa petite fille de deux ans qu'elle a tuée.
Les personnages sont tellement véridiques, les souffrances tellement prégnantes qu'on ne peut être qu'envahi de compassion et de révolte.
On a le sentiment de lire une tragédie antique.
Toujours et encore traiter de l'esclavage et de ses abominations, tel est le fil conducteur de Toni. Morrison.
Merci à elle de mettre des mots et des images sur des évènements pas si loin de nous et d'entretenir notre indignation.
Une mère qui sacrifie son enfant, un autre thème récurrent.
Une lecture ardue, confuse, mais une lecture magnifique qui imprègne l'âme et le coeur.
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Ce roman se déroule après la fin de la guerre de Sécession, pendant la période au cours de laquelle beaucoup de violences se sont déchaînées sur les Noirs, à la fois les esclaves libérés par émancipation et les autres qui avaient été donnés ou avaient acheté leur liberté plus tôt. le personnage principal Sethe vit dans une ferme de l'Ohio avec sa fille Denver et sa belle-mère, Baby Suggs. la ferme abrite également le fantôme de la fille de Sethe, qui lui tranchée la gorge 18 ans auparavant, alors qu'elle avait 2 ans. Cet acte épouvantable, qui est relaté au début du roman, va être au coeur du récit.

La mort récente de Toni Morrison a été pour moi l'occasion de lire ce roman. Une lecture difficile, où je me suis souvent perdu dans les différents allers et retours entre passé et présent. Il n'y a aucune chronologie dans le récit, pas facile donc de garder le fil de l'histoire. Il m'a fallu plus de 100 pages pour entrer dans ce roman qui est envoûtant. Un livre sur l'esclavage qui n'élude jamais la barbarie et les horreurs à travers la parole des uns et des autres, noirs ou blanc, esclaves ou maîtres, esclavagistes et abolitionnistes. Les femmes noires considérées comme des reproductrices, jouets sexuels d'un maître tout puissant. Une période sombre. Un livre porté les croyances africaines où les fantômes des morts vivent au milieu des vivants. Un roman sur l'amour absolu d'une mère pour son enfant.

‘Que si je ne l'avais pas tué, elle serait morte et que je ne l'aurai pas supporté.'

Le pire est ans aucun doute que ce roman est basé sur des faits réels.


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1850. Sethe, esclave de la plantation de Mme Garner, le Bon Abri, s'est enfuie pour retrouver ses trois enfants envoyés chez sa Belle –mère Baby Suggs à Cincinnati. Son fils Halle, le mari de Sethe l'a en effet « rachetée » à Mr Garner moyennant de travailler tous ses dimanches afin de payer sa dette.
Arriver à Cincinnati n'est pas une mince affaire, surtout si l'on est noire, en fuite , et enceinte de surcroit presqu' à terme. Marchant de nuit , se cachant le jour, morte de faim et de soif elle finira par accoucher au fond d'une barque aidée par la seule fille blanche qui lui ait jamais tendue la main, en cavale comme elle Amy Denver. Sa ténacité, l'aide des noirs de la ville lui permettront d'atteindre le 124 , la maison relais de Baby Suggs, sa belle-mère.

la suite sur:
http://www.biblioblog.fr/post/2012/10/23/Beloved-Toni-Morrison
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Depuis que je viens régulièrement sur Babelio, c'est souvent que je lis des avis sur les oeuvres de Toni Morrison mais sans vraiment m'intéresser au contenu des oeuvres . C'est donc avec surprise que je découvre en lisant Beloved que c'est un roman fantastique. Je pensais lire un roman traitant de l'esclavage et de la ségrégation.
Le texte est fort et émouvant; les personnages ont subi des atrocités physiques et morales mais luttent sans rien lâcher. C'est plutôt leur raison qui les lâche.
Je suis toujours retournée quand je lis les humiliations que l'humain est capable de faire subir aux autres. J'ai fini le roman hier soir, je me suis endormie en y pensant et c'est la première chose à laquelle j'ai pensé en me réveillant.
L'histoire développe le thème de l'esclavage passé, les personnages sont en 1870 dans l'Ohio la guerre de sessesion est finie et chacun tente de vivre une vie correcte mais la crainte des blancs persiste.
Si j'ai énormément aimé lire la plume de Toni Morrison, j'ai tout de même trois objections à faire: la première il y a parfois de longues pages de narration qui pour moi auraient mérité de l'aération par des dialogues. Chaque dialogue redonne un souffle utile au lecteur et permet aussi aux personnages de sortir de leur enfermement. La seconde je ne comprends pas le message de l'autrice. Alors que la part de fantastique trouve une explication lors d'un dialogue, la suite nous replonge dans l'invraisemblance. Et j'en viens au troisième point: qui peut m'expliquer la fin ?! J'en ris mais je suis un peu déçue après un si beau roman qu'il finisse ainsi.
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Ce roman est inspiré d'un fait réel, Margaret Garner, esclave, fuit ses maîtres puis est un jour rattrapée, son mari sera pendu et ses enfants menacés d'être asservis alors, elle les tue.
Dès les premières phrases du roman, on sait que l'on rentre dans une narration hors du commun qui ne va laisser indifférent.

Sethe vit avec sa fille Denver dans une maison hantée par le fantôme d'un bébé assassiné par sa mère. Les deux frères de Denver se sont enfuis de cette maison maléfique. On apprend que Sethe, son mari Halle et Baby Suggs, sa belle-mère Baby étaient esclaves de d'un couple dans la ferme du « Bon abri ». Mais la situation des esclaves se détériore vite au décès du maître.

C'est un roman difficile car le sujet en lui-même est extrêmement dur, mais sa forme est aussi complexe. En lisant, on perd parfois les notions de temps et d'espace jusqu'à l'étourdissement.
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Bel exemple de « réalisme magique », un style littéraire que j'ai un peu de mal à aborder d'habitude (ne pas tout comprendre m'agace beaucoup !) ce livre exigeant, m'a oppressé, remué et pourtant vraiment fasciné.
Sethe, ancienne esclave échappée de la plantation du « Bon abris »il y a 18 ans, vit dans les souvenirs de sa vie « d'avant » et d'un épisode tragique en particulier : la mort de sa fille de deux ans, qu'elle a tué de ses mains.
Ecrites dans un style très lyrique, les premières pages m'ont données du fil à retordre, car j'avoue avoir été un peu submergée par les passages oniriques, à la frontière du surnaturel, où les époques et les voix s'entremêlent... Et pourtant, je n'ai pas pu abandonner, j'étais comme hypnotisée par la beauté et la poésie de la langue et par la violence de l'histoire.
Comment trouver la rédemption, se réconcilier avec soi même et avec la vie, quand on a commis l'impensable, un infanticide ? c'est sur cette question terrible que Toni Morrison invite à la réflexion, avec en toile de fond les dégâts psychiques, séquelles de l'esclavage, d'une population noire américaine non encore affranchie.
D'une écriture sublime, Toni Morrison tend un miroir ou se reflète la folie des âmes privées de leur liberté d'aimer.
Un très beau roman, qui toutefois se mérite.
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