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Citations sur Délivrances (77)

T'as menti ? Pour quoi faire bordel ?
Pour que ma mère me tienne la main !
Hein ?
Et me regarde avec des yeux fiers, pour une fois.
Donc elle l'a fait ?
Oui. Même qu'elle m'a aimée un peu.
Donc, tu veux dire que .... (page 172)
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Tous les samedis matin, avant même le petit déjeuner, ses parents avaient des discussions avec leurs enfants et exigeaient qu'ils répondent à deux questions : 1. Qu'as-tu appris qui soit vrai (et comment sais-tu que c'est vrai) ? 2. Quel problème as-tu ? Au fil des années, les réponses à la première question allaient de : « Les vers de terre ne volent pas », « La glace brûle », « Il n'y a que trois comtés dans cet État » à : « Le pion est plus fort que la reine. » Les sujets relatifs à la seconde pouvaient être : « Une fille m'a giflé », « Mon acné est revenue », « L'algèbre », « La conjugaison des verbes latins ». Des questions touchant à des problèmes personnels faisaient naître des solutions de la part de n'importe qui à la table, et une fois qu'elles étaient résolues ou laissées en suspens, on envoyait les enfants prendre un bain et s'habiller, les aînés aidant les plus jeunes. Booker adorait ces discussions du samedi matin, récompensées par le grand moment du week-end : les énormes petits déjeuners de fête que préparait sa mère. Des banquets, vraiment. Des biscuits chauds, feuilletés et riches en beurre ; du gruau de maïs, blanc comme neige et épicé au point de brûler la langue ; des œufs battus en une mousse crémeuse safran pâle ; des tranches de saucisses grésillantes, des rondelles de tomates, de la confiture de fraises, du jus d'oranges fraîchement pressées, du lait froid dans des bocaux en verre.
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Lorsqu'elle souilla le drap de son premier sang menstruel, Sweetness lui donna une gifle, puis la fit entrer dans une bassine d'eau froide. Le choc fut adouci par la satisfaction d'être touchée, manipulée par une mère qui évitait le contact physique chaque fois que c'était possible.
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Sans Booker, le monde était plus que déroutant : superficiel, froid, délibérément hostile. Comme l'ambiance qui régnait dans la maison de sa mère, où elle ne savait jamais ce qu'il fallait faire, ni se rappeler quelles étaient les règles. Laisser la cuillère dans le bol de céréales ou la poser à côté du bol ; attacher ses lacets en faisant une boucle ou un double nœud ; faire un revers à ses socquettes ou les remonter jusqu'au mollet ? Quelles étaient les règles et quand changeaient-elles ?
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Ce pays est mon pays ce pays est ton pays
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Chaque trait - le contour de ses pommettes, sa bouche aguichante, son nez, son front, son menton, ainsi que ses yeux - était plus exquis, esthétiquement plus agréable en raison de cette peau obsidienne, couleur de nuit. Qu'il ait été allongé sous son corps, qu'il l'ait dominé ou qu'il ait tenu cette femme entre ses bras, sa noirceur le transportait. Il était alors certain que non seulement il tenait la nuit, mais qu'elle lui appartenait, et si la nuit qu'il tenait entre ses bras n'était pas suffisante, il pouvait toujours voir, dans les yeux de Bride, la lumière des étoiles.
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Le monde politique était une abomination; ses militants, à la fois rétrogrades et progressistes, semblaient rêveurs et mal avisés? Les révolutionnaires, armés ou pacifiques, n'avaient aucune idée de ce qui devrait se passer une fois qu'ils auraient "gagné".
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On était tout en bas de la pile d'assassins, d'incendiaires, de dealers, de malades mentaux et de révolutionnaires lanceurs de bombes. Faire du mal à des petits enfants, c'était l'idée qu'ils avaient du dernier des derniers; ce qui est à mourir de rire, puisque les dealers se moquaient bien de qui ils empoisonnaient ou son âge, et que les incendiaires ne séparaient pas les enfants des familles chez qui ils mettaient le feu. Quant aux lanceurs de bombes, ils ne sont pas sélectifs ni réputés pour leur précision. p81
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J’avais six ans et je n’avais encore jamais entendu les mots « négresse » ni « salope », mais la haine et la répugnance qu’ils contenaient se passaient de définition. Exactement comme par la suite, à l’école, quand on me soufflait ou me criait d’autres insultes, aux définitions mystérieuses mais au sens limpide. Noiraude. Topsy(1). Face de charbon. Sambo (2). Ooga booga. Ils faisaient des bruits de primates et se grattaient les côtes en imitant les singes du zoo. Ils me traitaient comme un phénomène de foire, étrange, salissant comme de l’encre renversée sur du papier blanc. Je ne me plaignais pas à l’institutrice pour cette même raison qu’avait eue Sweetness de me mettre en garde au sujet de M.Leigh : je pouvais être temporairement exclue, voire renvoyée. Donc je laissais les injures et les brimades circuler dans mes veines comme du poison, comme des virus mortels, sans antibiotiques à ma disposition. Ce qui, en fait, était une bonne chose maintenant que j’y pense, parce que j’ai développé une immunité tellement forte que la seule victoire qu’il me fallait remporter, c’était de ne plus être une « petite négresse ». Je suis devenue une beauté profondément ténébreuse qui n’a pas besoin de Botox pour avoir les lèvres faites pour être embrassées, ni de cure de bronzage pour dissimuler une pâleur de mort. Et je n’ai pas besoin de silicone dans le derrière. J’ai vendu mon élégante noirceur à tous ces fantômes de mon enfance et maintenant ils me la payent. Je dois admettre que forcer ces bourreaux – les vrais et d’autres comme eux – à baver d’envie quand ils me voient, c’est plus qu’une revanche. C’est la gloire.



(1) Toute jeune esclave noire, dans le roman de Harriet Beecher Stowe, La case de l’oncle Tom (1852)

(2) Héros du livre pour enfants écrit par Helen Brodie Bannerman, Sambo le petit noir (1889)
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Je ne veux pas penser à lui maintenant. Ni à quel point tout semble vide, insignifiant et sans vie. Je ne veux pas me rappeler combien il est beau, parfait, à l'exception de cette affreuse cicatrice de brûlure à l'épaule. J'ai caressé chaque centimètre de sa peau dorée, sucé les lobes de ses oreilles. Je connais la qualité des poils de ses aisselles, j'ai passé le doigt dans le petit creux de sa lèvre supérieure ; j'ai versé du vin rouge dans son nombril et bu ce qui débordait. Il n'y a aucun endroit de mon corps qui n'ait été transformé en éclair par ses lèvres.
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