Les morts laissent une ombre derrière eux, l’espace où ils vécurent résonne encore de leur écho. Ils nous hantent, sans jamais s’effacer ni vieillir comme nous le faisons. Ce n’est pas seulement leur futur que nous pleurons, c’est aussi le nôtre.
La coupure ne me faisait pas mal, mais George m'avais appris que les blessures font rarement souffrir sur le coup. Le choc est par essence anesthésique. La douleur vient plus tard.
Il faut un certain courage pour survivre à ceux qui n'ont pas eu cette chance.
A l'arrivée du printemps, le monde sortit timidement de son flou sur la note flûtée d'une grive qui chantait près de ma fenêtre.
Une verte contrée, trempée du sang des fidèles. (p.148)
Rochers et forêts mordaient presque sur la route, comme pour revendiquer ce que l'homme leur avait pris.
Au contraire, au fil du temps et des saisons allant du vert intense à l'or pourpre, j'étais de moins en moins capable d'accepter la mort de mon frère, et je me refusais à croire en sa disparition. J'avais eu beau passer par toutes les phases attendues, incrédulité, déni, colère, regret, le chagrin n'avait pas desserré son emprise. J méprisais l'être misérable que j'étais devenu, mais semblais incapable d'y remédier.
A l'arrivée du printemps, le monde sortit timidement de son flou sur la note flûtée d'une grive qui chantait près de ma fenêtre.
Ce sont ceux que nous choisissons d'aimer et ceux qui nous aiment qui nous font ce que nous sommes.
Tandis que Guillaume réitérait ses explications en parlant plus lentement, du coin de l'oeil, je vis quelque chose bouger plus bas dans la vallée. Un éclair bleu, songeais-je, sans en être certain.