Le Ciel ne méritait pas son nom. Loin d'être perché dans les hauteurs, ce cachot se trouvait sous les caves elles-mêmes.
Elle avait compté sur la lumière pour dissiper cette douleur qui logeait dans sa poitrine depuis le matin et remontait maintenant dans sa gorge, une boule oppressante dont elle connaissait bien le nom : tristesse.
tous les trois revinrent à pas lents vers le cachot. Milos éclaira la poutre et ils regardèrent en silence. Le bleu du Ciel était intense sous la lumière de la torche, les nuages blancs se bousculaient, chassés par le vent. Un grand oiseau gris virait, les ailes déployées. Ils l'entendirent pousser son cri.
-Je ne savais pas qu'il y avait... un oiseau, chuchota Helen, très impressionnée.
-Il n'y en avait pas tout à l'heure...dit Catharina. Il n'y était pas quand j'étais dedans...il vient d'apparaître...ça veut dire que l'oiseau c'est moi...et l'oiseau s'est envolé...
En suivant le couloir qui menait à sa chambre, elle sentit l'exaltation gonfler sa poitrine. Il restait trois jours avant les combats d'hiver. Trois jours seulement. Oui, mais si la révolte se déchaînait d'ici là ? Si soudain c'était le chaos dans la capitale ?
Il lui semblait que la vue de ces couleurs, même dans le flou de sa myopie, l'arrachait au ventre sombre de la terre et la ramenait à la vie d'en haut, il lui sembla que le vent soufflait dans ses cheveux, que le sang coulait à nouveau dans ses veines.
Elle regardait alors, au hasard du voyage, défiler les images secrètes de son âme : le grand fleuve tranquille qui coulait sous les ponts, l'infini poids d'amour des consoles est, le souvenir tremblotant de ses parents engloutis et, pour toujours, le visage souriant d'un garçon aux boucles brunes.
Son chant, même sans qu'on en comprenne le sens, parlait à chacun et chacune de ce qui lui était le plus secret. Il faisait apparaître des visages aimés et disparus, ressentir des caresses anciennes dont on croyait avoir oublié la douceur. Et surtout, même si on était triste en l'entendant, il redonnait force et courage.
Attention ⚠️ propos choquant tiré du texte.
Pour nourrir son ventre d'hippopotame.
La tank.
On ce sentait bien dans ces masse de cher.
La squelette.
Comment consolé quelqu'un quand on a les os qui pointes.
Elle ce dandine comme une oie grasse.
Je trouve ça honteux.
Helen sentit que les griffes du chagrin se desserraient un peu autour de son cœur.
Un peu plus tard, un car rugissant en provenance du nord doubla le convoi qui progressait à faible allure. Quand il arriva à la hauteur du deuxième fourgon, les deux véhicules se côtoyèrent pendant quelques dizaines de mètres. Au fon du car somnolait Paula, les mains abandonnées sur les genoux. Son large postérieur occupait deux places entières. Derrière elle, Helen essayait de lire un roman. Elle leva les yeux et regarda distraitement le fourgon dans lequel Milos était enfermé, les menottes aux poignets et le coeur lourd.
Pendant quelques secondes, il n'y eut pas plus de trois mètres entre les deux amoureux, puis le car accéléra et les éloigna l'un de l'autre.