Elle résista un temps qui lui parut infini, mais peut-être était-ce seulement une heure, et elle résolut de craquer la première allumette. Elle en brûlerait une après chaque visite, une par jour donc, ainsi elle ne les gaspillerait pas trop vite. Elle se leva et tira sa couchette jusqu'au mur du fond. En se tenant debout dessus, elle se trouvait tout près de la poutre donc on lui avait parlé... Au moment de frotter la petite boule de soufre sur le côté de la boîte, elle eut une angoisse soudaine : et s'il n'y avait rien sur cette poutre? Ni ciel et ni nuage? Ni dessin d'aucune sorte? Quelle déception ce serait ! Et s'il y avait quelque chose, est-ce qu'elle le verrait seulement sans ses lunettes? Elle hésita quelques secondes, puis se décida finalement. L'allumette s'enflamma du premier coup, et Catharina fut stupéfaite de voir à quel point elle parvenait à éclairer le cachot tout entier. Elle leva son bras tremblant vers le poutre et elle vit.
Oui, il y avait un bout de ciel peint sur le bois à demi-moisi. Il ne mesurait pas plus de trente centimètres sur quinze et le bleu azur avait sans doute pâli, mais c'était un ciel, assurément! On le voyait au nuage qui complétait le dessin, sur la gauche. [...] Catharina observa,fascinée. Il lui sembla que la vue de ces couleurs, même dans le floue de sa myopie, l'arrachait au ventre sombre de la terre et la ramenait à la vie d'en haut, il lui sembla que le vent soufflait dans ses cheveux, que le sang coulait à nouveau dans ses veines.
Le noir soudain revenu et la vive brûlure au bout de ses doigts la ramenèrent à la réalité : elle venait de consumer sa première allumette. Il n'en restait plus que sept désormais. Mais qu'importe, elle avait vu le Ciel, et elle en était plus forte. Elle se recoucha pleine de courage.
Ne t'en fais pas, Milena ! Va là où tu dois aller! Fais ce que tu dois faire! Je résisterai, pour toi, pour Helen, pour toutes! N'ayez crainte les filles : la petite Catharina Pancek a vu le Ciel et elle tiendra le coup! Elle vous en bouchera un coin!
Les larmes trempèrent son mouchoir, mais la Tank pouvait aller se faire voir : ce n'était pas des larmes de tristesse ni de peur.
L’histoire d’amour, la vraie, Helen, c’est celle d’un peuple qui tombe amoureux d’une voix.
Malgré sa grande fatigue, elle eut toutes les peines du monde à dormir. La chambre était froide, le lit creux et l'énorme édredon roulait au sol au moindre mouvement. L'image de Milos perdant son sang dans le refuge la hantait.
Elle regarda autour d'elle dans la petite chambre, les quelques bibelots, les deux étagère de livres, les vêtements sur la corde de la penderie, et se posa cette drôle de question : que prend-on avec soi quand on est une jeune fille de dix-sept ans et qu'on veut aller construire des barricades dans la rue pour sauver son amour ?
On découvre le paradis quand on le perd, le nid quand on en tombe.
Il essaya de bouger : son corps n'obéit pas. Il voulut appeler, mais il eut peur que son propre cri le déchire et le tue. Il se sentait aussi fragile qu'une flamme au vent. Le moindre souffle l'éteindrait.
Tu es libre, toi, oiseau, tu peux aller et venir, tu peux t'envoler par-dessus le grillage, te percher à ta guise sur les arbres de la forêt. Est-ce que tu connais seulement ta chance ?
c'est un de mes livres préférés. il est magnifique et terrienne aussi!
En dix-sept ans de vie, elle n'avait jamais pu se représenter ses parents d'aucune façon.
Cette phrase nous a marquées car le fait que la jeune fille, Helen, n'ait apparemment pas vu ses parents de toute sa vie - ni en photographie ni réellement, et pour cause, ils sont décédés - est très émouvant car elle ne peut même pas les imaginer. Hélisa, Lisa et Romane
Il y avait à coup sûr une braise sur laquelle souffler avant que les ténèbres ne recouvrent tout à fait le monde.