Il y a quelques mois,
Michel Moutot m'avait emmené pêcher le saumon dans son dernier roman, America. Dans
Séquoias, c'est à la chasse qu'il m'a invité.
On est quand même resté dans l'eau, je vous préviens, parce que là, c'est la baleine qu'on a traquée.
Et si la pêche fut mémorable dans ma précédente lecture, que dire de cette chasse. Je n'étais pas très fier quand je suis monté pour la première fois sur une baleinière avec Mercator Flemming, le héros de ce roman, tout juste une douzaine d'années au compteur et déjà dans le grand bain.
Moutot vous dit tout, la navigation, la traque, la mise à mort, la découpe, le spermaceti, l'ambre gris (là, si vous voulez savoir de quoi je parle, je ne vous laisse pas d'autre solution que de lire ce bouquin).
Bien sûr, aujourd'hui, le massacre de ces animaux marins doit être condamné. C'est assez ! (Oui, j'ose).
En 1832 sur l'île de Nantucket (État du Massachusetts), quand commence ce récit, des familles entières vivaient du commerce de ce que l'on récupérait sur ces cétacés. C'est l'économie de toute une région qui dépendait de ce secteur.
Michel Moutot est un de ces écrivains qui vous entraînent dans des épopées magistrales, un de ces conteurs d'aventures avec un grand A.
Parce que son héros, on va le suivre sur plusieurs décennies, parce qu'il n'y a pas que les baleines, parce que bientôt la ruée vers l'or va créer l'euphorie et la folie, parce que l'El dorado, va conduire des hommes à construire des villes, parce que ces villes vont connaître la prospérité, l'ivresse et la décadence parfois, la violence souvent.
Mercator va risquer sa vie et celles de ceux qui l'accompagnent le jour où il pense avoir tout perdu.
Il va embarquer ses frères pour un voyage qui sera peut-être sans retour.
Il comprend bien vite son intérêt, ce qu'il doit entreprendre et les rêves qu'il doit abandonner.
Même si je n'aime pas comparer, ce livre peut rappeler, toutes proportions gardées, le
Moby Dick d'
Herman Melville, moi il m'a fait penser à Mille chevaux-vapeurs d'
Antonin Varenne que j'avais adoré, lui aussi.
Embarquez. Soyez prêt à affronter les éléments, les océans déchaînés, les monstres marins, les rigueurs de l'hiver, la violence des hommes. N'oubliez pas vos outils, pioches, pelles, tamis, batées ou, selon le camp que vous choisirez, celui des rêveurs ou celui des constructeurs, munissez-vous de haches et de scies, parce que ce roman, c'est aussi une histoire d'arbre et pas n'importe lequel, un géant... le séquoia, bien sûr.
Ce qui me plaît, dans ce roman, c'est que l'auteur nous fait vivre chaque scène au plus près, il détaille tout, on est dans l'action, on réussi vraiment à rentrer dans l'histoire.
Un vrai grand roman d'aventures, l'évasion est totale et que c'est bon à notre époque.