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Un roman historique parfaitement maîtrisé qui nous fait nous questionner sur le totalitarisme religieux.
1598. Un jeune carme espagnol se rend à Rome afin de prendre des "leçons d'inquisition". Zu cours de sa formation, il sera amené à vivre au plus près des inquisiteurs, dans la violence des interrogatoires, les vaines tentatives de ses pairs afin de retourner les hérétiques et les passages au bûcher. l'espagnol se voit octroyer le droit de suivre la dernière nuit d'un condamné : il rencontre Giodano Bruno. C'est cette expérience qui le fera douter...
J'ai beaucoup aimé ce court roman historique, qui nous replonge dans une triste réalité du christianisme. Une nouvelle preuve, s'il était nécessaire, que toute dérive totalitaire n'a pour seul effet que de scinder les populations et créer des extrémismes.
A méditer...
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C'est une longue lettre, une lettre de de 272 pages .
Celle qu'écrit d'Italie en 1600 à ses frères inquisiteurs restés à Avila, un moine espagnol venu prendre des leçons d'inquisition auprès du tribunal ecclésiastique de Rome.

Il y présente un bilan de ses 16 mois passés en compagnie des moines inquisiteurs italiens, de leurs pratiques pour amener à la repentance et l'abjuration ceux qui sont entre leurs mains, des différences entre les tortures infligées dans les deux pays, et dégage ainsi la spécificité des procédures qu'il a pu observer dans la ville papale .

Le frère espagnol va parachever son parcours initiatique - qu'on appellerait actuellement « stage de perfectionnement » - en se voyant autorisé à suivre la dernière nuit de Giordano Bruno (dont on peut voir actuellement la statue sur la place du Campo dei Fiori où s'élevaient les bûchers sur lesquels on brûlait les hérétiques). Malgré les sept ans de prison et de tortures, ce prêtre apostat, intellectuel hérétique, ne s'est jamais rétracté . En cette dernière nuit où selon la coutume italienne un inquisiteur l'accompagne et l'exhorte à renier ses certitudes, il renonce fièrement, calmement et obstinément à se repentir et à reconnaître ses fautes .
L'expérience de cette dernière nuit et de l'exécution publique au petit matin laissera des traces chez ce moine espagnol et ébranlera ses certitudes. L'objectivité du témoin et du chroniqueur laissera alors la place au regard critique du juge .

Inspiré de documents d'époque dont Márai signale l'origine, c'est une plongée dans l'univers violent, cruel , impitoyable de ceux qui sont convaincus qu'ils sont les bras armés de Dieu et qui n'ont que méfiance à l'égard de la diabolique invention récente de l'imprimerie. Elle permettrait la propagation d'écrits jugés pernicieux car menaçant la foi aveugle en provoquant « la terrifiante possibilité d'une réflexion indépendante »

Roman écrit par Sandor Márai en 1974 alors qu'il vit en exil en Italie, son oeuvre ayant été jugée bourgeoise et dangereuse par le pouvoir communiste hongrois .
Roman coup de poing, oppressant par son contenu qui entraîne le lecteur dans les coulisses de cette officine où les bourreaux opèrent au nom de Dieu, en toute bonne conscience, et roman souvent glaçant par la froideur apparemment détachée du compte-rendu précis et circonstancié que fait le moine de ce qu'il a observé .

Si sa lecture m'a semblé bien éprouvante car il y est fait mention de tortures dignes de l'Enfer de Jérôme Bosch, je l'ai trouvée néanmoins salutaire car même si l'Inquisition a disparu des pratiques de l'Eglise des Chrétiens, la peste de l'intolérance religieuse est toujours bien présente au nom d'autres Dieux, dans d'autres pays où, telle un phénix, elle renaît de ses cendres , y exerce sa barbarie et y étend ses ravages .
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Un livre à double entrée, si j'ose dire. C'est-à-dire à lire comme un roman historique et comme un roman traitant de tous les totalitarismes. le roman historique nous remémore un triste épisode de la renaissance, celui l'Inquisition et de son intransigeance, de ses méthodes radicales. Tout ce qui pense autrement est passible du bûcher. du coup, cela nous fait réfléchir à tout totalitarisme, de tous les temps. Chaque fois que la pensée est un danger pour le pouvoir en place. Danger si menaçant que l'autre, n'est plus un être humain, mais une pensée à juguler, à faire taire à tout jamais.
Un roman qui commence à dater déjà de part sa parution, mais pas dans son propos hélas encore d'actualité. Il est servi par une traduction sans faille, ce dont nous sommes reconnaissant.
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. Il s'agit d'un roman très bien documenté, pas du tout romanesque où le héros évolue parmi des gens d'église. Si vous vous intéressez à l'histoire de l'Europe au 16e siècle, ce livre vous passionnera. Personnellement, j'ai apprécié de pouvoir observer l'inquiétude fondamentale des hommes du 16es : le salut de l'âme (la leur et celle des autres) et cette manie intemporelle de croire que l'on détient la vérité absolue qu'il faut imposer aux autres pour leur bien.
Lien : https://chrisylitterature.jo..
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Témoignage glaçant sur le rôle de l'Inquisition, cette volonté forcenée de faire le salut de l'individu malgré lui, cette idée fixe que le catholicisme est la seule vérité, avec une espèce de "bonne foi" désarmante (enfin pas tout à fait !). Et ce doute qui grandit pour une minorité : rien ne sert d'exterminer les hérétiques, il restera toujours quelqu'un pour penser librement. Un bémol quant à la forme : pour une lettre, c'est vraiment long, d'autant qu'il n'y a pas de chapitres.
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Quoiqu' écrit en 1974, ce livre de Sandor Maraï reste d'une actualité brûlante. le narrateur, un petit moine d'Avila, part s'enquérir des méthodes utilisées par les Inquisiteurs romains. Il assiste, ce faisant, au supplice de Giordano Bruno, brûlé vif pour avoir dénoncé la corruption du Pouvoir. Un prétexte pour nous faire toucher du doigt le poids irrépressible des déterminismes historiques accablant l'humanité, depuis la chasse aux hérétiques et aux sorcières jusqu' aux totalitarismes du XXème siècle... et aux fanatiques de Daech. Ce livre constitue un vibrant plaidoyer en faveur de la connaissance, " seule force capable de surpasser celle de toutes les puissances dans leur volonté d'anéantir la résistance de l'Intelligence" (p.72). Rédigé sous la forme d'une lettre adressée à ses anciens compagnons du Carme d'Avila, pétri de sagesse sociale et pourfendeur des langues de bois, limpide et concis, ce livre bouleversant se lit en un éclair et marque son lecteur.
Lien : http://livrescritique.blog4e..
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"La nuit du bûcher" est la transcription d'une longue lettre que le narrateur, inquisiteur castillan de l'ordre des Carmélites, écrit à l'un de ses "frères" depuis son exil genevois. Il n'indiquera les raisons de cet exil qu'à la fin de sa missive. Auparavant, il revient sur le séjour qu'il fit à Rome à la charnière des seizième et dix-septième siècle. Pendant seize mois, il y fut accueilli par ses pairs de l'oratoire de San Giovanni Decolatto, où il s'instruisit des méthodes romaines en matière de lutte contre l'hérésie, en quête notamment de méthodes permettant de s'assurer de la sincérité de la conversion des apostats. L'étape ultime de son apprentissage lui permit d'assister, à la veille d'une giustizia, aux efforts déployés par les confortatori pour amener le condamné à un repentir total et authentique.

Le narrateur, acquis à la cause inquisitoriale, s'exprime avec la certitude de qui suit l'unique voie admissible, persuadé, sans réserve ni distance, du bien-fondé du dogme imposé par le Saint-Office. Ses échanges avec ses hôtes, qu'il dépeint comme des hommes d'une grande bonté, furent l'occasion d'étudier leurs méthodes de conversion ou de mise à mort, les comparant parfois aux pratiques espagnoles, de comprendre l'importance de les adapter au type d'hérésie et surtout à l'intensité du repentir. Il les écouta disserter avec pragmatisme sur la pertinence d'immoler avant ou après une pendaison, de faire durer le supplice, de torturer ou non, expliquer comment couvrir les frais élevés engendrés par les giustizie, se régalant à l'occasion du récit d'anciens décrivant la différence entre le bruit du grésillement de la peau humaine et celui de la peau animale...

Ce mélange de prosaïsme et d'extrême violence est glaçant, tout comme la froideur quasi scientifique avec laquelle le narrateur, dont on se sent très éloigné, dévide les détails de son apprentissage rend la lecture presque pénible. On est atterré jusqu'à la nausée par la tranquille assurance de ces hommes se réclamant de Dieu, convaincus de rendre service à ces âmes égarées que représentent les hérétiques...

Le contexte de "La nuit du bûcher" -celui d'une Inquisition que la signature récente de l'Edit de Nantes incite à un regain de zèle-, est un prétexte que l'auteur utilise pour bâtir un réquisitoire contre toute forme de totalitarisme, dont on reconnait aisément les caractéristiques. Basée sur l'opposition entre la Foi et l'intelligence, sur la volonté d'annihilation du libre arbitre, d'anéantissement de tout doute et de toute résistance, l'Inquisition, portée par une forme de paranoïa consistant à "démasquer à temps les intentions suspectes tapies dans les recoins secrets des solidarités familiales", s'appuie à la fois sur une organisation méthodique et sur le règne de la peur, sur le devoir de délation (notamment au sein des familles), sur l'interdiction des livres allant à l'encontre du dogme, hautement dangereux car susceptibles de propager à grande échelle des idées subversives, de provoquer la terrifiante possibilité d'une réflexion indépendante... La connaissance est considérée comme un péché, l'ignorance comme sainte.

L'allusion, notamment, aux totalitarismes du XXème siècle devient limpide quand le padre Alessandro, responsable de l'oratoire de San Giovanni Decolatto, évoque, comme une terrifiante prophétie, la nécessité de regrouper tous les suspects du péché d'hérésie, "à cause de leur origine ou pour d'autres raisons", dans des champs clos par des barrières de fer...

Notre narrateur quant à lui voit finalement ses certitudes vaciller face à la résistance du prêtre Giordano Bruno aux tentatives des confortatori pour le convertir, à la veille de son immolation. Une résistance qui le plonge dans l'effroi non parce qu'elle remet en cause le bien-fondé de ses croyances, mais parce qu'elle lui fait réaliser qu'il est utopique et insensé d'imaginer pouvoir éradiquer la liberté de pensée inhérente à l'esprit humain.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Dans La nuit du bûcher de Sandor Marai paru aux éditions Albin Michel, nous sommes à Rome en 1598 au temps de l'Inquisition.
Le narrateur qui écrit à un des frères de son ordre est un moine espagnol du monastère des Carmes d'Avila. On sait dès la première page qu'il ne reviendra jamais à Avila.

Inquisiteur, il est envoyé à Rome par son supérieur pour prendre des leçons auprès du Saint-Office catholique romain. L'inquisition espagnole, en effet, pourtant zélée comme chacun sait, accusait un peu de retard par rapport à Rome dans la chasse des hérétiques et leur punition. C'est avec beaucoup de sérieux et de conviction que notre jeune moine s'instruit. Pendant ces deux années d'étude, les tortures, la manière d'obtenir des rétractations et des repentirs, et les différentes façons de brûler les impies, n'ont plus de secrets pour lui. C'est ainsi qu'il aide les inquisiteurs romains et "les confortateurs", laïcs qui les assistent, à sauver l'âme des hérétiques en livrant leur corps à la flamme du bûcher pour les purifier. L'ombre de Torquemada règne sur eux et ils sont persuadés de venir en aide au supplicié en l'arrachant à l'hérésie et donc à la damnation. Les autodafés leur apportent à tous le réconfort du devoir accompli. Et pourtant le jour où le narrateur voit brûler Giordano Bruno*, il sait qu'il ne pourra plus reprendre la vie monastique à Avila au sein de l'Inquisition espagnole. Il nous reste à apprendre pourquoi.
le roman est donc une dénonciation des horribles pratiques de l'Inquisition. La violence est soulignée par la sérénité et la bonne conscience des inquisiteurs et de leurs complices. Mais bien vite, sous la description de ce fanatisme religieux, apparaît au second degré, la dénonciation des totalitarismes vécus par Sandor Marai, du nazisme au stalinisme.

L'habileté de Sandor Marai - qui fait la force du roman- est nous faire découvrir l'Inquisition non par l'intermédiaire d'un détracteur mais au contraire par quelqu'un qui y adhère entièrement ! D'où une ironie féroce qui frappe le lecteur de plein fouet quand le narrateur s'extasie sur les mérites supérieurs de l'Inquisition romaine par rapport à l'espagnole et sur la perfection du système mis en place pour encourager la délation, les souffrances des prisonniers, et l'interdiction de penser par soi-même!
Ce roman passionnant se termine par une très belle déclaration sur la liberté dans laquelle Sandor Marai exprime sa foi en l'homme et dans le triomphe de la pensée.
« Il est à craindre que tant qu'un tel homme* existe quelque part, il soit vain de faire frire les autres sur le gril, de les cuire dans l'huile et de les casser sur la roue. J'avais appris que la Sainte Cause était plus important que tout, qu'il fallait un Seul Berger et un Seul Troupeau. Mais c'était avant d'être frappé comme par la foudre par un doute effrayant : un homme peut compter plus qu'un troupeau »

* Giordano Bruno : La photographie de la première de couverture aux éditions Albin Michel représente sa statue érigée sur le campo del Fiori à l'endroit où il a été brûlée comme hérétique en 1600.
Giordano Bruno est un ancien dominicain, humaniste et philosophe, proche des idées de Copernic, il publie des écrits jugés blasphématoires. Torturé, gardé prisonnier pendant huit ans, il n'accepte pas de de rétracter et meurt sur le bûcher .
Lien : https://claudialucia-malibra..
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La Nuit du bûcher est une lecture âpre. Il y a une forme d'acharnement à suivre cet inquisiteur espagnol s'initier aux méthodes et pratiques de ses confrères romains, jusqu'à l'exécution de Giordanno Bruno. C'est étourdissant et implacable. Pour renforcer la sensation d'étouffement, il y a peu de respiration, pas de chapitres. La mise en abîme est telle qu'on se sent solidaire des hérétiques, prisonnier d'un système où le fait même d'être accusé rend coupable. Il est alors tentant de chercher des analogies dans ce schéma de pensée totalitaire et ceux du XXème siècle, mais malheureusement la fin du roman - décevante - invite à la prudence sur ce terrain.
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Rome, 1598. L'Inquisition bat son plein. Un carme d'Avila arrive à Rome pour parfaire sa formation dans le but d'obtenir dans les règles le repentir public des condamnées. A travers son regard, on suit les méthodes des Inquisiteurs qui emprisonnent et torturent les hérétiques pour les amener à se repentir et à accepter le bûcher qui les amène au Paradis. L'Eglise, dans sa grande bonté, pardonne ainsi à ces renégats…L'Idéologie totalitaire broie la volonté et la dignité humaine. Ce roman appelle à la vigilance. MB
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