Citations sur Un été dans la Sierra (53)
Il [John Muir] proposait un idéal de vie, tout à la fois intellectuel et au plus près des forces vives de la création, là où le paysage devenait la géographie même d’un voyage spirituel… (Michel Le Bris)
Quand je songe aux tourments que nous avons endurés le mois dernier, uniquement parce que nous manquions de farine ! L’homme paraît avoir plus de mal à se nourrir que toutes les autres créatures du Seigneur. Car dans bien des villes, c’est pour beaucoup une lutte qui consume leur vie entière ; et pour d’autres, le danger de se trouver à court est si grand qu’ils forment la mortelle habitude d’accumuler éternellement en prévision de l’avenir, laquelle habitude étouffe toute vie véritable et se poursuit longtemps après que tout besoin raisonnable a été plus qu’assouvi.
On s'imagine qu'un cœur semblable au nôtre doit sûrement battre au fond de tous les cristaux ,de toutes les cellules ,et on a envie de s'arrêter pour parler aux plantes et aux animaux ,comme on parlerait à d'autres montagnards amicaux.
Perché comme une mouche sur ce dôme de la vallée de Yosemite, je contemple, je dessine, je me prélasse, me laissant bien souvent aller à une muette admiration, sans espoir précis d’apprendre quelque chose, mais animé pourtant par l’effort impatient, inlassable qui gît devant la porte de l’espoir, humblement prosterné devant le vaste étalage de la puissance de Dieu, et désireux d’offrir l’abnégation et la renonciation, accompagnées d’un labeur éternel, à seule fin d’apprendre une leçon, n’importe laquelle, du divin manuscrit.
Si je regarde en arrière, à travers l'immobilité, la beauté romantique et enchanteresse, la paix du bosquet où nous campons, ce mois de juin m'apparaît comme le plus superbe de tous les mois de ma vie, le plus vraiment, le plus divinement libre; il n'a plus de limite que l'éternité, il est immortel. Tout ce qui le compose me semble également sublime - c'est un transport uniforme, pur, effréné d'amour divin, que rien dans le passé ou le futur ne pourra jamais ni effacer ni brouiller.
Aussi longtemps que je vivrai, j'entendrai les chutes d'eau, le chant des oiseaux et du vent, j'apprendrai le langage des roches, le grondement des orages et avalanches. Je me livrerai aux glaciers et aux fleuves sauvages et je resterai aussi près que possible du coeur du monde. Et qu'importe la faim, le froid, les travaux difficiles, la pauvreté, la solitude, les besoins d'argent, le souci d'être connu ou de se marier!
Nous sommes dans la montagne et la montagne est en nous, dans chacun de nos nerfs, pénétrant par chacun de nos pores, et notre corps, alors, devient transparent comme du verre à la beauté qui l'environne, comme s'il en était devenu une partie, vibrant avec l'air et les arbres, les courants et les rochers, dans les vagues du soleil -- une partie de la Nature, non plus vieille ou jeune, saine ou malade, mais immortelle.
Poison oak or poison ivy (...) like most other things not apparently useful to man, it has few friends, and the blind question "Why was it made?" goes on and on with never a guess that first of all it might have been made for itself.
Chaque journée s’ouvre et se ferme comme une fleur, sans bruit et sans effort. Une paix divine nimbe tout ce majestueux paysage.
Baigner dans une pareille beauté, étudier les expressions qui varient sans cesse sur le visage des montagnes, contempler les étoiles, qui possèdent ici un éclat dont l’habitant des plaines ne peut même pas rêver, surveiller le cycle des saisons, écouter les chansons des eaux, du vent et des oiseaux, tout cela me serait un infini plaisir.