Dans un article paru dans le Monde (06.09.2019) j'ai appris l'origine de son nom : «
Mukasonga. Votre prénom rwandais est devenu un nom de famille en France. Il vient du cri de ras-le-bol poussé par mon père à ma naissance.
Mukasonga est un prénom qui signifie en kinyarwanda : « Encore une fille ! »J'arrivais après deux filles, ce qui n'est pas la meilleure place dans une fratrie. Au Rwanda, avoir une fille est souhaité à deux places bien précises : au rang d'aînée, pour qu'elle aide la maman au quotidien, et comme petite dernière, car on espère qu'elle deviendra le bâton de vieillesse des parents. En kinyarwanda, « muka » signifie « femme de » et « songa » désigne le point culminant de la colline ».
Roman autobiographique, hommage à sa famille, en particulier à sa mère Stefania, aux disparus du Rwanda et tout particulièrement de Nyamata. C'est un devoir de mémoire si je puis dire. Dans ce livre elle nous parle de sa mère et de sa préoccupation première : tout faire pour protéger et cacher ses enfants en cas d'attaque, assurer la survie de ses enfants.
Dans ce roman elle nous décrit la vie dans les camps, les travaux des champs, la culture et les multiples utilisations du sorgho blanc ou rouge,( la bière, les montures de lunettes, les poupées,), le respect des traditions ancestrales, la peur des soldats, la perdurance des valeurs fondamentales, les plantes médicinales, les recettes et les formules pour soigner; l'importance des voisins et des voisines, la culture locale, les traditions relatives au mariage. L'importance donnée aux vaches, au pain.. La façon dont Stefania a construit son « inzu » pour vivre comme avant. Elle nous parle du rôle de la mère dans la famille traditionnelle, la façon de vivre, les coutumes, les croyances, la communication avec les esprits. Elle fait revivre le Rwanda d'avant le génocide, à une époque où la guerre entre les Tutsis et les Hutu était déclarée, ses souvenirs d'enfance. C'est aussi la transmission orale faite par sa mère à ses enfants, comme c'était la coutume. Elle souligne la qualité de conteuse, de passeuse d'histoire de sa mère. Sa mère étant une « marieuse réputée», elle explique aussi les traditions relatives au mariage et au choix de l'épouse ; les critères de beauté sont extrêmement intéressants (la vache est la référence) et j'ai aussi adoré le passage sur l'importance des pieds.
C'est aussi la description de la façon dont les blancs se conduisent ; si tu ne te convertis pas au catholicisme, pas de prénom chrétien et donc… pas d'école.
Malgré le thème dur et dramatique, c'est une vie familiale qui transpire l'amour que nous transmet une survivante. Superbe témoignage qui a de plus un caractère particulier car elle emploie les mots de là-bas et que cela crée toute l'ambiance... Acheter le kalifuma chez le magendu… (pour info : le kalifuma ou Mirabilis jalapa ou la Belle de nuit a des propriétés antispasmodiques anti-fongique, antibactérien, antimicrobien et anti-virale)
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