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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
«  Tout ce que j'ai , je le porte sur moi ».
«  Je sais que tu reviendras. »
Deux extraits de ce récit sombre qui évoque le quotidien de Léopold , jeune roumain germanophone , 17 ans, soupçonné avec ses parents d'avoir soutenu l'Allemagne nazie pendant la guerre.

«  Ma mère et surtout mon père croyaient à la beauté des nattes blondes et des chaussettes blanches, au rectangle noir de de la moustache d'Hitler..... ».

Il a préparé sa petite valise , des affaires chaudes, quelques livres.
Il reçoit les mots de sa grand - mère , évoqués plus haut, comme un viatique ...

Construit à l'aide de chapitres très courts ce récit nous conte le quotidien terrifiant de ces années de froid , de faim, de découragement qui tuent au sein de ce camp de travail en Russie..
L'auteure dans un style très particulier:
marquant , à la fois poétique et réaliste , son écriture ciselée , sèche, puissante , maîtrisée et surprenante , ses images symboliques fortes donne corps à l'usine de charbon, la cimenterie , la tuilerie ,la coke, les terrils, la toxicité des substances chimiques, les travaux forcés , le combat de chaque jour , la sous alimentation, le piège du pain, la faim inexorable qui ne lâche pas prise, les rêves éveillés , la faculté de transcender le réel, l'illuminer de l'intérieur , «  La faim voyage dans le corps d'un ange » , le corps qui réclame, l'esprit qui déraille parfois , les parasites, les maladies consécutives à la faim.:
«  Dépendance aux substances chimiques : Je me convainquais de l'existence de rues odorantes', ce qui était agréable, c'était d'avoir des «  Mots » pour y échapper , comme il y avait des Mots de la faim ou de la nourriture , à la fois , une nécessité et une torture ... »
C'est une narration subtile à portée universelle qui décrit de façon magistrale , par la force de son écriture si singulière une horreur de notre histoire, celle de la condition humaine , jusqu'où peut aller l'horreur ...

«  Mon crâne est un terrain , celui d'un camp , je ne peux pas en parler autrement .Impossible de se protéger , que ce soit par le silence , ou le récit.
On pourrait dire : «  J'y ai été » .
«  Mon retour à la maison est un bonheur rabougri, une toupie de survie ... »
On lit ce livre , on reste sans voix, le souffle coupé...

Je l'avais déjà lu en 2010, sans en mesurer la portée ...ni la magie du style.

A ne pas lire peut - être en cette période festive ....

La première de couverture est jolie et le titre de même .
Pas facile de commenter un tel livre.....


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Comme chaque fois, Herta Müller me laisse sans voix. La bouche sèche de mots, de soif, de faim, le coeur comme asséché d'une écriture ciselée au plus proche du nécessaire. Dans La bascule du souffle, d'abord projet à quatre mains avec le poète Oskar Pastior, Herta Mûller donne à l'expérience concentrationnaire une vie propre, au-delà de la question de la survie ou de la dignité. Car tout s'incarne ici dans une cosmogonie particulière au camp. le ciment prend vie, le pain un personnage, et l'ange de la faim domine l'expérience, au plus profond des corps et des âmes. Ainsi, en donnant à cet étrange réel une existence poétique, Herta Mûller ne semble pas placer l'individu au centre. Elle n'explore pas non plus les humiliations ou les tactiques de survie. Elle analyse comment l'homme fait front, face au ciment qui s'insinue, face à l'ange de la faim qui rôde, dans une autre réalité, qui par l'imaginaire en devient plus glaçante.
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Roumanie 1945 : la population germanique soupçonnée de nazisme est envoyée dans des camps de travail en Russie. Parmi ces hommes et ces femmes, un jeune garçon Leopold. Il survivra dans cet univers concentrationnaire 5 ans et heureusement on le sait dès le début. Il retrace un quotidien épouvantable : travaux de force, humiliations, appels du soir interminables et par-dessus tout la faim et la nostalgie de son pays. Mais ces souffrances, il les dépasse en transfigurant le réel . Il s'adresse directement à "l'ange de la faim", personnifie les objets ("la pelle du coeur") et les différents matériaux qu'il doit porter, transporter, travailler. Par l'emploi de la métaphore et de la poésie, l'autrice transforme l'horreur en beauté.
Ce roman renvoie à une part d'histoire qu'il ne faut pas oublier et qui résonne étrangement aujourd'hui.
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J'ai toujours un peu de mal à me souvenir qu'avant la seconde guerre, les pays n'étaient pas habités que de nationaux. Les Allemands étaient répartis sur différents pays dont la Roumanie, pays qui s'associa à Hitler. Quand la guerre fut terminée, la Roumanie étaient du mauvais côté du manche et tomba dans l'escarcelle de l'URSS. Pays traitre , les Allemands de Roumanie- traitres parmi les traitres- devaient payer.

Le régime soviétique et son grand chef ont fait ce qu'ils savaient faire très bien, des camps de travail forcé. Des camps, encore des camps, des prisonniers, usés,exploités, sous-nourris ,malades ....de quoi a été fait l'essor de l'URSS....

L'auteur nous offre, dans une très belle écriture, le témoignage d'un jeune homme, qui au travers de courts chapitres, dévoile la réalité, la misère, la petitesse et la dureté de ces années de camp.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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1945-1950 : Cinq ans de paix. Pour Léopold, âge de 17 ans, cinq ans de camp de travail forcé. Faisant partie de la communauté Allemande de Roumanie, il sera déporté pour contribuer à l'effort de reconstruction de l'Union soviétique, comme le seront tous ceux de sa communauté âgés de 17 à 45 ans. Il devra supporter la présence de l'ange de la faim. Celui qui lui fera manger l'immangeable, celui qui le fera rêver à la plénitude, celui qui sans cesse le promènera au bord du gouffre du manque. L'ange de la faim a-t-il été son gardien ? L'écriture d'Herta Müller est tranchante, et cisèle la dalle de béton sur laquelle Léopold est jeté. La raison se déshumanise, les objets s'humanisent. Là réside toute l'écriture poétique de l'auteure.Comment écrire l'indicible? Comment dire le retour, la frontière qui se dresse entre ceux qui "y étaient " et ceux qui ne peuvent pas imaginer ? Qui revient, quel est cette part qui ne revient jamais, qui est cet autre qui prend place dans le manque de nous ? Un témoignage bouleversant.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Quoi ajouter à la critique précédente.
Un style très poétique pour découvrir l'hoeeur de la vie dans les camps de déportés.
Le héros de ce roman trouve refuge dans la poésie la contemplation de la nature et devient philosophe aucune haine.
J'ai beaucoup aimé la façon de nommer les sentiments les choses avec des noms se rapprochant de l'humain
J'espère ne jamais faire connaissance avec "l'ange de la faim"
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La bascule du souffle/Herta Müller / Prix Nobel 2009
Cette chronique terrifiante est la relation d'une histoire vraie qui commence en janvier 1945. Nous sommes en Roumanie où vit une population germanophone établie dans la région de Transylvanie. Une déportation est annoncée puis imposée par l'allié soviétique de la Roumanie, car l'URSS soupçonne ces gens d'avoir soutenu les nazis pendant la guerre.
le narrateur, un jeune homme de dix sept ans répondant au nom de Léopold, est sur la liste des personnes recensées. Il prépare donc ses affaires et attend la police roumaine qui l'embarque dans la nuit et le froid de cet hiver glacial de 1945. Sa grand-mère, lui faisant ses adieux lui affirme qu'elle sait qu'il reviendra des camps.
Enrôlé dans une usine de charbon, puis à la tuilerie, la cimenterie et toutes sortes de travaux forcés, le jeune homme doit se contenter d'un morceau de pain et de deux soupes par jour. le froid, la faim, les poux, la dysenterie, sont le quotidien de Léopold durant cinq ans dans ce camp de travail situé en Russie. La faim en particulier est une obsession, et en guise de cerveau, il n'a plus dans la tête que l'écho de la faim ; il n'y a pas de mots adéquats pour dire la souffrance de la faim. Avec la conséquence : quand la chair a disparu, porter ses nos devient un fardeau qui enfonce dans le sol… « C'était le temps de la peau sur les os, et celui, éternel, de la soupe aux choux, le matin au réveil et le soir après l'appel… Tout ce que je faisais crevait la faim, chaque objet évoquait les dimensions de ma faim… » le froid piquait, la faim trompait, la fatigue pesait, le mal du pays rongeait, les punaises et les poux mordaient.
Léopold se souvient en relatant ses souffrances et son découragement, et vingt cinq ans plus tard, il craint encore l'État et aussi sa famille car il cache un secret qui passe aux yeux du monde d'alors et sur le plan strictement physique, comme étant une vraie turpitude : son homosexualité. Soixante ans après, en écrivant ses mémoires, Léopold se souvient de beaucoup de ses congénères déportés et les cite. Beaucoup d'Allemands moururent durant les hivers avec le froid, les étés avec les épidémies :
« le premier à découvrir un corps doit être débrouillard et le déshabiller vite tant qu'il est encore souple, et avant qu'un autre ne prenne ses habits. Il s'agit d'être le premier à rafler le pain que le mort a mis de côté dans son oreiller. Dépouiller un mort est notre façon de le pleurer. À l'arrivée de la civière, la direction du camp ne doit avoir qu'un cadavre à emporter… Tout l'hiver, on a empilé les morts dans l'arrière cour : on les a recouverts de neige, on les a fait durcir plusieurs nuits d'affilée. Les fossoyeurs, ces paresseux, ces saligauds, ils découpent les cadavres à la hache pour ne pas avoir à creuser de tombes, mais de simples trous. »
La libération intervint en 1950. Retour au pays d'abord puis émigration en Autriche pour Léopold.
D'un point de vue historique, il faut savoir qu'à l'été 1944, une grande partie de la Roumanie alors alliée de l'Allemagne nazie est occupée par l'Armée Rouge. Ensuite, après l'exécution du dictateur fasciste Antonescu, la Roumanie déclare la guerre à l'Allemagne nazie. En 1945, Staline et Vinogradov obtiennent des Roumains que les Allemands vivant en Roumanie viennent oeuvrer pour la reconstruction de l'URSS détruite par la guerre. Tous les hommes et femmes de dix sept à quarante cinq ans furent déportés dans des camps de travaux forcés. La mère de l'auteure y a passé cinq ans. Son témoignage avec celui d'autres déportés a permis d'écrire ce livre publié en 2009. Herta Müller est née 1953 en Roumanie au sein de la minorité germanophone et vit en Allemagne depuis 1987.
Ce livre est avant tout un témoignage minutieux d'un fait de guerre peu connu, un tabou historique pourrait-on dire, une chronique terrifiante. On peut apprécier la part historique du récit, mais trop de longueurs viennent ennuyer épisodiquement le lecteur, et l'auteure, à mon sens, n'a pas su nous rendre Léopold sympathique. Cependant, la valeur documentaire du texte est indéniable.


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La couverture et le titre du livre sont particulièrement en cohérence avec le récit. Parce que l'auteur joue est à la limite entre la poésie et le drame (fleur, froid), elle nous tient sur le fil entre le rêve et la réalité, à deux doigts de la bascule dans l'horreur.
Herta Müller a choisi un thème qui la touche particulièrement puisqu'elle fait raconter à Léo ses cinq années de détention dans un camp de travail en Russie. Effectivement, à la fin de la guerre, les Russes ont envoyé en camp de travail les allemands de Roumanie. ce fut le cas de la mère de Herta et d'un ami, le poète Oskar Pastior. C'est grâce à eux que Herta Müller a pu concrétiser ce récit.
Bien entendu, elle témoigne de la difficulté de vie dans ces camps (la faim, les poux, le froid, les travaux pénibles et dangereux, la mort) mais ses descriptions longues et poétiques favorisent l'optimisme;
Même la faim omniprésente est personnifiée en ange.
Léo est un être courageux. Il se remémore sans cesse la phrase de sa grand-mère "Tu reviendras". Son seul sentiment négatif naît lorsqu'il apprend la naissance de son frère, jaloux que sa mère lui ait substitué un fils.
Quand il est enfin libéré, on comprend toute la difficulté de la réinsertion. Il est difficile de retrouver une vie normale, d'avoir un rapport sain avec la nourriture. Une autre phrase le hante alors "J'y ai été".
Je souhaitais découvrir cette auteure, à la suite de son Prix Nobel et je suis ravie d'avoir lu cette finesse d'écriture, ce style poétique et onirique, cette bascule fragile entre la réalité et l'espoir.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Au sortir de la seconde guerre mondiale, les roumains germanophones sont suspects, aux yeux du pouvoir soviétique, d'avoir soutenus les nazis. Ils sont donc nombreux à être envoyés en camp de travail où ils connaîtront la faim et les mauvais traitements.
Nous suivons Léopold qui n'a que 17 ans quand il est déporté. Pendant cinq années, nous l'accompagnons dans toutes ces activités quotidiennes, toujours tiraillé par la faim. A son retour, amer de son expérience et de la vie qui a continué sans lui dans son pays, il aura beaucoup de mal à reprendre une activité normale. Un livre précis et émouvant qui met en lumière un fait méconnu de l'histoire roumaine.
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La "prix Nobel" Herta Müller est fille de déporté et souhaitait raconter la vie en déportation, en sa compagnie, du poète roumano-allemand Pastior. Son décès l'a obligée à s'y atteler seul.
La faim est omniprésente dans ce livre mais le désir de vivre et l'humanité des déportés rendent le livre saisissant avec un style sobre mais incisif, le tout avec des chapitres courts.
Lecture exigeante mais édifiante
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