Face à lui s'étendait un monde de lacs, de rivières, de rapides, de cascades et de torrents, de rochers, de falaises, de chutes. Le spectacle était d'une beauté insensée sous le ciel violacé aux franges de pourpres et de roses qui n'allait pas tarder à tenir les promesses du matin.
La forêt dans la nuit formait une masse compacte dans laquelle Walden voyait un abîme de ténèbres, que couronnait, très haut, un banc de nuages imbibé par la lumière ténue d'une lune invisible, telle une veilleuse dans une chambre nocturne.
La forêt lui donnait l'impression d'ouvrir une bouche vorace, prête à engloutir la bicoque de rondins.
En vérité, ce silence n'était pas complet. Les morceaux de bois que le feu n'avait pas encore réduits en cendres émettaient de temps à autre des craquements ou de brefs bouillonnements de sève. Les rondins qui composaient les murs semblaient eux-mêmes animés d'une vie propre et Walden avait parfois l'impression de percevoir leurs soupirs.
Papa te protège pour mieux t’abandonner, mon enfant.
-Je vous ai sauvé la vie, alors!
-Non. Tu m'as volé ma mort.
Il croyait encore que son père lui faisait une mauvaise blague ou sans doute s'était mis en tête de lui infliger une leçon.
- Mon père m'a laissé dans une cabane, répondit Walden. Je croyais qu'il allait revenir me chercher, mais il n'est pas revenu.
On écrit plus ce genre de conte depuis deux siècles, mon petit. p.159
Lorsqu'on s'attend au pire, on ne peut être ni surpris ni déçu .
- N'en demande pas trop à ce pigeon. Si tu te perds en forêt, il n'ira pas te chercher.