Le coeur et le chaos
(Tu es officiellement mon auteure préférée numéro 2 chez Julliard
Après
Sagan ?
Euh... Non, alors mon auteure vivante favorite numéro 2
Qui est numéro 1 ?
Philippe Jaenada of course)
Je me devais de commencer par cette parenthèse mais là n'est pas le vrai sujet de cette chronique
Le vrai sujet est le roman de
Jennifer Murzeau,
le coeur et le chaos
Sur fond de réchauffement climatique, manifestations, violences, pénuries, Jennifer nous embarque dans la vie de 5 personnages (Oui, je sais, la quatrième de couv' n'en évoque que 3 mais, patience, tu vas comprendre)(Non je ne multiplie pas les personnages comme Jésus les petits pains)
Iris tente désespérément du haut de ses 90 ans de retenir sa mémoire qui s'étiole. Elle alterne réalité et brume opaque, aimerait pouvoir diriger sa mort comme elle a dirigé sa vie, en opérant elle-même ses propres choix
Alice est empêtrée dans une vie trop rangée pour elle. Elle exsude cette existence qui l'empoisonne par des relations sans lendemain, à l'image de sa fuite d'une réalité oppressante
Aurélien se nourrit de tek, de combines et d'idéaux mais force est de constater que livrer des repas n'est pas le meilleur moyen de faire autre chose que vaguement survivre
Et puis, il y a Paris. Sa beauté, sa démesure, sa vie des rues et sa vie des toits. Il y a quelque temps, l'auteure confiait que l'architecture de la ville lui semblait
toxique et écrasante. Elle nous emporte dans une virée en hauteur pour contempler un futur proche composé de chaleur, pénuries et manifestations. Paris est et sera toujours et à la fois Paris n'est plus
Enfin, l'atmosphère. Sorte de fog tout droit importé de Londres et qui pénètre jusqu'à l'os. L'écriture est cinématographique, sensorielle, de la poisse de la canicule, la peur face à l'excitation et au soulèvement de la foule jusqu'à l'énergie vitale, sexuelle, animale, celle qui fait danser, aimer, vivre et mourir
En s'éloignant de l'auto-fiction tout en s'approchant encore plus du coeur du sujet de son précédent livre, c'est comme si tout ce que l'auteure a dans les tripes s'était révélé dans la fiction même
Jennifer Murzeau sert tout cela à même le sol, pas question de couverts, on plonge les doigts, on saisit la chair à pleines mains et on engouffre le tout, avec le jus qui dégouline aux commissures,
le coeur. Et le chaos
Lien :
https://www.instagram.com/p/..