Épilogue
( ...) je voulais raconter sous forme romancée les derniers jours de Nathan Fawles sur l'île Beaumont." C'est une très mauvaise idée ", s'inquiéta Jasper." Ce n'est pas une biographie ni un ouvrage intrusif, tentai-je de le rassurer, c'est une fiction inspirée par la figure de Fawles.J'ai déjà le titre:" La Vie secrète des
écrivains. "
Jasper resta de marbre. Je n'étais pas venu chercher sa bénédiction, mais ça m' embêtait de le quitter sur un froid." Je n'ai pas envie d'écrire sur rien d'autre, dis-je encore.
Pour un romancier, rien n'est plus douloureux que de porter en soi une histoire et de ne pas pouvoir la raconter." Cette fois, Jasper hocha la tête. " Je comprends ", dit-il avant de me lancer la tirade qu'il servait à la presse:" Le mystère Nathan Fawles, c'est qu'il n'y a pas de mystère. "
" Ne vous en faites pas, répondis- je.Je vais en inventer un, c'est mon boulot."
( Calmann- Lévy, 2019, p. 333 )
Alexandre Dumas, qui a gagné beaucoup avant de tout perdre, et qui rappelait justement que l’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître.
La première qualité d'un écrivain était de savoir captiver son lecteur par une bonne histoire. Un récit capable de l'arracher à son existence pour le projeter au cœur de l'intimité et de la vérité des personnages.
Je ne pouvais pas m'enfuir. Partir, c'était déchoir et renoncer à tout ce que je croyais.
L'essentiel, c'est la sève qui irrigue ton histoire. Celle qui doit te posséder et te parcourir comme un courant électrique. Celle qui doit te brûler les veines pour que tu ne puisses plus faire autrement que d'aller au bout de ton roman comme si ta vie en dépendait. C'est ça, écrire. C'est ça qui fera que ton lecteur sera captif, immergé, et qu'il perdra ses repères pour se laisser engloutir comme tu l'as toi-même été.
Peut-être Dufy avait-il raison, mais personnellement, je pensais exactement le contraire : le style n’était pas une fin en soi. La première qualité d’un écrivain était de savoir captiver son lecteur par une bonne histoire. Un récit capable de l’arracher à son existence pour le projeter au cœur de l’intimité et de la vérité des personnages. Le style n’était que le moyen d’innerver la narration et de la rendre vibrante.
Par son écriture unique, Fawles me semblait s'adresser directement à moi.Ses romans étaient fluides, vivants, intenses. Moi qui ne suis pourtant fan de personne, j'avais lu et relu ses livres car ils me parlaient de moi, de la relation aux autres, de la difficulté à tenir le gouvernail de sa vie, de la vulnérabilité des hommes et de la fragilité de notre existence.Ils me donnaient de la force et décuplaient mon envie d'écrire.
( p.29)
...Vous savez très bien que le succès repose sur un malentendu. C'est Duras qui disait ça, non ? Ou Malraux peut-être. Au-delà de trente mille exemplaire, c'est un malentendu...
Il n'y a pas de méthodes, de règles, de parcours fléchés. Chaque fois que vous débutez un nouveau roman, c'est le saut dans l'inconnu.
L'écriture structure ta vie et tes idées, elle finit souvent par mettre de l'ordre dans le chaos de l'existence.