Setu (voici) ma troisième critique et elle concerne "
La saison des feux" de
Céleste Ng, son second roman.
Des feux : l'incendie (au début de l'ouvrage), l'amour, la haine....
Le célèbre New York Times avait jugé ce livre comme :
« Encore plus ambitieux et accompli que son premier roman ». Cela est donc bien prometteur et on plonge dans ces pages flamboyantes. », « Un roman qui met le feu à la littérature américaine. »
Il y a aussi des femmes, beaucoup de femmes, des adolescentes, leurs mères, des amies, des femmes riches d'autres pauvres qui triment.
On trouve également quelques garçons, amis des jeunes filles et en proie à leurs premiers émois.
L'histoire a lieu à Shaker Heights où arrivent Mia Warren (passionnée de photographie) et sa fille Pearl (quinze ans), qui ont eu jusqu'à présent une vie nomade et pensent pouvoir enfin s'installer dans cette ville avec ses nombreuses règles, « de nombreuses règles, qui régissaient ce que vous pouviez et ne pouviez pas faire » "Des règles qu'elles découvrent rapidement et d'autres par la suite car « A Shaker Heights, il y avait un plan pour tout ».
C'est dans ce thème que Pearl va évoluer, se faire quelques amis avec Izza, Lexie, Moody, Trip…
Mais dans cette riche et tranquille banlieue de Cleveland, un mystère s'installe au sujet de Mia Warren ainsi qu'un autre sur l'adoption de Mirabelle.
Les relations amicales au début, vont finir par être tendues. le mystère autour de Mia et de la naissance de Pearl prend beaucoup de place. Mais il arrive bien d'autres soucis tragiques pour tout le monde.
Ce roman est certes une comédie de moeurs et « quand le voile des apparences ne peut être brisé, il faut parfois y mettre le feu ».
A première vue ce n'est peut-être pas vraiment un thriller mais il y règne bien du suspense avec la galerie de portraits de femmes plus émouvantes les unes que les autres.
L'intrique est bien menée : on entre dans la plus grande intimité des personnages, on assiste à quelques passages comiques (par exemple les farces des jeunes gens lorsqu'ils trouvent une façon radicale de bloquer les cent vingt-six portes de leur école en moins de dix minutes : un record).
Mais il y a plus grave : une grossesse inattendue, le pays est enflammé par des manifestations, des émeutes un peu partout (« En 1968, à quinze ans, elle avait allumé la télévision et regardé le chaos enflammer le pays comme un feu de broussailles. Marthin Luther King Jr., puis Robert Kennedy. Des étudiants en révolte à Columbia. Des émeutes à Chicago, Memphis, Baltimore, Washington – partout, partout, les choses allaient à vau-l'eau. Et au fond d'elle, couvait une étincelle, une étincelle qui s'embraserait des années plus tard en Izzy. (…) Des images granuleuses, mais néanmoins terrifiantes : des épiceries en feu, de la fumée s'élevant de leur toit, des murs réduits à des poutres par les flammes. ») – le problème causé par Lexie qui se fait avorter en donnant comme nom celui de Pearl qui se retrouve dans le pétrin et dont la mère, Mia, décide qu'il faut fuir cette ville alors qu'elle commençait un grand amour avec Trip et croyait avoir enfin trouvé La Terre Promise…
Céleste Ng rend donc un bel hommage à toutes les femmes dans ce roman intimiste, aux relations mère-fille si touchantes et où le feu aux poudres se déclenche facilement.
«
La saison des feux » qui parle bien ainsi de l'apparence si trompeuse des banlieues que l'on croit tranquilles et riches en les explorant sous leur surface.
Quant aux feux, ils brûlent partout dans cet ouvrage où la plus petite étincelle peut enflammer un quartier avec divers événements tragiques et importants dans l'Histoire de ce pays. D'ailleurs l'auteure en profite pour faire une critique sociale et avec ce roman elle confirme son talent grâce à son audace.
Paula Hawkins a écrit que c'est : « Une merveille ».
Le New York Magazine lui, a un peu plus détaillé avec : « le roman de
Céleste Ng sur les tensions entre classes sociales est un drame bien calibré pour faire des étincelles ».
Pour conclure, , « Un magnifique portrait de femmes poignantes. Un roman qui se lit comme un thriller et qu'on ne souhaite pas lâcher ! » (Anne-Charlotte / Librairie Cheminant).