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Citations sur Entre fauves (84)

Je ne comprenais rien au climat de cette année : d'abord, il n'était pas tombé grand-chose en début d'année, puis tout le mois de mars avait ressemblé à un vrai printemps, la neige avait commencé à fondre. Et maintenant, on se reprenait un gros coup de froid, avec de nouvelles chutes encore annoncées pour les deux semaines qui venaient. Les stations de ski faisaient la gueule : en gros, la neige arrivait au moment où elles fermaient, et à mon avis ça n'allait pas s'arranger dans les prochaines années. Mais ça non plus, ça n'avait pas l'air d'inquiéter grand monde.
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Le chasseur c’était lui, lui qui dictait ses règles, jamais pris par surprise, alors non, il n’allait pas laisser aux hommes cette victoire-là, il venait de sortir des ombres pour enfin leur faire face, calé dans le sable à quelques mètres d’eux, au pied d’un buisson plein de griffes, ses yeux dans les leurs.
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Les hommes étaient plus forts pour détruire la nature que pour la préserver, parc national ou pas.
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Debout à flanc de colline, sa silhouette massive entourée par le bleu du ciel, il se tient debout, fier et figé. Mais rien à voir avec un animal naturalisé, au premier coup d'oeil et même à cette distance je perçois la puissance qui l'anime. La force des grands prédateurs, de ceux qu'aucune espèce n'effraie vraiment. Je distingue le noir de sa crinière, sa queue courbe et statique, les épaules pointues sous le pelage ras. En vrai, il est trop beau, un mâle comme jamais je n'en ai observé lors de mes précédentes voyages, sec, râblé, tout en muscles. Adapté à la vie dans le désert, à la pénurie d'eau et de proies, à survivre à ce qui en aurait tué tant d'autres. Il nous observe, en fait, sans doute depuis un moment déjà. Peut-être est-ce mon imagination, mais dès cet instant, dans mes jumelles, j'ai l'impression que quelque chose se passe entre lui et moi. Que nous sommes destinés, finalement, à nous mesurer l'un à l'autre.
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Parce que l’histoire des hommes, c’est surtout ça. L’histoire des hommes, c’est l’histoire d’une défaunation à grande échelle, des deuils animaux à n’en plus finir. C’est l’histoire des mammouths, des rhinocéros laineux, des tigres à dents de sabre, des ours des cavernes, des aurochs qui peuplaient l’Europe et que nos ancêtres ont décimés en quelques millénaires. C’est l’histoire des castors géants et des paresseux de six mètres exterminés en Amérique après l’arrivée des premiers humains par le détroit de Béring. En Australie, il y a 50 000 ans, c’est l’histoire des kangourous géants, des lions marsupiaux, des diprotodons, de cette mégafaune que plus jamais on ne retrouvera.
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"Ce qu’il aurait voulu c’est être un oiseau de proie, un poisson des Abysses ou même un insecte. Mais tout sauf homo sapiens".
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Ce qu'ils veulent, c'est une Namibie “sauvage”.

— “Otjindandi” ?

— Oui, “sauvage”, c'est comme ça qu'ils disent. C'est ça qui les fait rêver. S'ils dépensent autant d'argent pour venir chasser chez nous, c'est parce que chez eux ils ont déjà tué tous les animaux, tu vois. Avant, là-bas, il y avait des loups, des ours, mais maintenant il n'y a plus rien, juste des villes et des immeubles, comme à Windhoek.

Je hochais le menton, tentant de me figurer ce qu'il évoquait là.

— C'est pour ça, aussi, que les Blanc veulent toujours dire à l'Afrique comment s'occuper des éléphants et des rhinocéros, tu comprends ? Parce que chez eux, ils ont fait n'importe quoi.
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Martin
Franchement, moi, j’ai honte de faire partie de l’espèce humaine. Ce que j’aurais voulu, c’est être un oiseau de proie, les ailes démesurées, voler au-dessus de ce monde avec l’indifférence des puissants. Un poisson des abysses, quelque chose de monstrueux, inconnu des plus profonds chaluts. Un insecte, à peine visible. Tout sauf homo sapiens.
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30 mars
Charles

L’heure était venue de faire face aux hommes, leurs silhouettes de bipèdes dressées dans le crépuscule comme des arbres en mouvement, si proches de lui à présent, à peine trois foulées pour les atteindre, et leur odeur sans pareille, sueur amère et terre lointaine, et leurs cris indéchiffrables, et leurs peaux couvertes d’autres peaux qui n’étaient pas les leurs, jamais il ne les avait tant approchés, il avait fallu qu’ils l’y poussent, un jour entier à les sentir à ses trousses, un jour entier à sillonner le bush, à ramper sous les épines des acacias, à raser les murs de pierre enflammés de soleil, à creuser et recreuser cent fois sa trace, de broussaille en broussaille, les pas dans les mêmes empreintes, les détours innombrables entre les troncs, n’importe quoi pour les faire lâcher prise, un jour entier à se sentir gibier et non plus prédateur, la patience mise à mal, agacée, nerfs à vif, un jour entier auquel il venait de mettre fin, surtout ne pas leur laisser cette victoire-là, pas lui, pas ici, pas dans ce désert qu’il arpentait depuis toujours et dont il savait tout, les ruses et les ingratitudes, les nuits glacées autant que les jours brûlants, les heures où l’ombre devenait précieuse, les mers de sable façonnées par les vents, les dunes mouvantes où s’enfonçaient ses pas quand détalaient les autruches, les tempêtes qui parfois s’élevaient et vous fouettaient jusque sous les paupières, les distances infinies entre les oasis chétives et pleines de sel où s’abreuvaient les proies, les plaines caillouteuses et les flores centenaires qui y ancraient leurs racines, les troncs tordus des mopanes et ceux des eucléas, les remparts rocheux le long des fleuves à sec, la manière de s’y mouvoir à la verticale pour poursuivre un zèbre de montagne, les plages aussi, l’océan dévorant la côte des Squelettes, les carcasses providentielles des baleines égarées, celles des navires humains échoués depuis des décennies.
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Je devine seulement l'énorme masse de poils qui se soulève dans l'obscurité coincée sous le plafond de pierre. Je pense à un sanglier, d'abord lui aussi tombé par un des gouffres creusés dans le karst. Mais quand s'élève le grognement grave et puissant dans la caverne, je comprends à quoi on a affaire. Et j'avoue, j'ai la peur de ma vie, mon pouls s'emballe d'un coup. Un ours, "my God", un ours.
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