Aussitôt acheté (et dédicacé) aussitôt commencé. En effet, la conjoncture de la présence de
Justine Niogret aux Utopiales, une lecture commune commencée début novembre sur le Cercle d'Atuan - la secte mythiques des lectures commune de SFFF -, ainsi qu'une sortie toute récente en livre de poche a permis que je lise enfin
Chien du Heaume, dont on a tant parlé l'an dernier (il a gagné 2 prix tout de même).
Chien du Heaume est une femme. Une femme guerrière. Elle est mercenaire mais mène aussi une quête. La quête de son nom, de son vrai nom et par là même de son identité. Cette quête l'amène à rencontrer des personnes qui feront d'elle un être humain à part entière : Sanglier le chef de guerre, Regehir le forgeron, Iynge le beau jeune homme. On apprend avec eux à connaître cette jeune femme que l'on croit sans coeur de prime abord. Elle se révèle tout au long du livre à la fois émouvante et vengeresse. On peine, on cherche, on aime et on hait avec elle.
" L'amour ne se love en un coeur que pour mieux y mordre, et
Chien du heaume ne connut rien des jours qui suivirent. "
Le récit se prête à de nombreuses poses dans l'action pour raconter le passé des personnages, avec une ambiance de vieux contes médiévaux racontés au coin du feu (ou au coin de la forge) qui n'est pas sans rappeler Janua Vera de Jaworsky. Je pense en particulier au passage où Bruec raconte comment il s'est approprié son château et à celui où Regehir conte son histoire d'amour.
" C'était il y a des années, quand j'étais jeune, si jeune que je n'étais pas moi, si tu es toi-même assez vieille pour comprendre ce que je te dis. "
Le vocabulaire moyenâgeux nous plonge plus intensément dans l'histoire. Omniprésent mais pas envahissant. L'équilibre entre l'écriture moderne et les termes anciens permet à la lecture de rester fluide et le sens des mots qu'on ne connaît pas peut aisément être deviné par le contexte. Et si pas, un lexique humoristique concocté par l'auteure est disponible en fin de volume.
" Ça puait comme dans l'entrefesson d'un diable, une odeur de pourrissement et de mauvaiseté qui prit la guerrière à la gorge. "
Les éléments de fantasy sont extrêmement ténus dans ce roman. Selon moi, ils tiennent davantage aux représentations des personnages qu'à de véritables faits. du coup, j'ai l'impression que c'est l'ambiance de conte moyenâgeux qui fait tout le travail. le reste du livre est d'un réalisme à tout épreuve. Je ne suis même pas sûre que l'histoire se passe dans un monde imaginaire. Je le verrais bien se dérouler quelque part de l'autre côté du Rhin, au Moyen Age, au temps des invasions barbares.
" La forge est un métier d'instants, celui où l'on a trop attendu et où le fer brûle, celui où la flamme est enfin bonne température, celui où il faut frapper sans faiblir. Oje, un métier de moments choisis, tout comme l'art de la guerre et de l'amour. "
Justine Niogret a commis une suite :
Mordre le bouclier, sorti en juin dernier. Rien qu'avec un titre pareil, ça donne envie. Il sonne comme "mordre la vie à pleine dents". A moins que cela ne soit "mordre la poussière" ? Vivement la sortie poche, qu'il aille rejoindre mon exemplaire de
Chien du Heaume dans ma bibliothèque.
Lien :
http://ledragongalactique.bl..