Aujourd’hui plus que jamais, elle le tient à distance de ce qu’elle pense réellement. Certes, c’est son droit. Mais au fond de lui, il se sent inquiet, et un psy doit toujours accorder une attention extrême aux émotions qu’un patient suscite en lui. Alors il va un peu la bousculer, parce qu’elle porte un masque, elle le mène en bateau au sujet de quelque chose de fondamental.
(page 461)
Là, maintenant, la proximité du danger et la libération d’adrénaline ont déclenché une alarme en toi. Or, dans ce genre de situation, la réaction de la majorité des gens, c’est l’évitement : ne pas le faire ! Pour progresser, il va falloir que tu surmontes cette réaction. L’immersion émotionnelle et sensorielle, c’est l’exact opposé de l’évitement.
(page 351)
- Mais c’est quoi exactement ces « actions » ? demande May.
- Des actions de maîtrise et de plaisir. Vous allez vous prouver à vous-mêmes que vous pouvez surmonter des situations qui vous mettent en difficulté. Et vous vous ferez plaisir, aussi ! Parce que, quand on a été victime d’un trauma, il arrive que l’on perde sa capacité à éprouver ce sentiment. Comme si on avait une sorte d’anesthésie émotionnelle.
(pages 243-244)
Les odeurs végétales sont puissantes, avivées par l’orage de la nuit. Il flotte aussi un parfum sucré entêtant, celui des mangues, des papayes et des bananes pourrissant au sol. Les singes hurleurs poussent leurs cris gutturaux, les oiseaux pépient et chantent. Dans les flaques d’eau boueuse pullulent des larves d’insectes. De toutes les créatures de la jungle, les moustiques sont les plus dangereux, qui transmettent paludisme, dengue, chikungunya, Zika…
(page 102)
Peut-être est-ce de là que vient le mythe des sirènes : des deuils impossibles à faire, et les morts qui appellent les survivants...
Aucun patch orné d’un drapeau, aucun signe distinctif, rien ne signale leur pays d’appartenance. Ils ressemblent à des tueurs apatrides, des chiens de guerre errants.
(page 90)
À la bataille de Camerone, le 30 avril 1863, pendant des heures, soixante-deux soldats de la Légion étrangère ont tenu tête à deux mille Mexicains ! Le chef des assaillants, le colonel Milán, s’est même exclamé : « Mais ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons ! » Nous, nous serons deux contre dix mille ! Quel panache !
- À Camerone, nos soldats ont tous été tués ou faits prisonniers…
(page 367)
Ce que je veux ? J'ai vingt-cinq ans. Pour être plus précise, j'ai déjà vécu treize millions cent quarante mille minutes. Mon agression n'a duré que quelques minutes, cinq à tout casser. Mathématiquement, cet événement ne représente que 0,00004 pour cent de ma vie. Pourtant, ces trois dernières années, j'y ai repensé des milliers de fois. Ces cinq putain de minutes m'ont déjà bouffé une infinité d'heures ! Alors, ce que je voudrais, ça se résume en un mot : stop !
Parfois, je ne comprends pas les gens. J'en vois qui sont tristes parce qu'il a plu pendant les vacances, d'autres disent que leurs sinusites leur gâchent la vie... Les plus incompréhensibles, ce sont ceux qui s'enthousiasment parce qu'ils vont aller à un concert de Machin-Chose, " C'est génial, j'y crois pas ! Tu te rends compte ? " Ben non, je ne me rends pas compte. Ça ne me fait ni chaud, ni froid. Mais le pire, dans tout ça, c'est que j'étais comme eux, avant.
- C'est trop bizarre et je déteste le bizarre.
- Moi, le bizarre est mon métier."