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EAN : 9781506703374
64 pages
Dark Horse (08/08/2017)
4/5   1 notes
Résumé :
A pitch-black tale of a city that lives in fear; not from crime or gangs, but the billionaire vigilante sworn to protect them.

Emerson Black's superhero identity is no secret: patrolling the night skies as THE BLACK SINISTER, he enforces his own brand of psychotic justice, no matter the cost. Joined by his unhinged butler Danby, Emerson protects the citizens of Coal City from kidnappers, gangs, and jaywalkers alike. But who will protect the city from... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de tout autre. Il rassemble les 6 chapitres sérialisés dans l'anthologie Dark Horse presents 26 à 31, initialement parus en 2016/2017, écrits par Kaare Andrews, dessinés et encrés par Troy Nixey, avec une mise en couleurs réalisées par Dave McCaig.

Les habitants de Coal City sont dans la rue et ils manifestent contre les actions brutales du superhéros local appelé Black Sinister, en particulier sa forme de justice violente, avec des sanctions disproportionnées par rapport aux infractions, et le fait qu'il ne soit jamais condamné parce que c'est l'un des citoyens les plus riches de la ville. le maire Ben est en train de discuter des actions à entreprendre, avec son chef de la police et son conseiller Blunder. Ils sont interrompus par l'arrivée de la procureure Cassidy Manors et de ses 2 gardes du corps Poke & Choke. Dans le même temps, Emerson Black (dont l'identité est connue de tous) pense à la populace qu'il voit s'agiter et les assimile à des moutons. Il est encouragé dans cette façon de penser par son majordome Danby.

Emerson Black va se présenter sous le portrait de ses parents défunts dans une grande salle avec un âtre de grande taille. Il leur adresse la parole à haute voix, comme si son père était toujours déçu de ses piètres résultats, et comme si sa mère était prête à le serrer dans ses bras et à le rassurer. Pendant ce temps-là, la procureure Cassidy Manors présente Big Red au maire, à son conseiller, et au chef de la police. Il leur propose de leur mettre à disposition un projet appelé Maniak, capable de mettre un terme aux agissements de Black Sinister. Mais le maire frémit à l'idée de lâcher cette arme dans sa ville car il a entendu parler de sa puissance dévastatrice. Leur discussion est interrompue par l'arrivée du garçon vendant les journaux dans la rue, les informant qu'un individu a pris un jeune garçon appelé Timmy en otage et exige d'obtenir un entretien avec le maire.

Il s'agit d'un court récit de 48 pages, divisé en 6 chapitres de 8 pages, correspondant au format de prépublication dans l'anthologie Dark Horse presents. Ce tome comprend également un court texte d'une page rédigé par Troy Nixey expliquant qu'il est à l'origine de la création du concept, et qu'il a demandé à Kaare Andrews de développer un récit, mais pas trop long. Ce dessinateur avait déjà illustré Batman: The Doom that came to Gotham sur un scénario de Mike Mignola & Richard Pace. La trame principale de l'histoire est simple : Black Sinister est un superhéros sûr de sa supériorité sur les gens qu'il protège et il fait régner sa justice comme bon lui semble, sans trop se préoccuper des conséquences, ou de la loi. En clair, il abuse de sa position dominante. Il va se retrouver confronté à plus fort que lui. le lecteur identifie tout de suite le schéma de base : un superhéros milliardaire, avec un majordome, c'est le schéma de base de Batman, avec Alfred Pennyworth.

Les dessins de Troy Nixey présentent une forte personnalité graphique. La couverture atteste déjà qu'il trace de petites hachures dans les formes détourées, surtout pour leur donner de la texture, et parfois pour figurer les ombres portées. Il utilise ce dispositif tout au long des pages du récit, complété par des aplats de noir parfois un peu plus épais que de simples ombres portées, ce qui donne une forme de noirceur à la narration visuelle. Dave McCaig utilise également des couleurs un peu sombres, essentiellement verdâtres et brunâtres, avec un peu de rouge brique pour les moments plus tendus. Il privilégie surtout les aplats de couleurs, n'introduisant une autre nuance que pour souligner une ombre portée. Cela ajoute encore à l'impression un peu glauque qui se dégage des pages.

La découverte de Coal City est une expérience graphique en elle-même. Les habitants semblent être habillés à la mode des années 1930, et le port du couvre-chef est encore de mise pour ces messieurs. La tenue militaire du chef de la police évoque même un uniforme prussien. L'architecture des bâtiments évoque un croisement entre celle du Londres victorien, avec des façades en brique et le New York des années 1930, avec déjà des gratte-ciels. Au fil des séquences, le lecteur constate également que le dessinateur développe une forme de rétrofuturisme concernant la technologie, avec des restes de l'époque du charbon, et le début de l'électricité. Il ne se gêne pas non plus pour exagérer certains éléments technologiques tels que le robot d'anticipation Maniak, s'éloignant d'une approche fonctionnelle, pour préférer une représentation plus inventive flirtant avec la dérision.

D'une manière générale, Troy Nixey ne dessine pas pour faire joli. Les contours des formes présentent des irrégularités, des traits un secs, des plis disgracieux. Les visages des personnages ne sont pas gracieux, et expriment bien souvent des états d'esprit veules ou peu intelligents. Emerson Black découvre régulièrement ses dents de la rangée du haut, dans un rictus qui ne respire pas la santé mentale. Les badauds de Coal City fuient la bouche grande ouverte. Ils regardent Black Sinister se faire massacrer, avec les yeux remplis d'effroi. Troy Nixey prend un malin plaisir à accentuer les expressions des visages pour les rendre plus dramatiques, engendrant une forme de second degré. le lecteur retrouve ces traces de dérision dans la coiffure improbable de la procureure Cassidy Manors, dans les bras démesurés de Maniak, dans le panneau de contrôle délirant de l'engin volant de Black Sinister, dans le casque qu'il revêt pour affronter Maniak, etc. Il flotte un parfum de parodie, mais qui ne neutralise en rien la brutalité des combats et l'horreur des blessures. La narration visuelle agrippe le lecteur et l'emmène sur des montagnes russes, passant d'une mimique grotesque à un massacre abject, dans un humour noir qui tâche.

Kaare Andrews est un auteur complet par lui-même, par exemple auteur d'une saison d'Iron Fist très personnelle (The Living Weapon Volume 1: Rage &The Living Weapon Volume 2: Redemption), et de sa série Renato Jones: The One %. Il a donc conçu un récit sur mesure pour le dessinateur. Il a inclus une tour de télécommunication élancée au milieu de la ville, un château massif pour la demeure d'Emerson Black, des scènes de destruction par le feu, des combats réguliers où le dessinateur peut se lâcher dans la mise en scène, des victimes parmi les civils, un robot délirant entre machine de destruction et pantin désarticulé, et des démonstrations de force destructrices. le lecteur prend donc plaisir à découvrir l'intrigue bien linéaire et facilement accessible, mise en scène avec des dessins un peu élastique sachant aussi bien faire ressortir l'horreur des situations que leur aspect parodique.

Effectivement le lecteur habitué des comics de superhéros interprète forcément ce récit comme un commentaire sur le personnage de Batman. Visiblement les auteurs ont voulu déconstruire la dynamique de ce personnage, sans pour autant le tourner en dérision. Ils ne se montrent pas méchants vis-à-vis du personnage : ils arrivent à s'en moquer sans le ridiculiser. Pour eux, l'individu qui profite de sa fortune pour imposer sa loi dans une ville constitue une menace pour les habitants. Non seulement, Emerson Black occasionne des destructions dont il n'a cure des conséquences, mais en plus sa justice apparaît totalement arbitraire pour ceux qui la subisse. En plus la description qui est faite de la personnalité d'Emerson Blake, en fait un individu sûr de sa supériorité du fait de sa fortune personnelle, et incapable de grandir et de dépasser l'image qu'il s'est fait de ses parents en tant qu'enfant. Il est donc impossible de le prendre comme un modèle, comme un héros. de l'autre côté, les auteurs conservent une forme d'altruisme au personnage qui n'hésite pas à mettre sa vie en danger pour protéger les civils. Il commet des bourdes tellement grosses qu'elles provoquent la mort de ceux qu'il est sensé sauver. Mais le lecteur constate qu'il y a bien pire que lui en la personne de son majordome Danby, encore plus capitaliste et conservateur que lui. Au vu de la fin du récit, il se dit que cet individu tourmenté (et pas vraiment équilibré dans sa tête) n'est pas un modèle, mais est prisonnier de sa culture, des traumatismes de son histoire personnelle, incapable de prendre du recul, incapable de faire le deuil de ses parents. de ce point de vue, le commentaire sur la véritable nature de Bruce Wayne apparaît adulte et pertinent.

À la fin du tome, le lecteur est plutôt satisfait de cette histoire courte. Les auteurs l'ont racontée avec beaucoup de personnalité, à la fois pour les dessins qui montrent des environnements et des personnages très consistants, à la fois pour une aventure mélangeant loufoque et horreur. Ils jettent un regard critique sur Bruce Wayne, sans pour autant cracher dessus.
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Troy Nixey Don't Be Afraid of the Dark Interview. The interview took place at the 2010 Comic Con.
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