AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,57

sur 145 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
3 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre, resté célèbre par son incipit ( "J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie." ), est d'un bout à l'autre un cri avant même d'être un pamphlet. L'auteur s'en prend d'abord au milieu où il a grandi, à la France de l'après-guerre (il a vingt ans en 1925), à son intelligentsia, à l'absence de perspectives, d'avenir, d'horizon. Il décide donc de partir, loin de la vieille Europe. Ce sera Aden. Pourquoi Aden ? le lecteur n'en saura rien, probablement par hasard. D'ailleurs un élément remarquable de ce récit autobiographique est l'absence quasi totale d'éléments autobiographiques concrets. Un peu imbu de lui-même et probablement dépressif, il prend donc le large. A Aden il travaille en fait comme précepteur chez un riche homme d'affaire. Loin d'un univers d'aventures à la Rimbaud ou à la Gauguin, il tombe dans un milieu étriqué où même tous les colons blancs ne se fréquentent pas, de même que les arabes ne fréquentent pas les juifs. Aden est en pleine expansion, en pleine occidentalisation, économique du moins, parce que côté culture, il n'y a rien. du coup le voilà encore plus désabusé, désenchanté, et, tel Ulysse, il finit par rentrer au bercail où... il adhère au Parti Communiste.
Paul Nizan a été un écrivain très connu jusqu'à sa mort (au front en 1940), mais à partir d'août 1939, il subit des attaques nombreuses et virulentes de la part du Parti Communiste avec lequel il est en rupture suite à la signature du pacte germano-soviétique. Comme l'explique Jean-Paul Sartre dans sa très longue préface « L'anéantissement de Nizan fut décidé. Une balle explosive l'avait, entretemps, frappé derrière la nuque, mais cette liquidation ne satisfit personne : il ne suffisait pas qu'il eût cessé de vivre, il fallait qu'il n'eût pas du tout existé. On persuada les témoins de sa vie qu'ils ne l'avaient pas connu pour de vrai : c'était un traître, un vendu. » Cette longue préface, pas toujours limpide, a failli m'arrêter et finalement je ne l'ai lu qu'après. Elle était nécessaire en 1960 pour des lecteurs qui n'avaient aucun élément pour comprendre Aden Arabie, mais à l'heure actuelle j'ai eu l'impression que c'était la préface qui avait besoin, et de notes, et d'explications, en tout cas pour moi ! Sartre était frappé en 1960 par l'actualité du texte, et, franchement, le cri du jeune Nizan dans ses conclusions n'a guère pris de rides ! Et quelle belle plume, riche, travaillée et en même temps pleine de pointes d'ironie ( « Je suis arrivé, il n'y a pas de quoi être fier » « Vous pouvez uriner librement dans la mer : nommerez-vous ces actes la liberté ? » ) entre de grandes envolées philosophiques et des métaphores parfois devenues énigmatiques. Maintenant que je l'ai découverte, cette plume, il ne me reste plus qu'à me plonger dedans, à découvrir ses romans (j'ai encore quatre autres livres de Nizan), et à méditer sur les dégâts de toute forme de cancel culture !
Commenter  J’apprécie          333
Paul Nizan a vingt ans quand il s'embarque pour Aden, au Yémen, alors sous la domination de l'empire britannique; pourquoi partir? Parce qu'il étouffe dans ce monde bourgeois, parce qu'il est jeune, révolté tout autant que déprimé par la vieille Europe, parce qu'il fuit sa vie comme on ôterait sa peau au sortir de l'enfance.
Mais pourquoi Aden, précisément, et non l'Amérique, ou encore l'une des colonies françaises. Nizan ne justifie pas ce choix, mais cette ville si particulière le révèlera à la réalité du monde moderne.
Aden est alors en pleine expansion, passant de 6000 habitants au début du dix-neuvième siècle à 35000 50 ans plus tard. Grand port stratégique, elle abrite une population très diversifiée, dont de nombreux Européens qui y reproduisent leur mode de vie occidental, la culture en moins. Pas de théâtre, de cinéma, de musique, uniquement un intérêt pour le commerce, l'économie, une vie exploitée par les entreprises en expansion, et le rêve pour cette population du retour au pays. Rêve illusoire selon Nizan et signe de soumission. La vie ne se rêve pas, elle se vit.
Dans l'écriture de ce court texte autobiographique, on devine un jeune homme à la fois révolté et désabusé, en proie à la dépression (confirmée par sa biographie) ; le monde qu'il décrit est désenchanté, terne, la vie qui y est menée semble inutile et mécanique.
Nizan reviendra en France tel Ulysse après un long voyage, et prêt à s'engager pour le communisme.
J'ai peu apprécié les premières pages dans lesquelles la bouderie et l'arrogance du jeune homme se faisait un peu trop sentir, mais j'ai ensuite suivi le regard qu'il porte sur le microcosme de cette colonie avec intérêt. Cet essai est bien ancré dans l'entre-deux-guerres et préfigure les Sartre et compagnie à venir.
Commenter  J’apprécie          331
Il est difficile de donner une étiquette précise à cet ouvrage puisqu'il est à la fois pamphlet, récit de voyages et récit autobiographiques. J'ai découvert Paul Nizan tout à fait par hasard lorsque j'étais à l'université et qu'en cours, nous étudions Jean-Paul Sartre. C'est donc l'un de mes professeurs de littérature qui m'a poussé à aller découvrir cet auteur, qu'il m'a décrit comme un grand ami de Sartre.

Lors de ma lecture à l'époque, je n'ai pas compris toute la puissance de cet ouvrage et ce n'est que des années plus tard, en me remémorant cette lecture et, au vu de ce qui se passe en ce moment dans le monde, que j'en comprends la signification. L'auteur a énormément voyagé, d'où le titre du livre mais pour se rendre finalement compte que le monde n'est pas forcément meilleur ailleurs. Dans cet ouvrage, Paul Nizan ne cache pas ses mots en émettant une virulente critique contre la bourgeoisie avec tout son confort et plus que tout, l'aliénation de l'homme par l'homme. Ce livre a été publié en 1931, à vous de voir si vous trouvez que le monde a beaucoup changé depuis ...En tous cas, moi, je ne le pense malheureusement pas !
Commenter  J’apprécie          190
Passé l'un des plus célèbres incipit de la Littérature française du XXème siècle, Nizan nous amène, dans le sillage du vapeur qui l'entraîne loin de la vieille Europe, aux portes de l'Orient. Aden, Arabie. La fuite est l'une des raisons propices au voyage, et ce jeune Normalien lassé des bruits d'enfants de la rue d'Ulm nous dépeint la normalité suante et besogneuse de ses congénères jetés dans la péninsule Arabe par les compagnies coloniales et pétrolières occidentales. Les descriptions de paysages sont étonnantes, les réflexions profondes et intelligentes, mais l'on se perd trop souvent dans ce dédale de phrases alambiquées qu'il faut lire et relire pour parfois finalement n'en pas saisir le sens. C'est bien là que le bât blesse, il y a peut être du génie dans cet ouvrage, mais à toucher l'Olympe on en oublie les mortels. S'il y a bien une marque Paul Nizan dans cette oeuvre, c'est l'utilisation de "comme", comme un leitmotiv, et l'on se délecte de ses comparaisons acerbes mais touchant toujours au but. Partir loin, prendre de la distance vis-à-vis du monde d'où l'on vient, l'abhorrer et le vomir. Aden Arabie c'est une extrospection. Adieu l'ancien temps, celui des professeurs en habits de notaires honnêtes et de la bien-pensance de la bourgeoisie parisienne, Adieu Homo Economicus, voici le siècle nouveau. Il semble qu'il faille aux érudits ce temps de l'ailleurs pour remettre leurs idées fécondes dans le bon ordre. Dans le cas de Nizan, c'est chose faite, avant de mourir précocement, mais pas autant que Galois.
Commenter  J’apprécie          50
Sympathique mais c'est un récit plutôt inégal. J'ai apprécié sa vision de la jeunesse et de la première guerre mondiale mais la partie en Arabie m'a un peu ennuyée.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (415) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
816 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

{* *}