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« L'usine est un mur l'usine
Est une prison l'usine
Est un enfer l'usine
Est une punition
Quand on y entre à quatorze ans »

Nella Nobili, c'est la preuve que la poésie pousse même dans des lieux complétement incongrus : usines, ateliers, banlieues, prisons, … La poésie est partout dans nos vies : dans notre soif de liberté, de rondes dans la campagne, de mondes et merveilles, d'aubes nacrées, de la voix du vent, de la voix des eaux, de brins d'herbes, de neige et de soleil qui mettent le coeur en joie, à égalité.

Nella Nobili, c'est la preuve qu'il ne faut nécessairement être beaucoup éduqué ni jouir d'une grande culture littéraire pour écrire de la poésie. Une poésie qui rend la tristesse douce à porter et « qui conduit vers soi hors soi au-devant des chemins ». C'est une poésie pour donner un visage à ces « femmes sans visage d'un pays de nulle part habits gris, larmes sans douleur, coeurs sans tragédie et cris perçants pour briser le silence ».

Nella Nobili, c'est la preuve que tout le monde peut s'y mettre, il suffit d'avoir un coeur (ou des tripes), une paire d'yeux ou d'oreilles grand ouverts. Et on y va :
« Comme le pain qui se partage
[Elle] voulait partager la Beauté
Qu'on lui avait volée comme la Liberté »
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Cet émouvant recueil est le symbole d'un monde ouvrier exploité par un grand patronat sans scrupules, n'affichant pas la moindre empathie pour ses ouvrières trimant comme des esclaves modernes.
Ce recueil se lit comme un récit poétique autobiographique, celui d'une jeune fille de quatorze ans obligé comme toute sa famille d'aller travailler à l'usine dans des conditions inhumaines.
Vous pensez peut-être que l'histoire se déroule au 19ème siècle en pleine révolution industrielle…?
Eh ben non…!
Cette tragédie se déroule en Italie dans les années 1940, le pays alors sous le joug fasciste avec des grands industriels à la botte du pouvoir en place, exploitant une main d'oeuvre servile et précaire : les femmes et les adolescentes.
Cadences infernales, horaires à rallonge, chaleur insupportable, insécurité permanente face aux machines dangereuses, avec l'épuisement, l'abrutissement et souvent la mort au bout du chemin. Dans des vers au désespoir lyrique, l'autrice nous livre une poésie de l'incandescence lui brûlant ses ailes d'une jeunesse brisée par ce destin tragique imposé.
Si les mots apaisent la souffrance telle une thérapie introspective sur cette expérience douloureuse,
elle révèle un autre traumatisme, celui d'une existence gâchée qui aurait dû être différente, ou les rêves d'études, de travail et d'émancipation impossibles se transforment en litanies poétiques aux tons mélancoliques et amers, comme des petites notes imprescriptibles d'une colère ineffable face à une vie volée par une société injuste et patriarcale.
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« Bologna antica così ti lasciavo
Ogni mattina dopo aver toccato
Con la punta delle dita le tue albe rose perla
Perla per la mia adolescenza austera
Tesoro che portavo con me fino all'ingresso
Della fabbrica con le sue luci elettriche
Accese per l'eternità. »

Nella Nobili est née à Bologne en 1926. Sa famille vivait dans le quartier de Pontevecchio. A seulement douze ans, en pleine période fascisme, elle commence à travailler dans un atelier de céramique puis, à partir de 1940, comme souffleuse de verre dans une usine de médicaments.
Les dix à douze heures de travail en usine, entre la chaleur du verre et les vapeurs de monoxyde de
carbone, la poussière, la promiscuité, est une expérience très dure qui la marque profondément.
Pendant les pauses du travail, la nuit, elle lit, étudie et s'instruit. Il finit par apprendre l'allemand pour lire Rilke dans sa langue d'origine.
A Paris, elle vivra en marge et démarre une petite entreprise de colliers, bagues et souvenirs avec quelques amis. On peut la rencontrer le dimanche sur les marches de l'église Saint-Eustache, "sans sourire, et parlant peu", vêtue "d'un châle délavé sur les épaules". En 1985, elle se suicide à Paris, à l'âge de 59 ans.

Il reste d'elle à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)
5 boites d'archives contenant :
Les manuscrits de son oeuvre (périodes italienne et française), de la presse, de la correspondance (Giorgio Morandi, Michel Ragon, Bernard Noël, Simone de Beauvoir, Claire Etcherelli, Henry Thomas...), de l'iconographie (photos personnelles, photos de la collection de boutons de manchette).
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J'ai découvert cette poétesse par hasard en cherchant dans ma librairie de la poésie italienne. Et quelle découverte! Les mots et l'histoire de cette femme m'ont beaucoup touché. La poésie émane de son être pour évoquer une enfance difficile, la condition des ouvrières de l'époque, le tout dans une beauté qui m'a littéralement, bouleversée. Trop peu connue, Nella Nobili mérite que son oeuvre soit mise en lumière.
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par la main l'autre et sa douleur qui remonte au coeur
et les pleurs dans les bras de l'une et l'enfant qui console
qui es-tu ? tonne la mémoire
une étrangère au fond des poches remplis les semelles d'incertain
A l'usine
les jouets de promesses égarées
les pauses arrachées
Rares
les merveilles restent en porte
plus loin étouffons le sensible
et ficeler les larmes
l'habitude du feu qui grimpe et du verre qui blesse
le risque minime pourtant la peur
des éclats d'oncle au milieu du ciel
en fumée
et les journées de se succéder
et la peau en enfer
A arracher
demain
A l'usine

Lecture_ poème

Lien : https://laviegracile.blogspo..
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J'ai lu ce livre sur un malentendu : je croyais ouvrir un roman social et me voilà nez à nez avec de la poésie... Moment de stupeur ! Et puis j'ai commencé à parcourir le texte ...et ne l'ai plus lâché ! A la fois doux et violent soumis et vengeur, le texte bouillonne au rythme de la révolte de cette jeune fille dont on vole les rêves dont on vole la vie... A découvrir !
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Je suis tombée sur le livre dans le présentoir nouveautés de la bibliothèque. Un petit flash me dit que j'avais entendu parlé de ce livre paru chez Cambourakis. Une lectrice de Babelio en avait fait la chronique, exprimant sa surprise que ce soit de la poésie.
Sachant cela je m'en empare, pendant à tout le plaisir que j'avais eu à lire À la ligne de Joseph Ponthus, petit opuscule narrant de manière touchante et forte le travail à l'usine.
Espérant ressentir la même émotion me voilà assez déçue. Je ne dirais évidemment pas que c'est mauvais, la littérature étant largement une histoire de goûts. Ici juste pas d'émotion. Une poésie qui ne me touche pas.
Autant Ponthus pouvait développer une écriture dure comme de la viande gelée et nous emmener avec lui dans les tréfonds des abattoirs industriels, autant ici on a l'impression d'être dans une classe inférieure , ou les choses sont sans relief .
Une vraie déception.
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Un incroyable recueil de poésie, d'une beauté et d'une sensibilité sans nom !
Témoignage d'un vécu heurtant, du passage à l'âge adulte par le travail à l'usine, Nella Nobili évoque les bruits, la chaleur, l'épuisement du labeur imposé avec force.
Ses mots sont crus et la réalité qu'elle dépeint l'est encore plus.
Sa sensibilité d'amoureuse de la nature et de liberté se heurte aux contraintes de l'usine et sa poésie révolte en est le résultat !
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La quatrième de couverture est un peu mensongère car pas une seule fois elle ne fait allusion au fait que ce livre est un recueil de poèmes (vu où il était rangé, le libraire n'était pas au courant non plus !) Passé la surprise, j'ai cependant passé un excellent moment avec des mots qui savent aussi bien toucher que peindre la vie à l'usine. C'est d'ailleurs assez incroyable qu'en quelques vers rapides et sonnants, chantant même, le souffle brûlant des machines et le désespoir parvienne à nous toucher autant, relatant la dure réalité d'une adolescente de 14 ans qui trime à l'usine mais qui garde dans ses vers l'espoir et la beauté.
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