En même temps, je ne vais pas crier sur les toits que nous sommes des âmes sœurs pour l'éternité. [...] Et puis, comment l'expliquer ? Voilà des siècles que nous nous aimons, mais nous ne sommes toujours pas passés à l'acte !
Retomber amoureux s'apprend,il suffit de s'autoriser à oublier le passé.
On s'embrasse,on est copain-copine,amis-amants,liés pour l'éternité..
Quoique habitué à mes extravagances, M. Munoz choisit de m'interroger. Ses questions portent sur des faits historiques que nous avons étudiés, et d'autres dont nous n'avons jamais parlé. J'ai l'esprit tellement préoccupé par Roman, Damen et mon départ imminent que je réponds comme un robot, ânonnant les réponses que je lis dans sa tête.
- Dites-moi, Ever, pourriez-vous me dire ce que j'ai eu à dîner hier soir ? demande-t-il.
- Deux parts de pizza et un verre et demi de chianti, je réponds machinalement, la tête ailleurs. Silence de mort dans la salle. Tout le monde me regarde, bouche bée.
Sauf Roman, écroulé de rire dans son coin.
On ne peut pas changer le passé. Ce qui est fait est fait.
Impossible de rembobiner et de recommencer.
La vie continue.
-Qu'est-ce qu'il y a? demande-t-elle, voyant que je reste figée sur place.
-Je ne sais pas. J'ai l'impression d'oublier quelque chose, mais je n'en suis pas sûre.
-Tu as ton sac à dos?
Affirmatif.
-Ton téléphone?
Je tapote ma poche.
-Ta cervelle?
Avoir le monde à ses pieds n'est pas très excitant,s'il n'y a personne avec qui partager.
Le coeur et la raison ne font pas toujours bon ménage.
Comme chaque fois que je pense à Riley, ma gorge se serre et les yeux me piquent. Je me demande si je m'habituerais jamais à son départ définitif. Je devrais pourtant avoir compris que lorsqu'on perd quelqu'un le sentiment de manque ne nous quitte jamais vraiment. Il faut apprendre à vivre avec le vie laissé par l'absent.
"Ne te flatte pas, Roman. Détester implique que l'on n'est pas indifférent. Donc, je ne vois vraiment pas comment je pourrais te détester."
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