De colère et d'amour.
« Quelquefois se perdre peut être le seul moyen de se retrouver ».
L'histoire alterne Chicago et Paris, Eliza et Violet. Les tribulations d'une femme et l'histoire d'une ville dans les décennies 50 et 60.
Paris 1950, Violet Lee, en réalité Eliza Donneley, a quitté les Etats-Unis, mari et enfant, ainsi que sa vie dorée dans les beaux quartiers.
Eliza cherche à s'émanciper d'un mariage qui lui a ouvert les yeux sur les opinions d'Adam et sa véritable personnalité.
Violet - Eliza - découvre la ville de lumières au fil des rencontres et à travers son appareil photo toujours sur elle. Elle aime saisir l'instant, capté le visage de ces anonymes, les immortaliser sur ses clichés, les révéler.
Elle se sent le coeur en peine depuis la mort de son père qu'elle chérissait, et en l'absence de son fils qui lui manque terriblement. Pourtant, il semble que quitter Chicago et fuir, seule, lui était nécessaire.
Violet est très insaisissable, sur ses gardes, en danger d'être percée à jour.
Avec son Rolleiflex, armée derrière son viseur, elle se sent protégée, et grâce aux images qu'elle capture, elle cherche à s'affranchir de ce qui la tenaille.
Douleur de l'exil, manque de son fils, crainte d'être découverte, comment va-t-elle traverser ces épreuves, ponctuées d'amitiés, et peut-être de passion amoureuse aux allures de recommencements, sur les airs de jazz à St Germain des Prés.
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Cette histoire raconte une héroïne moderne, sa soif de liberté et d'indépendance.
Le côté romanesque et dramatique est très présent ainsi que les opinions et la vision humaniste de l'autrice.
Toutefois, j'ai eu parfois du mal à cerner le personnage de Violet, notamment en tant que mère.
Dans l'ensemble cette lecture m'a plu, mais quelquefois j'ai eu une sensation de décousu, un manque de fluidité. J'ai aimé le style de l'autrice, ses trois romans lus jusque-là sont tous différents et c'est appréciable.
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« Je ne peux pas être pessimiste parce que je suis vivant » -
James Baldwin
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En attendant de découvrir les raisons qui ont poussé Violet à quitter Chicago, on suit les instants de ses rencontres parisiennes, personnes simplement croisées ou relations plus personnelles ou intimes.
Dans la seconde partie du roman, l'autrice, à travers ses personnages, s'engage et raconte la politique de la ville de Chicago, la défense des droits civiques, les mouvements sociaux contre la ségrégation raciale, la guerre…, j'ai trouvé cette période très intéressante à connaître ; on assiste aussi aux retrouvailles de la mère avec son fils – j'ai été mitigée quant au réalisme de cette relation, notamment en début de roman, lorsque Eliza quitte Chicago en laissant son fils, départ motivé par de profondes convictions on le comprend, mais au point de laisser son enfant… ? Sa culpabilité m'a semblé sonner faux. [/ masquer]