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sur 840 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Eliza a perdu son père, très jeune ; père qu'elle a idéalisé au point d'en faire une icône (c'en était probable une, soit dit en passant) il lui a appris la tolérance, n'hésitant pas à l'emmener dans les quartiers réservés aux Noirs. Tout cela au grand dam de sa mère.

Elle parvient à entamer des études grâce à une bourse, mais tombe sur amoureux transis, Adam, qui ne lui plaît guère : elle finit par céder : c'est un beau mariage selon sa mère. Adieu, les études, le rôle d'épouse n'en nécessite pas ! peu après le mariage, Adam part sur le front elle vit dans une belle maison, se retrouve vite enceinte et surtout sous la coupe de la mère d'Adam, Abigail, la sorcière de service qui veille jalousement sur son précieux rejeton.

Au retour de la guerre, Adam a changé, picole beaucoup, fait des affaires mystérieuses, pour ne pas dire mafieuses, multiplie les aventures extra-conjugales. Eliza se défoule avec son appareil photo, prenant des clichés, chaque fois qu'elle le peut.

Un jour, un homme noir tire sur Adam, l'accusant d'avoir mis le feu volontairement à l'appartement dans lequel sa femme et ses quatre enfants sont morts brûlés vifs. C'est un Noir, il est forcément coupable mais Eliza commence à douter d'Adam.

Elle prend la fuite, avec des faux papiers, sous un nouveau nom Violet Lee, direction Paris, n'emportant que quelques bijoux et son précieux Rolleiflex… elle se retrouve par hasard dans un hôtel de passe où elle fait la connaissance de Rosa. On va suivre sa vie à Paris au début des années cinquante.

Elle réussit à trouver du travail, continue à se promener avec son Rolleiflex, comme bouclier, et rencontre d'autres femmes dont les vies sont un peu plus libres que ce qu'elle a connu à Chicago, mais à quel prix. Elle rencontre, un photographe, un pianiste de jazz qui a fui les USA aussi, ainsi qu'un bel américain Sam, beaucoup moins clean qu'elle le croit.

Mais l'exil est dur, elle pense à son fils qu'elle a laissé là-bas (il est plus facile de fuir son pays seul, qu'avec un enfant (les migrants en savent quelque chose) et en plus elle se sait surveillée.

Un jour, elle décide qu'il est temps de rentrer à Chicago… mais ne divulgâchons pas…

Eliza-Violet est née le jours des émeutes de Chicago en 1919. « Moi, je suis née au coeur d'une nuit d'émeutes. J'ai été baptisée par cette violence, elle est entrée dans mes tissus et dans mon sang, je l'ai aspirée avec mon premier cri. J'ai voulu lui échapper mais elle ne m'a jamais quittée. »

La ville qu'elle va retrouver en 1968 ne vaut guère mieux (un maire qui envoie les flics surarmés sur des manifestants pacifiques qui refusent d'aller combattre au Vietnam et sont forcément des « rouges ») Martin Luther King a été assassiné, les espoirs des plus pauvres, partis en fumée, il ne restait que Robert Kennedy pour prendre le relais, on sait le sort qui lui a été réservé.

Ce sont toujours les mêmes qui trinquent, tandis qu'une minorité s'en met plein les poches : les entrées en guerre des USA ne sont jamais altruistes : que ce soit le débarquement en Normandie, le Vietnam et celles qui ont suivi…

Au début, on peut être heurtée par le fait que la jeune femme parte seule, mais, comme Gaëlle Nohant alterne les récits dans cette première partie, on ne peut qu'être d'accord avec elle : elle n'avait aucune chance de garder son fils quelle que soit son choix.

« La vérité est que j'ai choisi de me sauver avant Tim, parce que l'emmener avec moi était trop risqué. Cela va à l'encontre de tout ce qu'on nous apprend, que les mères sont faites pour se sacrifier, que c'est leur destin depuis le fond des âges. »

Le titre « la femme révélée » est intéressant : Eliza-Violet se révèle plus forte qu'elle ne pense l'être. Mais il fait allusion aussi à la photographie (les révélateurs à l'époque où l'on développait ses photographies en chambre noire).

J'ai beaucoup aimé cette histoire, le destin de cette femme qui se croit fragile parce qu'on l'a élevée avec cette idée, et qui résiste, s'accroche dans une ville qu'elle ne connaît pas : Paris est la ville de la liberté ! c'est l'idée qu'on lui a vendue, certes, mais on ne lui a pas précisé à quel prix…

Gaëlle Nohant a une très belle écriture, elle nous fait partager le destin de ces femmes auxquelles on ne peut que s'attacher qu'il s'agisse de Rosa, la prostituée sous le joug d'un mac » jaloux ! ou Brigitte qui fréquente les clubs de jazz ou encore de la femme qui s'occupe du foyer « Les Feuillantines » qui accueille les jeunes femmes, avec sa concierge dragon qui ferme la porte sitôt « la permission de minuit » dépassée, tans pis si les jeunes femmes sont obligées de passer la nuit dehors…

Les personnages masculins sont bien étudiés psychologiquement, ce n'est pas un livre uniquement de femmes, avec une tendresse particulière pour Horatio, le musicien noir, presque aveugle qui se déchaîne sur son piano.

Dernière remarque : sur le plan historique, c'est une très bonne idée de mettre en parallèle les deux époques, car finalement rien en semble changer dans les mentalités : on est toujours le Noir de quelqu'un.

Tout le monde aura compris, j'aurais pu encore parler de roman pendant des heures, mais cela deviendrait lassant. J'ai eu beaucoup de mal, une fois de plus, à limiter les extraits, tant ce livre renferme de phrases ou de descriptions fortes, en particulier le chapitre 22…

C'est le premier roman de l'auteure que je lis et je l'ai vraiment aimé. Il serait temps que je sorte « La légende du dormeur éveillé » qui sommeille dans ma PAL depuis sa sortie.

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de lire ce beau roman et de faire enfin la connaissance de la plume de son auteure.

#Lafemmerévélée #NetGalleyFrance
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Certains lecteurs ont pointé des niaiseries dans ce roman, cela n'a pas été mon cas, je me suis au contraire faite violence pour ne pas mettre trop de citations et permettre ainsi aux futurs lecteurs de découvrir la plume de Gaëlle Nohant.
J'ai immédiatement apprécié l'héroïne Eliza, devenue Violet Lee pour un temps. J'ai aimé la suivre à Paris, dans le quartier de Montmartre, dans les caves de Saint-Germain-des-Prés et écouter du jazz mais aussi à Chicago dans les manifestations et lutte contre le racisme la guerre du Vietnam.
Il y a peut-être certains clichés, oui et alors ? cela ne m'a absolument pas gênée.
J'ai vraiment aimé partager les angoisses, l'exil, l'espoir, les amours, les déceptions, les retrouvailles, l'amitié, les combats de notre héroïne.
À travers une plume puissante, une histoire forte, à travers la petite histoire dans la grande Histoire, j'ai passé quelques heures passionnantes.
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La femme révélée Gaëlle Nohant chez Grasset

Paris 1950, qui est donc cette femme? Elle vient de Chicago, en est partie en emportant le strict minimum , quelques bijoux, son appareil photo et la photo de son petit garçon. Qui donc est cette femme arrivée à Paris sous une fausse identité? Eliza Donneley est devenue Violet Lee et doit survivre vaille que vaille même si sa fuite et l'abandon de son petit garçon la mine .. Les réponses arriveront petit à petit. Son appareil photo accroché autour du cou elle arpente les rues découvrant une ville meurtrie mais vivante.
Cachée derrière l'objectif de son Rolleiflex elle observe et se fondant dans le décor se fraye son chemin..sa survie est à ce prix.
Une fois de plus je me suis laissée prendre par la plume de Gaelle Nohant, j'avais déjà succombé à la légende d'un dormeur éveillé j'ai à nouveau été piégée par l'histoire, les personnages, le Paris d'après -guerre , le destin d'une femme qui devient chaque jour un peu plus elle-même, qui s'épanouit , qui acquiert liberté et indépendance en attendant le jour J où elle pourra à nouveau rentrer aux U.S.A
Un roman dense , fourmillant d'informations sur un temps pas si lointain , la fin des années 60 offre un écrin à Eliza/Violet . Un roman que j'ai beaucoup apprécié et que je ne peux que vous recommander
Un grand merci aux éditions Grasset pour ce partage
#Lafemmerévélée #NetGalleyFrance
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« La femme révélée » est le second roman que je lis de Gaëlle NOHANT après « La part des flammes » que j'avais adoré.

Paris 1950. Eliza Donnelley se cache dans un hôtel de passe sous le nom de Violet Lee. du jour au lendemain, elle a tout abandonné : sa vie de femme mariée habitant les beaux quartiers de Chicago et surtout son petit garçon Tim. Elle n'a emmené que quelques bijoux et son précieux appareil photo Rolleiflex ! Que ou qui fuit-elle ? Qu'est-ce qui a pu la pousser à quitter son fils qu'elle aime par-dessus tout ?

A cours d'argent, après le vol des bijoux qu'elle comptait vendre, Violet doit malgré tout tenter de se réinventer. Obligée de gagner sa vie pour survivre, elle trouve une place dans une famille bourgeoise, pour s'occuper des enfants. Grâce aux différentes amitiés qu'elle va nouer, et en particulier Rosa une jeune prostituée, mais surtout grâce à l'amour de Sam, américain comme elle, rencontré dans un club de Jazz, Eliza se fond petit à petit dans sa nouvelle identité. Ses nombreuses déambulations dans ce Paris d'après guerre vont lui permettre d'assouvir sa passion pour la photographie. Munie de son Rolleiflex qu'elle ne quitte jamais, elle observe et fixe sur la pellicule des visages, des morceaux de vie qui l'espace d'un instant la bouleversent.

Mais, malgré cette nouvelle existence qu'elle s'est construite au fil des années, la douleur de l'exil persiste. Surtout, Violet n'arrive pas à se pardonner l'abandon de son fils. Alors dix-huit ans plus tard, elle décide de rentrer dans sa ville natale. C'est en tant que photographe émérite et reconnue que Violet va retourner à Chicago et à travers les terribles évènements de 1968 (les émeutes contre la guerre du Vietnam notamment) qu'enfin, elle va retrouver celui qui ne l'a jamais quitté et qui lui a tant manqué : son fils.

Gaëlle Nohant a découpé son roman en deux parties.

Dans une première partie (l'exil), grâce à une écriture romanesque et sensible, et à travers l'objectif de l'appareil photo de son héroïne, l'auteur nous emmène à la découverte des rues du Paris des années 50 et nous fait revivre l'ambiance de ses clubs de Jazz jusqu'au bout de la nuit.
Pour nous conduire ensuite, lors de la deuxième partie (le retour) dans un Chicago de la fin des années 60, ville déchirée comme l'Amérique entière par la guerre du Vietnam, minée par la violence, le racisme mais aussi l'espoir d'un monde nouveau.

C'est clair j'ai tout simplement dévorée ce roman. Je l'ai adoré.
Comme dans « La part des flammes », Gaëlle Nohant mêle avec talent la petite histoire à la grande Histoire. Ce roman est pour moi incroyablement bien écrit. Cette romancière fait partie pour moi des « conteuses » nées, une magicienne tout simplement !

L'histoire de « La femme révélée » est une authentique fresque historique. de la première à la dernière ligne, nous sommes emportés par le récit à la fois hautement romanesque, sensible qui dans la deuxième partie devient plus puissant et fort, encore plus réaliste au fil des violents affrontements que l'auteur nous décrit. Nous ressentons pleinement le gros travail de recherche qu'a du mené l'auteur pour retranscrire à merveille ces évènements.

Enfin pour moi, ce roman est une « ode » à la liberté quelle quelle soit !
La liberté de la femme (obligée de tout sacrifier juste pour être libre même son enfant ce qui est intolérable), la liberté de l'homme à vouloir et pouvoir vivre tout simplement dignement !

Quelle que soit l'époque, cette quête se paye souvent très chère et entraine de lourds sacrifices et un dur combat !

Gaëlle Nohant, merci à vous pour cet immense plaisir de lecture.
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La photographe loin des clichés

Gaëlle Nohant la magicienne a à nouveau réussit l'un de ses admirables numéros. Après La part des flammes et Légende d'un dormeur éveillé, elle nous entraîne en 1950 entre Paris et Chicago sur les pas d'une photographe.

Gaëlle Nohant poursuit son exploration de notre passé, avec toujours le même talent et le même sens de la narration, le même style addictif qui entraine le lecteur à ne plus vouloir lâcher les personnages. Après La part des flammes et Légende d'un dormeur éveillé nous voici dans les années cinquante, entre Paris et Chicago. L'occasion d'évoquer les clubs de jazz de la capitale et les combats pour les droits civiques aux États-Unis, le combat des femmes pour leur émancipation et celui des minorités pour davantage d'égalité, les peines de l'exil forcé et le besoin de racines.
Quand s'ouvre le roman, Eliza Donneley est à Paris où elle a trouvé refuge sous un nom d'emprunt, Violet Lee.
Si on ne saura qu'au fil de récit les raisons impérieuses qui l'ont poussée à s'exiler, on apprend très vite qu'elle a laissé derrière elle un mari violent, sa mère et son fils Tim, âgé de quelques années. «Désormais, je me raccrochais à l'espoir que si j'étais assez patiente, je trouverais le moyen de rentrer chez moi. Ce chez moi n'était pas la maison de mon mari. Plus vaste et imprécis, il épousait les contours de ma ville natale, du lac qui la bordait, de ses frontières mouvantes. La ville où mon fils, Martin Timothy Donnelley, était venu au monde par une journée froide et grise de novembre 1942, réveillant de ses premiers cris notre rue engourdie par les prémices de l'hiver. »
Mais cette promesse va devenir de plus en plus difficile à tenir, car elle se pressent que son ex-mari ne la lâchera pas, que ses sbires veulent l'empêcher de nuire à leurs petites affaires aussi immorales que rentables. On y retrouve du reste aussi La Part des flammes, le feu assassin.
Après avoir réussi à trouver un toit et quelques personnes prêtes à l'aider, notamment ses voisines les prostituées, elle se décide à sortir le Rolleiflex qu'elle avait acheté avant de quitter les États-Unis et qui va lui permettre d'ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. Dans les rues, les cafés, les clubs de jazz, elle va photographier de nombreux personnages, témoigner de la société de l'époque.
Comme pour ses précédents romans, on comprend très vite que Gaëlle Nohant s'est énormément documentée, que son évocation de Paris aussi bien que de Chicago est le fruit de lectures, de témoignages rassemblés mais aussi de séjours effectués ces dernières années, y compris avec un appareil photo en bandoulière (ceux qui suivent la romancière sur les réseaux sociaux ont auront des preuves tangibles).
À l'image de la photo qu'elle découvre après son passage dans le révélateur, Violet va se révéler petit à petit à elle-même. Volontaire et courageuse, elle comprend que les clés de son destin sont entre ses mains, mais aussi dans celles qui à ses côtés sont prêts à l'aider. Battante, elle découvre qu'il y a des causes qui sont plus grandes qu'elle, mais aussi qui rapprochent ceux qui les partagent.
Après Paris, c'est à Chicago qu'elle voudra suivre sa route, bien des années après avoir fui.
La femme révélée est un formidable voyage dans le temps, un magnifique portrait de femme, un panorama des combats menés de part et d'autre de l'Atlantique pour plus d'égalité et de Droits, pour davantage de solidarité et pour dégager l'horizon. Ce qui est fait, on l'aura compris, une oeuvre qui résonne avec les problématiques d'aujourd'hui et qui se lit comme un chant d'espoir. Tout simplement superbe!


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Une magnifique histoire de femme, de mère. Eliza Bergman a 31 ans, fuit Chicago, la ville qui l'a vue naître, et c'est la peur au ventre qu'elle arrive sous un autre nom Violet Lee à Paris, perdue, esseulée et tétanisée. Pourquoi ? Pourquoi ce départ précipité ? L'auteure nous tient en halène avec les mystères qui pèsent sur cette femme et sa destinée. Dans cette atmosphère peu rassurante, nous découvrons qu'Eliza est partie seule, sans son tout jeune fils, Tim, que sa vie d'avant était une vie luxueuse et qu'aujourd'hui elle loge tout d'abord dans un hôtel miteux, bruyant avant d'être accueillie au foyer des Feuillantines. Son seul réconfort est son appareil photo, c'est une passionnée de l'image, des portraits, de la vie, d'une vie certaine.

Et puis très vite va venir le temps des rencontres, de Rosa la prostituée, de Brigitte, la jeune de St Germain, de Sam, cet Américain qui va la séduire très rapidement. Seulement elle a des doutes sur sa personnalité, qui est-il vraiment ? Toujours cette angoisse en elle qui lui impose la retenue, et pourtant...

Ce roman est composé en deux parties nous racontant l'exil et le retour, Paris des années 50 et Chicago des années 60, les Blancs et les Noirs, Les riches et les pauvres.......La révolte .... Nous révélant une femme, une femme et ses amours, une femme fragile et forte à la fois.

L'auteure nous offre avec ce roman une histoire palpitante et empreinte de faits historiques. Un véritable voyage au coeur de cette ville de Chicago qu'elle nous présente comme vivante mais si souffrante et déchirée cette année particulière de 1968. La plume délicate et juste nous envole dans un voyage aller retour aux airs de guerre et de paix, aux couleurs du néant et de l'espérance permise.

#Lafemmerévélée #NetGalleyFrance
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De Chicago à Paris, Eliza devient Violet pour échapper à un mari fortuné mais sans scrupule dont elle craint qu'il ne veuille la faire tuer.
Son drame ; elle a laissé son enfant
Sa survie : son appareil photo.
Quelle merveilleuse conteuse que Gaëlle Nohant !
379 pages de pur bonheur.
L'histoire de cette femme est subjuguante.
Les tournures de phrases sont un délice.
Chaque mot est bien choisi, bien à sa place. Il n'y en a pas un de trop.
Ils sont rares les livres aussi aboutis, aussi parfaits.
Intelligence, sensibilité, documentation riche….. que de bons ingrédients au service de ce superbe roman.
Contrairement à certains livres qu'on a hâte de terminer, je ralentissais la lecture de celui-ci pour en garder encore un peu pour le lendemain.
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Eliza, une Américaine, débarque à Paris en 1950. Elle est en fuite, a quitté Chicago, son mari et son petit garçon,. Elle devient Violet Lee, du nom de son faux passeport. Elle n'a qu'une valise, quelques bijoux et surtout son appareil photo qui lui est très cher. Elle débarque par hasard dans un hôtel de passe, se fait voler ses valeurs et se lie avec Rosa, une prostituée.

La première partie du roman se passe à Paris, Violet craint d'être démasquée, sa nouvelle vie est un tissu de mensonges, mais elle trouve de nouveaux amis, du travail et peut développer sa passion pour la photo. Elle rencontre même l'amour avec Sam, un autre Américain, plutôt mystérieux. Les chapitres alternent entre sa vie présente à Paris et son passé à Chicago, on comprend peu à peu pourquoi elle fuit, quel danger la menace au point qu'elle ait choisi d'abandonner son petit garçon de huit ans.

La deuxième partie du roman narre son retour à Chicago, dix-huit ans plus tard. Elle n'est plus en danger et décide de quitter la France où elle se sent en exil même si elle connaît la célébrité comme photographe et l'amour avec Horatio, un pianiste de jazz aveugle et aussi exilé. Il a fuit le Sud des USA et la ségrégation. Violet veut avant tout retrouver son fils, devenu professeur de sciences politiques et militant pacifiste.

Ce roman est magnifiquement écrit, avec une langue riche et musicale, un pur bonheur de lecture. On est plongé dans le monde de Violet, l'auteur sait nous faire passer ses émotions, ses doutes et ses émerveillements.

Violet est née durant les émeutes raciales de 1919 à Chicago et c'est bien le thème principal du livre, mettant au second plan sa fuite. le racisme et la ségrégation sont au coeur du livre. le père de Violet était un sociologue qui lui a appris la tolérance, au grand dam de sa mère, issue de l'émigration allemande et petite bourgeoise. Violet voulait suivre les traces de son père, mais Adam est tombé amoureux d'elle et elle a fini par abandonner ses études pour se marier. Son mari est un promoteur immobilier aux dents longues qui profite des lois raciales pour s'enrichir en louant des espaces minuscules dans des immeubles insalubres aux Noirs, lorsqu'elle le comprend, Violet le quitte et craint à raison qu'il ait mis des tueurs de la mafia sur ses traces.

La deuxième partie est plus historique et politique, elle raconte principalement la semaine de protestation des pacifistes à Chicago lors de la Convention démocrate de 1968 et la répression sanglante instituée par Richard Daley, le maire de la ville.

Paris qui se remet lentement de la deuxième guerre mondiale et son monde ouvert représentent l'espoir et la vie. On y joue du jazz, c'est la grande époque de St Germain des prés, un monde aujourd'hui disparu et raconté de manière passionnante et très vivante par Gaëlle Nohant, j'ai beaucoup aimé ce voyage dans le temps. Malgré ses difficultés, Violet peut s'y reconstruire. Chicago est une ville partagée, il y a d'un côté les riches, les puissants, incarnés par Adam (le mari) puis par le maire Daley et de l'autre les Noirs opprimés depuis toujours. Ils fuient le Sud mais trouvent une autre forme de ségrégation dans le nord. Chicago est ville violente construite sur le sang des hommes et des bêtes. Plus tard les pacifistes seront aussi violemment combattus par l'élite dirigeante. le roman est très documenté et son sujet tout à fait passionnant. Si l'époque de Kennedy est bien connue, les années qui suivent le sont moins . On a souvent l'image d'un mai 68 plutôt folklorique, la protestation aux USA n'a rien de farfelu et sympathique. Ce roman remet aussi en question la vision des USA pays de la démocratie et de la liberté. Ils n'entrent jamais en guerre par altruisme mais pour conquérir de nouveaux territoires et devenir une grande puissance. La deuxième guerre mondiale leur a permis de tourner la page de la Grande Dépression. L'époque contée dans ce roman éclaire aussi la période actuelle : le racisme semble être dans l'ADN américain et est toujours aussi vivace, même s'il prend d'autres formes aujourd'hui. Je suis aussi étonnée par la violence de la répression et le non respect de droits élémentaires, mais en même temps, ce pays fait la moral aux autres.

J'ai beaucoup aimé ce livre que j'aurais dû lire depuis longtemps. Un grand merci à Netgalley et aux Editions Grasset pour ce coup de coeur.

#Lafemmerévélée #NetGalleyFrance

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Avec ce roman, nous partons sur les pas d'Eliza Donnelley, son nom américain ou Violet Lee son patronyme français, du Paris des années 1950 au Chicago des années 1968, vous irez dans les caves de St Germain des Prés, vibrerez au son du jazz, vous prendrez part aux mouvements des droits civiques et ceux de la guerre du Vietnam, vous parcourrez les rues ensanglantées de Chicago. Vous vivrez au même rythme que Violet, votre vie sera trépidante, déchirée, douloureuse, heureuse, amoureuse, peut-être qu'après vous saurez aussi capter l'humanité invisible !!!
Un roman sur l'exil qu'il soit géographique ou intérieur, une page de l'Histoire des États-Unis sous la plume très documentée et vivante de l'auteur qui sait aussi faire ressentir la musique et la photographie, les émotions sont présentes.
C'est un vrai grand roman, une histoire prenante, palpitante, insérée dans la grande Histoire, une écriture juste, réaliste, une belle fresque romanesque et historique.
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Sans surprise, j'ai beaucoup aimé La Femme Révélée, le dernier roman de Gaëlle Nohant.
L'auteur raconte la ségrégation raciale aux Etats-Unis, et plus particulièrement à Chicago, dans les années 1950 et 1960. Si elle n'est pas inscrite dans les textes de loi, elle n'en est pas moins violente et sournoise. Et puis il y est aussi question des manifestations de 1968 contre la guerre au Viet-Nam, les violences policières, lors du congrès des démocrates ; des manifestations qui ont tourné à l'émeute à cause des répressions violentes ordonnées par le maire.
Outre l'aspect historique, le roman dresse le portrait d'une femme chahutée par la vie. A cause d'une seule erreur, parce qu'elle s'est montrée trop naïve lorsqu'elle a choisi son mari (un magnat de l'immobilier qui profite de la ségrégation officieuse pour louer des taudis à prix d'or et préfèrerait la voir morte que de divorcer), elle a dû renoncer à sa vie aux Etats-Unis, à son fils, à sa mère et à son identité même… On la suit les premiers mois en France, alors qu'elle essaye de se construire une nouvelle vie sur des mensonges et des silences ; puis dix-huit ans plus tard, à son retour à Chicago après la mort de son mari, tandis qu'elle tente de renouer les liens avec son passé et surtout avec son fils.
Le style de Gaëlle Nohant est très agréable à lire, avec un texte très fluide émaillé de quelques expressions américaines (mais après tout la narratrice est américaine et cela semble donc tout à fait naturel). L'auteur retranscrit avec beaucoup de justesse les émotions de son héroïne (peur, déchirement, bonheur impossible,…) et elle parvient aussi à insuffler dans son récit un certain suspense en ne nous dévoilant qu'à petites touches ce qui a obligé cette jeune femme à tout quitter puis en l'immergeant dans un Chicago à feu et à sang.
Donc un très beau roman cette fois encore pour Gaëlle Nohant…
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