Comment on passe de l'attachement à l'arrachement ?
Comment on surmonte l'amour premier.
S'en remet-on vraiment ?
P137
Je me souviens que, dès le début de notre rencontre, je pensais à cela. J'imaginais bien qu'un jour, quelque chose entre toi et moi s'évanouirait. Pour autant, je ne nous voyais pas détachés (dé-tachés, lavés de la tache ?). Je voulais que l'attache résiste.
Toi, H., tu étais là comme un point fixe, un point d'"attache". Je pouvais bouger, partir, voyager, revenir, dériver, papillonner peut-être, tu étais là, tu m'attendais.
Qu'est-ce donc qui se joue en nous lorsque nous nous attachons à un être dont nous n'aurions jamais du nous approcher ?
Un jour, j'ai douté.
Douté à cause d'une paire de sandales. Pas ces sandales à l'antique. Pas ces fins laçages qui mettent en valeur le muscle d'un mollet ou le galbe d'un pied.
Non, des sandales grosses et moches, impudiques presque, pour un homme.
C'est ce que Barthes appelle l'altération. "Le petit point du nez"...
" L'alteration, dit-il, est la production brève, dans le champ amoureux, d'une contre-image de l'objet aimé.(...) "
Il est provisoirement "defasciné".
P82
C'est cela la honte.
La mise en demeure muette et l'impossibilité de se justifier.
P85
J'avais si peur de l'attachement. Mais n'était-ce que cela ?
Quitter l'homme de ma vie pour l'homme de ma vie avait été si facile !
Il suffisait de se laisser emporter. La force d'attraction était la même.
Je l'ai tout de suite reconnue.
P 144