J'ai été totalement happée dès les premières pages par ce brillant roman. Une plume aérée, concise, sans phrases trop longues, et surtout, un sujet délirant (c'est le cas de le dire) : le syndrome de Clérambault, ou «
l'illusion délirante d'être aimé ». Imaginez-vous qu'une personne x ou y, peut-être juste croisée dans la rue, se mette d'un seul coup à penser que vous l'aimez ? Que si vous le niez, cela ne peut sembler à ses yeux qu'une preuve supplémentaire de votre amour ? On imagine facilement l'angoisse que cela peut déclencher.
Et c'est le principal sentiment que j'ai ressenti à la lecture de ce roman : l'angoisse. Dès les premières lignes, l'angoisse teintée de paranoïa s'insinue brutalement, et on se retrouve directement dans le coeur du sujet. Tout le bénéfice en revient, de manière complémentaire au sujet traité, à la brillante plume de
Florence Noiville. En effet, de la même manière que Laura, personnage principal du roman, n'entretient pas de relation particulièrement proche avec ses collègues, celle qui va se prendre de passion pour elle est appelée C. Comme un moyen de ne pas la considérer comme personne(age), mais uniquement comme une malade. Les seuls moments où nous en apprenons un peu plus sur ce personnage, c'est quand le personnage de Laura se rappelle de ses études avec celle-ci, et l'intimité qu'elles ont pu partager pendant cette période.
Toutefois, le personnage de Laura m'a laissée totalement perplexe. J'ai du mal à imaginer qu'une personne puisse être à ce point solitaire. En effet, même si Laura semble épanouie en tout point (beau travail à la télévision, relation sérieuse), elle n'hésite pas à tout plaquer sans rien dire à personne, à laisser beaucoup de personnes souffrir, uniquement pour pouvoir essayer de s'en sortir. Et là, je n'ai pas compris. Même si j'ai aimé la fin, je n'ai pas du tout adhéré à la méthode…
Je me suis également posé la question, au milieu du roman, si l'auteure n'était pas en train de me mener en bateau et si au final elle n'allait pas nous annoncer que Laura se faisait des films sur Clérambault alors qu'elle devenait au final totalement paranoïaque… J'ai aimé cette ambiguïté, voulue ou pas (c'est peut-être moi qui suis allée un peu loin, sûrement même), et il n'y a véritablement que la fin qui m'a rassuré.
Je conseille véritablement cette lecture, certes angoissante mais terriblement prenante, et découvrirais avec plaisir les autres oeuvres de
Florence Noiville !
17/20
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