On m'avait vendu
Rouge, de
Pascaline Nolot, comme une réécriture du Petit Chaperon
Rouge version horreur, et je dois avouer que cela me tentait pas mal. Malheureusement ce roman a dans l'ensemble été plutôt décevant.
En lisant le résumé éditeur, il est vrai que l'on s'attend à quelque chose d'assez horrifique, et les premières pages du roman, où une femme se fait dévorer vivante par des loups, nous poussent dans ce sens. Toutefois il faut garder en tête que c'est publié par un éditeur jeunesse, dans la catégorie 15+ certes, mais pour le coup l'horreur paraîtra plutôt fade pour un amateur du genre (comme moi).
Rouge est une adolescente haïe par son père, qui lui reproche d'être responsable de la mort de sa femme, que l'on soupçonnait d'avoir pactisé avec le diable pour tomber enceinte et morte en couches. Parce que
Rouge est née avec la peau de la moitié du visage
rouge (d'où son prénom et son surnom pas très originaux), elle est accusée d'avoir le Mal en elle. Et comme c'est un petit village isolé de tout, les superstitions gouvernent et influencent grandement le comportement des gens. J'ai bien aimé cet aspect-là du roman, ce sont toujours des choses qui me révoltent, de voir des personnes innocentes maltraitées à cause de croyances infondées.
Toutefois deux personnes se comportent différemment des autres avec elle : le père François et Liénor, son meilleur ami. Évidemment Liénor n'est pas qu'un simple ami, mais il est difficile pour eux de faire évoluer leur relation étant donné qu'il ne doit pas la toucher (sa mère, veuve, le surveille scrupuleusement car il est tout ce qui lui reste) et que tout le monde la déteste. J'ai trouvé Liénor un peu trop passif, même si l'on découvre une facette intéressante de ce personnage au fil du récit. En revanche, la révélation finale qui le concerne tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et je dois avouer ne pas trop savoir qu'en penser.
Le père François est un bel hypocrite. Il défend
Rouge mais laisse les habitants de Malombre la lyncher sur la place publique une fois par an. C'est un personnage très contradictoire, qui va avoir un rôle très important et particulièrement intéressant dans le récit. Je n'en dirai pas plus, il faut le découvrir par soi-même pour en comprendre toute l'ampleur. Par contre je n'ai pas trop apprécié la fin le concernant, qui laisse un amer goût d'inachevé.
Quant à notre héroïne, je ne l'ai pas vraiment appréciée, car elle m'a plus exaspérée qu'autre chose. J'ai trouvé ses réactions pas toujours très cohérentes, et ses priorités quelque peu surprenantes. En fait, son histoire m'a plutôt ennuyée. L'héroïne est trop fade à mon goût, tout comme la méchante sorcière, la fameuse Grand-Mère, qui rappelle davantage la méchante reine de Blanche-Neige avec son miroir et son désir de jeunesse éternelle guère original. Je m'attendais à une rencontre mouvementée, spectaculaire, bien sombre. Mais finalement il y a trop de blabla (vous savez, quand les méchants racontent tout à leur victime et perdent du temps au point de se faire avoir) et les choses se règlent bien trop facilement.
Il y a pas mal de points intéressants dans ce récit, comme les références aux contes, les métaphores, etc. Un des personnages que j'ai trouvé particulièrement intéressant est le Chasseur. Je ne peux pas trop en dire, mais pour moi c'est le personnage qui reflète bien le rôle premier du conte : alerter contre les dangers que peuvent représenter certaines personnes ou certaines situations.
Malheureusement je n'ai pas accroché au style narratif de l'autrice, très soutenu mais parfois un peu lourd. La manière dont les éléments s'imbriquent, dont le récit se tisse, m'a parue terriblement ennuyante. L'histoire de
Rouge m'a donc laissée de marbre, toutefois l'histoire de sa mère m'a pas mal intéressée.
Car finalement c'est toute cette interrogation, tout ce mystère autour de la mère de
Rouge qui m'a fait avancer dans ma lecture. Que lui est-il donc arrivé ? Au fur et à mesure que je découvrais ce terrible secret, j'étais de plus en plus atterrée, car se dévoilent les pensées et justifications du coupable de tout ce malheur, et une fois de plus l'on comprend que l'humain n'a pas besoin du diable pour faire le mal...
En bref...
Cette réécriture du Petit Chaperon
Rouge est un rappel des contes anciens : sombre avec de terribles mises en garde. Les références aux contes et les métaphores rencontrées au fil du roman sont intéressantes. Malheureusement le récit manque de relief :
Rouge est exaspérante, les personnages trop stéréotypés, l'horreur promise n'est pas au rendez-vous et l'enchaînement des événements quelque peu ennuyants, le tout conté avec un style parfois un peu lourd. Heureusement l'histoire secondaire de la mère de
Rouge rehausse le niveau en dévoilant les terribles facettes de l'homme.
Moi qui suis une bonne amatrice de réécritures de contes et d'histoires horrifiques, j'ai donc été dans l'ensemble un peu déçue par cette lecture.
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