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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rouge comme l'amour, car j'ai apprécié cet ouvrage revisitant le conte du Petit Chaperon Rouge. J'avais entendu du bien de ce livre et, curieuse, j'ai souhaité découvrir cette adaptation sombre, engagée et insolite. Pascaline Nolot fait de nombreux clins d'oeil à l'oeuvre originelle, reprenant par exemple l'idée de manteau écarlate, mais recouvrant ici la peau de la petite fille, la forêt dangereuse, le loup, le panier de victuailles à ramener, la Grand-Mère et le Chasseur. On notera également d'autres éléments, comme un miroir magique, qui rappellent d'autres contes classiques. Cette réécriture libre n'a cependant rien de beau : ce qu'il arrive à la demoiselle est éprouvant, tandis que les personnages sont généralement laids à l'intérieur, individualistes, violents, haineux et vils. Certes, certains d'entre eux ont un doux visage toutefois, cette histoire prouve bien qu'il ne faut jamais se fier aux apparences…

Rouge de colère. Tel a été mon sentiment face au comportement des habitants de Malombre. Ces derniers vont faire vivre un enfer à Rouge, l'héroïne. Car, dans cette bourgade, les superstitions sont légion : cette tache vermeil qui défigure la jeune fille fait peur. Elle incarne le Malin ! Quiconque la touchera recevra le châtiment divin ! Cette tache de vin va rendre la vie dure à Rouge qui, en plus de vivre à l'écart ou d'être rejetée, va alors se voir subir toute sorte de sévices aussi bien physiques que psychologiques. Pourtant, malgré les humiliations ainsi que les violences quotidiennes, l'adolescente va tout de même se montrer courageuse. Elle reste dotée d'un caractère fort et ose parfois se rebeller, en particulier aux côtés de Liénor, son seul ami (mais qui n'ose pas la toucher non plus). Rouge vit tout de même un véritable vide affectif, d'autant plus que son père la repousse et que sa mère, accusée d'être folle et d'avoir forniqué avec le diable, est morte. C'est dur… On ressent de l'empathie pour elle… Cela n'arrêtera pas l'héroïne qui, après le premier tiers du livre, va devoir quitter son village pour aller dans les bois. Elle en profitera alors pour enquêter sur ses origines, en particulier sur sa génitrice. J'avoue que la demoiselle m'a impressionnée ! Malgré son côté parfois ingénu, elle est très débrouillarde, réfléchie, brave et entière. Les sévices ne l'ont rendue que plus forte.

Alerte Rouge ! Les aventures de cette jeune paria sont immersives. La plume fluide, travaillée et poétique de l'auteure est très agréable. En dépit du quotidien révoltant de Rouge, on se sent bien dans ce conte. On a envie d'en savoir plus, en particulier sur la face cachée des citoyens. Car, en plus de se ranger aux côtés de la bannie, la narration va parfois faire des flash-back en se plaçant du côté des personnages secondaires comme le Père François, le géniteur Gauvain, Liénor, la mère de celui-ci, la Grand-Mère, etc. On se rend alors compte que, le véritable monstre n'est pas cette fille démoniaque, mais plutôt son entourage aux multiples secrets… Les Hommes sont généralement des êtres ignobles, superficiels, égoïstes, dangereux et retors : ils suivent leur plaisir, ignorant la souffrance engendrée, notamment des Femmes qui sont souvent abusées… Certains individus m'ont plus marqué que d'autres, en particulier le prêtre ou la sorcière. Cette dernière est, certes, cruelle comme les autres toutefois, elle demeure une personne lucide, franche et intéressante ! J'ai adoré son rôle dans l'intrigue.

Rouge de honte, car je n'ai pas vu venir toutes les révélations ! Si j'ai saisi les cachoteries de la plupart des habitants, je ne pensais pas que l'épilogue m'offrirait une telle claque ! Quelle chouette surprise ! Pascaline Nolot m'a bien eue. « Rouge » fait partie du PLIB et je compte bien l'ajouter à mes 25 titres sélectionnés ! Cette oeuvre a tout a fait sa place car, en plus de proposer un univers fantastique sombre et original, elle aborde une pluie de thématiques actuelles… N'hésitez pas à découvrir les péripéties de cette rougeaude au coeur sincère et vaillant !
Lien : https://lespagesquitournent...
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Un livre extrêmement surprenant… Ce livre a rejoint ma PAL sur un coup de tête, uniquement car la couverture me plaisait. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais en tout cas je ne m'attendais pas à cela !

Rouge, c'est une réécriture cruelle, sombre voire un brin gothique du célèbre conte que nous connaissons tous, le petit chaperon rouge. Au fil des pages, on se surprend à se dire à soi-même « mais ça c'est un clin d'oeil au chaperon rouge ! », c'est vraiment très malin de la part de Pascaline Nolot… En effet, l'auteure mène le lecteur par le bout du nez en lui donnant de faux indices, en le mettant sur des fausses pistes faisant allusion au célèbre conte, mais ici l'histoire est bien plus glauque et bien plus tordue !

Pour un roman jeunesse, c'est extrêmement sombre et je pense que ce n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il faut avoir les tripes bien accrochées par moment ! Mais l'histoire est vraiment très bien ficelée et sans faille. On y parle d'amitié – sincère et profonde – qui passe outre la différence et le regard réprobateur des autres, de lâcheté et surtout d'abus de confiance/trahison…

Outre l'histoire qui fait un peu flipper et qui joue un peu avec le palpitant du lecteur, j'ai particulièrement aimé le style de l'auteure. Pascaline Nolot utilise avec brio un vocabulaire un peu daté donnant plus de profondeur à son histoire, elle parle de la sylve plutôt que de la forêt ou bien encore de la vénusté au lieu de la beauté. J'ai trouvé que l'emploi de ce type de vocabulaire donnait encore plus de noirceur au récit et plongeait totalement le lecteur dans cette histoire un brin magique et totalement déroutante !

Une histoire qui parle de sujets très actuels tels que le consentement, le viol et également le harcèlement. C'est à la fois fort et délicat, c'est une très belle découverte mais qui est bien plus sombre que le conte que l'on connait…

Aller, un peu de courage, jeunes filles, allez donc porter ce panier de victuailles à la grand-mère…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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A de rares exceptions, je fais une confiance aveugle à ce nouveau label des éditions Pocket : "Les étoiles montantes de l'imaginaire" qui très souvent fut un dénicheur de pépites et autres belles plumes pour moi. Ici avec Rouge, je partais en plus confiante, ayant lu auparavant l'avis plus qu'enthousiaste d'Audrey qui m'avait déjà conseillé il y a peu le dieu dans l'ombre duquel je rapproche ce titre et qui avait été un coup de coeur.


Les revisites de contes, cela a toujours été mon dada, aussi bien en roman qu'en album jeunesse, enfin surtout en album jeunesse, car les romans, eux m'ont parfois déçue dans mes attentes. J'aime quand les revisites se font dans soit dans des ambiances très drôles et décalées, soit dans un fantastique sombre et un peu effrayant. C'est ce dernier choix qu'a fait Pascaline Nolot ici et j'en fut ravie.


Il faut dire qu'on avait déjà quelques indices avec les couvertures inquiétantes des versions poche et grand format, mais en plus dès qu'on ouvre le volume, nous sommes accueillis par les mots percutants de Charles Perrault : "Rien au monde, après l'espérance, n'est plus trompeur que l'apparence.", et ceux très sombres de Pascaline qui vont donner le ton de son histoire : elle sera riche, sombre, mordante et entêtante !

"Rouge. Les babines se teintèrent d'écarlate tandis que les crocs lacéraient la viande. Enragées par les gerbes de sang qui jaillissaient des chairs à vif, les mâchoires broyaient les os sans pitié et les panses affamées se gavaient."

Rouge c'est l'histoire implacable de femmes dans la décor ancien et patriarcal d'une ancienne ruralité où tout était sujet à mysticisme. On y fait la connaissance d'une enfant qui fut appelée Rouge à cause la tâche qui occupe la moitié de son, pourtant, beau visage. Rejetée de tous, sujet d'opprobre et de moqueries, voire de persécutions, elle sera envoyée, comme la tradition le veut dans la mystérieuse forêt bordant le village dès qu'elle aura ses premiers sangs et y fera alors des découvertes sombres et cruelles sur la société l'ayant envoyée là et son propre passé.

J'ai de suite été frappée par le ton très cru, sombre et violent de l'autrice, mais également poétique et émouvant, qui veut faire de cette histoire un récit coup de poing pour dénoncer un patriarcat certes ancien dans ce décor mais avec des relents très actuels. Pascaline va ainsi avec talent et brio mélanger inspirations moyenâgeuses et fantastiques avec défense du droit des femmes, et ce sera percutant ! L'histoire de Rouge, cela pourrait être celle de bien des jeunes filles et cela le fut et l'est encore. L'histoire de sa mère est encore plus représentative et c'est le drame qui me ravagea tout au long de l'histoire.


J'ai ainsi beaucoup aimé plonger dans cette sombre ambiance fantastique à l'ancienne, à l'époque où les contes pour enfants n'avaient pas été aseptisés par Disney mais revêtaient encore une belle cruauté nécessaire pour appréhender les dangers du monde. Ici, c'est avec un mélange du Petit Chaperon Rouge et d'Hansel et Gretel que l'autrice nous fait aller à la rencontre de Rouge, qui va se perdre en forêt et faire la rencontre d'une femme qu'on présuppose sorcière, le tout en compagnie de loups bien étranges, tandis que son petit monde, lui, est resté tranquillement au village à vivre sa vie campagnarde faire de mauvais tours, mauvaises langues, et moments heureux au détriment des autres. Mais surtout tandis qu'une vérité cachée se terre.

Le choix de double narration fait par l'autrice d'entrée de jeu fut fort judicieux. Cela apporta mystère et tension dès le début de l'histoire, mais aussi âpreté et sordidité, nous empêchant de lâcher le livre avant d'avoir compris l'ampleur de ce qu'il s'était passé. En nous faisant remonter les sources du drame et de la folie de la mère de Rouge, Pascaline Nolot nous prend aux tripes et nous les retourne littéralement car elle ose décrire et raconter l'indicible, et ce, sans prendre de gant. C'est pourtant malheureusement quelque chose de fort banal. le conte vient ainsi ici au service de la dénonciation tour à tour du viol des femmes, des mariages forcés de femmes, des persécutions des femmes différentes, mais aussi du caractère fallacieux de ces violeurs qui se croient tout permis à cause de l'impunité qu'ils reçoivent et des vrais héros qui sont bien souvent méconnus. C'est âpre, c'est sombre, c'est violent.

La mise en scène choisie par l'autrice fut une merveille de poésie fantastique pour moi. Elle a littéralement fait vivre ces lieux que traverse Rouge et qui vont participer à sa métamorphose, malheureusement pas forcément lumineuse et positive comme on l'entend habituellement, mais du moins éclairante : celle de la réalisation de ce que c'est d'être une femme dans cette société et des dangers encourus, ainsi que de la façon de se prémunir. Il y a un discours très puissant sur les femmes qui doivent apprendre à se défendre et se méfier seule car elles doivent pouvoir aussi compter sur elles-mêmes et pas seulement sur les autres et sur les hommes. L'utilisation de la forêt comme révélateur fut donc un élément qui m'a beaucoup plu. Source de peur mais aussi source de vie et de renouveau, l'autrice montre le voile qui la recouvre et la richesse cachée qu'on peut y puiser. J'aurais aimé parcourir ce lieu tellement imprégné de magie au féminin.

Il faut cependant vivre l'histoire de Rouge pour en ressentir toute la puissance. Elle est rude, elle fait mal. L'autrice ne nous épargne pas et ce ne sera pas une sinécure que d'assister à sa métamorphose de fille à femme. C'est plutôt un parcours du combattant où l'avertissement de Perrault sera toujours vrai : il faut se méfier des apparences. Mais une puissante beauté s'y cache et derrière les nombreuses épreuves vécues par Rouge, il est beau de voir une femme toujours prête à se relever et à se battre, sans jamais rien lâcher, apprenant à se faire confiance et à s'apprécier. Car il est également beaucoup question des apparences extérieures effectivement dans ce titre. On dénigre l'héroïne pour son apparence non conforme qu'on attribue au malin, comme actuellement quelqu'un de différent de la norme peut être moqué sur les réseaux sociaux et surtout une campagne à charge. Là c'était des maltraitances IRL, désormais c'est sur les RS, mais c'est la même chose ! Et pourtant, on sait bien qu'il y a de la beauté en toute chose, comme le démontre à nouveau l'autrice ici, mais cela a toujours besoin d'être montré.

Le seul défaut pour moi de ce roman, c'est qu'il manque peut-être un peu de nuances sur les hommes. Ce sont tous des pourritures dans ce titre, il n'y en a pas un pour sauver l'autre, même chez les loups. L'autrice semble avoir eu besoin de les rendre tous monstrueux, même ceux dont l'apparence - justement - ou les mots auraient pu nous faire croire le contraire. Je veux bien qu'on nous montre que derrière des belles paroles, un beau visage, un homme peut être un prédateur, mais qu'absolument tous les hommes de l'histoire soient mauvais, c'est un peu trop. SPOILER :

Je peste souvent sur les titres à destination de la jeunesse, mais ici l'autrice et son éditeur montrent qu'on peut leur offrir un texte puissant, intelligent et dur sans qu'on ait besoin d'édulcorer. Prévenir les jeunes des dangers de la vie passe par là. Édulcorer sans cesse, c'est passer à côté. En reprenant pour cela les contes, sources originelles de prévention pour les plus jeunes, l'autrice se place dans cette lignée fantastique éducatrice que j'aime tant. Son histoire est dure, rude, bouleversante, chamboulante, révoltante mais puissante et marquante. On ne l'oubliera pas. On n'oubliera pas l'histoire et le combat de Rouge et des femmes autour d'elle.

PS / Si vous avez aimé, l'autrice parle à nouveau des violences faites aux femmes dans le court texte Gris comme le coeur des indifférents chez ScriNeo cette année. A lire ;)
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Rouge. Elle est l'enfant maudite, celle qu'il ne faut pas approcher, celle dont un unique touché pourrait vous enlaidir. Rouge, car portant une marque sur le visage. Rouge pour la honte. Rouge pour la colère qui gangrène lentement ses tripes. Rouge la paria. Elle est le mouton noir, la gamine recluse, celle à qui il ne faut pas adresser la parole. Rouge. C'est l'incarnation des maux du village, le réceptacle et l'aimant des malheurs.

On suit les pérégrinations de Rouge. Adolescente envoyée dans la forêt suite à l'apparition du premier sang, condamnée à suivre les loups envoyés par Grand-Mère. C'est un roman qui reprend les schémas du conte, les grandes figures présentes dans la Chaperon Rouge. le chasseur est présent. Chasseur qui ne rutile pas de bonté. La grand-mère apparaît, semble s'être mêlée à la terrifiante Baba Yaga d'autres récits populaires. On avance, on tremble.

Je proteste trop souvent contre les plumes des romans estampillés YA (young adult). Trop simplistes, sans recherche de vocabulaire, allant à l'essentiel sans s'attarder sur de longues descriptions. Une recherche d'actions mettant de côté tout le descriptif. Merci Pascaline Nolot pour vos mots, votre plume qui façonne un récit macabre mais fracturé d'élans poétiques.

Un roman pour retrouver l'essence des contes.
Adieu l'édulcoration Disney.
Lien : https://hubrislibris.com/202..
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Pascaline Nolot signe ici la réécriture d'un conte sombre et dérangeant qui met en avant des thématiques tristement actuelles telles que le harcèlement, le culte des apparences mais aussi la femme en tant qu'être-objet. L'autrice se réapproprie des archétypes connus en y apportant une véritable originalité. Si on peut déplorer quelques longueurs sur les parties du roman consacrées au passé de l'héroïne, cela n'empêche pas de dévorer ce page-turner en quelques heures à peine. Un texte tout à fait recommandable qui n'épargnera pas les sentiments du lecteur.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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Je m'étais gardé Rouge de Pascaline Nolot pour lire au début de l'hiver. Avec sa couverture aux arbres décharnés et ses allures de conte macabre inspiré du Petit Chaperon Rouge, le roman semblait parfait pour le mois de novembre, afin de rester dans une ambiance Halloween un peu rêveuse. Alors, qu'ai-je pensé de ce récit ?

Pascaline Nolot propose une autre vision du Petit Chaperon Rouge. Elle reprend les éléments principaux du conte d'origine pour donner une relecture plus proche du ton du conte d'origine, qui, comme beaucoup, étaient assez violents. Ici, nous suivons Rouge, une jeune fille défigurée par une tâche de naissance. Cette particularité physique fait qu'elle est rejetée du reste du village, d'autant plus que sa mère a perdu la raison suite à un événement traumatique. Lors de ses premières règles, elle est contrainte de quitter Malombre pour aller rencontrer la Grand-Mère, que l'on prétend être une sorcière, guidée par des loups. Sur le chemin, elle fera également la rencontre de Chasseur.

Si tous les marqueurs du conte sont là, le roman joue vite avec nos attentes pour nous proposer des éléments inattendus. le livre est une invitation à nous méfier des apparences, qui peuvent être trompeuses. Chasseur est-il vraiment le héros que tout le monde prétend ? Quelle est la véritable nature de la terrible Grand-Mère ? Pourquoi le Père François est-il le seul à prendre soin de la jeune Rouge ? Une grande partie du récit reprend ainsi le travestissement du conte original du Loup en Grand-Mère pour l'appliquer à différents personnages, construisant une histoire tout en faux-semblant qui piègent habilement les lecteurs.

Si le récit est souvent très sombre, c'est pour mieux souligner la cruauté du monde dans lequel évolue Rouge. En filigrane, ce sont les violences faites aux femmes qui reviennent le plus souvent. Toutes les nuances en sont évoquées : viol, violence, insultes, injonctions à la beauté, mariages forcés… C'est parfois très frontal, puisqu'un viol et une tentative de viol sont montrés dans le récit (heureusement, c'est loin d'être accessoire à l'histoire). Parfois c'est plus symbolique, avec notamment le fait que les filles doivent quitter le village dès leurs premières règles, qui rappellent certaines pratiques dans des cultures au sein desquelles les femmes doivent quitter la communauté le temps de leurs règles.

En outre, le récit aborde les phénomènes d'embrigadement et d'effets de groupe. On constate très rapidement que Rouge est rejetée par pure superstition. Malombre est un village où règnent les superstitions, les rumeurs et les mauvaises langues, ce qui implique bien sûr l'apparition de boucs émissaires. Grand-Mère fera elle-même remarquer que la tâche de naissance de la jeune fille n'est qu'un prétexte. Même si elle était née avec un physique plus normal, elle aurait sans doute été maltraitée car sa mère a perdu la raison. Même si le récit est dirigé à un public jeune, ces aspects font du roman une lecture parfois difficiles car il y demeure un désespoir assez constant et une violence parfois crue qui rend le récit très mature.

Le récit tire également son épingle du jeu car l'autrice construit très bien ses personnages. Rouge est très bien écrite. Jeune fille qui aurait pu paraître un peu niaise devant une passivité de façade devant la cruauté des villageois, elle dévoile une personnalité débrouillarde et opiniâtre une fois laissée à elle-même, mais toujours avec une certaine sagesse. Sans être parfaite, elle se laisse parfois piégée par les apparences, elle a une évolution réaliste et bien rythmée au fil des pages. le personnage du Père François est également surprenant de par les révélations qui l'entourent. Il n'y a guère que la Grand-Mère qui, malgré une idée de départ intéressante, se montre un peu trop verbeuse et théâtrale à mon coût.

Le roman fonctionne également grâce à une écriture très maîtrisée. La plume est fluide et agréable. Pascaline Nolot trouve un bon équilibre entre description et action, et parvient même à placer des termes parfois vieillis avec assez de parcimonie pour que cela participe à l'immersion du lecteur dans une époque qui semble bien éloignée de la nôtre. Mais sans tomber dans un phrasé qui aurait pu paraître trop ampoulé et artificiel qui aurait nuit au récit.

Bien écrit, ce conte macabre joliment réinterprété est une très bonne surprise ! L'autrice propose une histoire sombre pour mettre en exergue la violence faite aux femmes, la superstition, les foules aveugles et le danger des apparences. Sans concession, la plume nous emmène à la suite d'une héroïne qui connaîtra bien des déboires et devra surmonter bien des dangers. le récit reprend les codes du conte originel du chaperon rouge pour en proposer une version à la fois cruelle et moderne. La lecture est parfaite pour la période d'Halloween.
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Nominé pour la catégorie du prix Imaginales des lycéens 2021, je me suis laissée tenter par ce roman au vu de cette couverture originale. Un paysage de forêt sombre encerclée de rouge.
"Rouge" c'est le prénom d'une fillette détestée par tous les gens de son hameau nommé Malombre. Née d'une mère folle, morte en suite de couche. L'enfant porte la marque du démon qui a envoûté sa mère : une tâche rouge sur la moitié de son visage et de son corps, et une bosse au dessus d'un sourcil....
Vivant sous un pacte maudit, chaque fille du hameau, qui a son premier sang doit le quitter pour rejoindre une sorcière appelé "Grand-mère" qui habite dans la forêt de Bois-sombre.
Personne n'en ai revenue....C'est ainsi l'espoir des gens de Malombre de voir disparaître Rouge et peut-être de mettre fin à cette malédiction.
Voilà le conte du Petit Chaperon Rouge revisité totalement. Certe on y trouve un Loup, une Grand-mère, un Chasseur, et le petit pot de beurre....mais dans des rôles bien loin du conte de Perrault ou des frères Grimm.
Ici l'horreur côtoie le merveilleux, et les apparences sont trompeuses. La violence, la méchanceté, la lâcheté et la bêtise des êtres humains seront sources de vengeance. A moins que le destin ne s'en mêle...
C'est un voyage magique et maléfique dans une sombre forêt où le mal rencontré, a des allures d'actualité....
L'auteur, par cette histoire, propose une réflexion sur le thème de la différence, du harcèlement, de l'acceptation de soi, de son image, du libre arbitre de l'indivu face à la collectivité. Elle aborde aussi le thème du consentement dans les rapports sexuels.
La plume est très agréable à lire, poétique avec parfois un vocabulaire atypique car ancien. Cette écriture peut être déstabilisante car elle m'a très vite happée dans ce conte et mise au milieu d'une grande violence. J'ai ressenti ainsi une lecture facilement envoûtante pour des actes d'une grande cruauté.... parallèlement, j'ai vécu en empathie pour Rouge, jeune fille forte et courageuse face à la méchanceté des hommes, et à la recherche de ses origines.
En compétition pour un public de lycéen, ce roman est tout de même adressé à un public averti car le réalisme de certaines scènes de viol peut être difficile à supporter.
Personnellement, j'ai trouvé ce roman très intéressant. Un conte fantastique qui fait résonner l'actualité de notre société.
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Rouge est une réécriture du petit chaperon rouge. Ce conte, comme la plupart des contes connus d'ailleurs, est fascinant par sa longévité tout autant que par le nombre de ses déclinaisons en France, selon les régions, mais aussi à l'étranger. Dans mon travail, on cherche bien souvent le ou les sens cachés selon les différentes variantes : ésotérisme, procédés alchimiques, parcours initiatiques, analyse psychanalytique ou sociologique, on peut y voir tout ce que l'on peut y chercher. Je pense que les réécritures modernes racontent, quant à elles, beaucoup de l'auteur ou de ce qu'il a perçu du conte.
La plupart du temps, on connait l'adaptation de Charles Perrault ou des frères Grimm mais il s'agit à l'origine d'un conte de tradition orale. Je précise ceci car je trouve qu'il est intéressant de le rapprocher du fonctionnement du village du roman où seule la parole est porteuse de malheur ou de malédiction. L'écriture, du moins le peu qui en est présentée dans l'histoire, est quant à elle niée ou secrète. Voulu ou non, c'est très intéressant comme parallèle pour une reprise de conte.

Sinon il faut que je dise que je ne m'attendais pas du tout à ce type de roman. C'est une lecture à la fois facile et difficile. Facile parce que l'autrice possède une plume efficace, difficile parce qu'il traite de différentes formes de violences avec un réalisme qui égratigne. J'avoue que même cette chronique est difficile à rédiger et qu'elle sera certainement moins longue et détaillée que d'habitude. J'ai du mal à me remettre de cette lecture qui, bien que fantastique, a, pour moi du moins, un côté bien trop réaliste.

La première chose marquante que l'on peut relever sur ce roman, c'est bien sûr la délicieuse plume de l'autrice, délicate et recherchée, teintée d'une poésie qui contraste avec les événements dépeints, elle narre l'horreur et la cruauté avec la précision d'un poignard incrusté de joyaux, c'est brutal mais c'est fait avec une élégance certaine.

Le détournement horrifique de ce célèbre conte débute sur les chapeaux de roue. le lecteur est plongé d'emblée dans l'histoire, c'est implacable, cinglant et choquant et donc d'autant plus efficace.

Rouge, l'héroïne, est montrée comme une victime, un bouc émissaire mais elle recèle dans son lien avec Liénor un rayon de lumière et donc d'espoir. C'est un personnage qui va de l'avant émotionnellement, psychologiquement et intellectuellement dans un environnement conditionné par l'immobilisme, la peur et la fatalité.

Ce personnage est complexe et attachant, elle incarne le passage à l'âge à adulte et à mon sens, plus que la perte d'innocence (quand on est traité comme l'est Rouge, l'innocence réelle n'est déjà plus, on est déjà un enfant survivant…), comme c'est présenté par l'éditeur, elle nous entraîne dans un parcours initiatique celui de la guérison, de l'émancipation et du pardon. A travers ses espoirs et ses mésaventures, de nombreuses problématiques sont abordées. Ainsi les violences physiques et morales, le culte des apparences, la superstition, l'instruction, l'autonomie, la liberté sont abordées sous les prismes de la collectivité tout autant que de l'individu. Il se dégage irrémédiablement une aura de féminisme dans cette oeuvre.

J'ai beaucoup aimé comment Nolot présente les habitants de Malombre, il me font penser à la foule parisienne du manga Innocent et à la réflexion qui y est portée (Liénor n'est d'ailleurs pas sans me rappeler Charles Henri Samson du manga en question). Comment faire en sorte d'apporter la raison a un peuple assoiffé de sang et qui se venge par procuration de sa propre faiblesse à endurer le malheur plutôt qu'à faire évoluer les choses, comment l'individu peut-il se rebeller quand sa survie même est en jeu, comment changer les esprits qui préfèrent des mensonges rassurants à une réalité bien trop terrifiante sont autant de réflexions qui imprègnent le roman d'un bout à l'autre.

Je savais que ce roman détournait le conte du petit chaperon rouge mais je ne m'attendais pas à trouver également une référence à Dorian Gray tout autant qu'à une autre sorcière célèbre… le mélange fonctionne extrêmement bien, c'est original et offre une richesse narrative qui sort des sentiers battus.

J'ai un seul bémol, il tient aux répétitions assez nombreuses qui s'expliquent par le déroulé de l'histoire mais confèrent certaines longueurs en plus d'enfoncer le clou sur des thématiques sensibles, parfois on se sent réellement matraqué par la thématique.

Il faut quand même que je parle de ce qui peut choquer certaines personnes, à savoir les violences notamment les viols qui peuvent racler là où ça fait mal, d'autant qu'on a un point de vue de violeur, et j'avoue que ce n'est pas facile à lire sans grincer des dents dans le meilleur des cas. J'ai moi-même dû interrompre ma lecture plusieurs fois alors que je suis une habituée des lectures pour public averti… Je ne recommanderai donc ce roman qu'à ceux et celles qui se sentent de lire ce genre de choses, il faut être d'autant plus averti que c'est quand même un gros fil rouge (sans mauvais jeu de mot) du roman et que le réalisme des faits rend parfois la lecture très inconfortable et dérangeante…

En conclusion donc, Rouge est une oeuvre étonnante et dure, horrifique et fantastique tout en reprenant de sombres thématiques bien réelles et très (trop ?) réalistes. La plume aiguisée de Pascaline Nolot est un pur bijoux dont la délicatesse tranche brutalement avec la noirceur de son roman. C'est un voyage initiatique tout autant que cathartique dans lequel nous sommes invités, mais tout le monde n'aura pas le coeur d'y plonger, mieux vaut être averti que si le message final parle de guérison, de libération et de pardon, le chemin ne sera pas sans en remuer certains…
C'est un roman que je ne recommanderai certainement pas à tout le monde par son excès de réalisme mais à ceux qui ne craignent pas la violence de la thématique, plongez dans cette oeuvre saisissante, elle vaut le détour et ne laisse pas indifférent… indubitablement…

Lien : https://labougiedevinayaka.w..
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Pascaline Nolot nous plonge dans une ambiance sombre, remplie de mystères et d'étrangetés. Contrairement à ce qu'escomptait, ce livre s'éloigne assez du conte traditionnel malgré quelques similitudes avec le petit Chaperon rouge....
Rouge, quant à elle, est une héroïne que j'ai pris plaisir à suivre. C'est un personnage fort qui parvient à surmonter ses blessures physiques et psychologiques pour continuer à vivre, à surmonter les épreuves. Malgré la douleur, elle parvient à garder son innocence.
En quelques mots, je dirais que Rouge est une lecture qui sort de l'ordinaire et qui mérite d'être connue, une réécriture de conte très joliment adaptée pour répondre aux préoccupations contemporaines.
Lien : https://www.sariahlit.com/20..
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Envie d'un jolie conte plein de douceur et de bons sentiments ? Clairement Rouge de Pascaline Nolot est tout l'inverse ! 😆

C'est un conte, oui, qui reprend certains codes du genre, oui, mais ici le sang🩸 est un personnage à part entière.
Dès le premier chapitre je me suis attaché à cette jeune fille persécutée de la plus cruelle des manières par la quasi-entièretée de son village. 😩

J'ai grandement apprécié l'ensemble de ce roman, que ce soit les personnages, l'ambiance, la fin, et bien sûr le style de Pascaline qui manie parfaitement le mélange de cruauté et de poésie.

Les thèmes abordés le sont avec finesse : la peur de la différence, le fanatisme, la puissance de l'apparence, la force destructrice de la rumeur, le harcèlement, la recherche de ses racines ...

Certains passages m'ont révolté notamment les justifications derrière lesquels certains hommes se cachent pour commettre des agressions innommables 😔

C'est sombre, sanglant, cruel, dérangeant, moderne dans ses propos, sensible, poétique, intelligent ... bref j'ai adoré !
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