Personne ne se méfie d'un homme de ménage. Encore moins s'il est immigré, de couleur et presque aveugle.
Je suis comme la Micronésie sur un planisphère : personne ne m'identifie. Le plus souvent, on ignore jusqu'à mon existence.
C'est tout le paradoxe de The Ox : c'est en privant de lumière qu'il révèle chacun à lui-même. A sa nature véritable.
un malvoyant qui nettoie une vaste pièce noire, plongée chaque nuit dans l'obscurité. (...) c'est cocasse, vu le lieu et l'usage si particulier qui en est fait.
Comme si ceux qui gèrent la boîte redoutaient que l'ombre des partouzards y soit encore visible au matin.
- Tu comptes absolument tout ? S'étonna Sanjana.
Il hocha la tête. Depuis qu'il était obligé de vivre dans le noir absolu, compter était devenu un moyen d'apprivoiser le vide.
Mettez un homme en cage et il se jettera contre les barreaux et clamera son innocence.
Désir, passion et retenue. L'amour, nous l'avons tissé sur ce premier regard.
Il y a de l'amour, certes, mais captif de l'habitude, celui où l'on s'étreint pour se rassurer, sans se fondre dans l'autre ni s'y perdre. Un compagnonnage ou, plutôt, un partage de temps et d'espace. Se croiser sans se toucher, se parler sans communiquer, se voir sans se regarder. Prétendre être deux mais en fait être seuls. Être seuls, à deux.
Est-ce que les hommes retiennent en détail leur première fois ? Le goût de la peau, la souplesse de la chair, la rugosité d'une main, l'odeur nichée au-dessus de l'arc de Cupidon et récoltée par un baiser, les grognements, les silences ?
chacun peut laisser libre cours à ses fantasmes, sans peur d'être vu ou jugé. Grâce au noir et à l'anonymat, chacun peut révéler sans crainte les aspects les plus débridés ou les plus sombres de sa personnalité.
personne ne sait avec qui il aura ou aura eu des rapports à l'intérieur.
Les sensations demeureront pures, exemptes de tout a priori. Beaux et laids, jeunes et vieux, riches ou pauvres, tous plongés dans un même bain de jouissance.