Tuer, c’est se tuer un peu.
– T’es prêt, bébé ? demanda Alex.
– Jusqu’en enfer.
– Il est 6 heures et deux minutes, l’informa Ronan. T’es placé en garde à vue pour enlèvement, séquestration et complicité d’homicide. T’as le droit de fermer ta gueule.
Fier du devoir accompli, il finissait d’établir son rapport de comparaison sous le regard impressionné de Johanna et de Ronan. Seul Sam se retenait de ne pas le féliciter. Il aurait pu faire de l’or avec son cul que Sam ne lui aurait pas dit bravo.
Quand on est seul, on n’est responsable de rien. Ni du malheur, ni du bonheur.
Le portable qui a envoyé ce SMS a été acheté il y a deux jours sous une fausse identité.
– Comment peux-tu en être sûr ? le coupa Ronan.
– Écoute, à moins que notre type s’appelle vraiment Bruce Willis, je pencherais d’instinct pour la fausse identité.
– Bruce Willis ? Putain, ils ont peur de rien.
Sur l’échelle de la douleur supportable, la rage de dents se situe dans les souffrances suicidaires. De celles qui vous font penser que la mort est une délivrance.
Derrière lui, un tableau immense, fait de taches de couleur jetées au hasard, gerbées comme un lendemain de cuite à la peinture. De l’art moderne assez moche pour être hors de prix.
Elle n’a jamais été compliquée à cerner. Méprisante avec ses hommes, agressive avec ceux du même grade et docile avec la hiérarchie. Pour l’instant je représente la hiérarchie, elle me fout une paix relative.
Évidemment non, concéda Degrève. C’est un homme politique. Les politiques ça titube, ça tangue, mais ça ne tombe jamais réellement.