Ce n'est pas pour rien que les humains portent des noms à la place de matricules : le prénom est la clé de la personne. c'est le cliquetis délicat de la serrure quand on veut ouvrir sa porte. C'est la musique métallique qui rend le don possible.
Le résultat de ce déferlement ne se fit pas attendre : tout le monde se mit à regarder « Concentration ». Même ceux qui n’avaient pas la télévision allaient la voir chez leurs voisins, ce qui ne les empêchait pas de se vanter haut et fort d’être les derniers réfractaires et les pourfendeurs de la télé-poubelle. On s’étonna d’autant plus de les entendre discourir sur ce programme en évidente connaissance de cause.
C’était la pandémie.
Au fond, la création accomplie, quelle était la tâche de Dieu ? Sans doute celle d’un écrivain quand son livre est édité : aimer publiquement son texte, recevoir pour lui les compliments, les quolibets, l’indifférence. Affronter certains lecteurs qui dénoncent les défauts de l’œuvre alors que, même s’ils avaient raison, on serait impuissant à la changer. L’aimer jusqu’au bout. Cet amour était la seule aide concrète que l’on pourrait lui apporter.
Tout être qui connaît un enfer durable ou passager peut, pour l'affronter, recourir à la technique mentale la plus gratifiante qui soit : se raconter une histoire.
Se laver les mains d'une situation ne signifiait pas que l'on était innocent.
- C'est vous qui êtes merveilleuse. Grâce à vous, ils ont oublié qu'ils mangeaient de la merde.
C'est quand son absence est la plus criante que Dieu est le plus nécessaire.
Comme n'importe quelle ratée, elle méprisait ceux qui excellaient là où elle avait échoué.
Il y a des gens que leur nom ne désigne pas. On rencontre une fille qui a une tête à s’appeler Aurore : on découvre que, depuis vingt ans, ses parents et ses proches l’appellent Bernadette. Pourtant, une telle bavure ne contredit pas cette vérité inflexible : il est toujours plus beau de porter un nom. Habiter des syllabes qui forment un tout est l’une des immenses affaires de la vie.
Je me suis souvenue de cette phrase d'un héros algérien : Si tu parles, tu meurs, si tu ne parles pas, tu meurs. Alors parle et meurs.