Tout ce que l'on aime devient une fiction. La première des miennes fut le Japon. A l'âge de cinq ans, quand on m'en arracha, je commençai à me le raconter. Très vite, les lacunes de mon récit me gênèrent. [...] A aucun moment je n'ai décidé d'inventer. Cela s'est fait de soi-même.
"Je rencontre quelqu'un qui me charme. Le quelqu'un me fixe un rendez-vous pour telle date. Je me réjouis. La date approche, ma joie grandit. Le jour J, je me rends au lieu de rendez-vous et en chemin, je sens que tout énergie me déserte. Je deviens si faible que je m'assoirais sur le premier blanc public pour n'en plus jamais bouger."
"A deux fois vingt ans, je peux regarder en arrière sans crainte ni regret. [...] En conséquence de quoi il m'échoit une récompense inattendue, celle qu'espèrent les moines zen: je ressens le vide. En Occident, ce constat apparaît comme un échec. Ici, c'est une grâce et le je le vis comme telle."
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
L'affamé perçoit plus fort et mieux, il est suprêmement vivant et ne se pose jamais la question de l'a quoi bon;
À vingt ans, avec Rinri, j’ai vécu une belle histoire. Cette beauté implique que ce soit fini. C’est ainsi.
Le métal est devenu monnaie, la monnaie est devenue fric.
je n’étais pas amoureuse de lui. Mais pourquoi ne l’étais-je pas ? Il était beau, charmant, gentil, intelligent, il avait de la classe, de l’humour.
Certes, l’onomastique japonaise est différente, on peut y inventer des prénoms à l’infini et on ne s’en prive pas, avec d’ailleurs une créativité et une poésie admirables. Et si Anneau de Saturne est une idée superbe, je me demande à quel destin cela conduira le bientôt-né : danseur de hula-hoop, peut-être.
- Qu'est ce que tu fais là ? me demanda-t-elle comme si j'avais commis quelque bêtise incompréhensible.
Je m'entendis répondre cette horreur :
- Je suis devenue un écrivain célèbre.