Celui qui attend une lettre de la personne aimée sait ce pouvoir de vie ou de mort des mots.
Se délecter de la médiocrité d'autrui reste le comble de la médiocrité.
Cet idéal, qu'il soit religieux, nationaliste ou autre, prend toujours la forme d'un mot. Koestler dit avec raison que ce qui a le plus tué sur terre, c'est le langage
Se délecter de la médiocrité d'autrui reste le comble de la médiocrité
- [ ] aussi longtemps qu'on ne se réjouit pas de la chute de quelqu'un, c'est qu'on peut encore se regarder dans la glace.
Il paraît qu'à l'instant de mourir, on voit défiler sa vie entière en une seconde. Je saurai bientôt si c'est vrai. Cette perspective me plaît, je n'aimerais pour rien au monde manquer le Best of de mon histoire.
Celui qui attend une lettre de la personne aimée sait ce pouvoir de vie ou de mort des mots. Mon cas s'aggravait puisque Astrolabe tardait à m'écrire : mon existence était suspendue à du langage qui n'existait pas encore, à la probabilité d'un langage.
Je serai un salaud, une ordure, un cinglé, une raclure, tout sauf un terroriste, on a sa coquetterie.
Je suis le froid et si je règne dans l'univers, c'est pour un motif si simple que personne n'y a songé : j'ai besoin qu'on me ressente. C'est le besoin de tout artiste. Aucun artiste n'a aussi bien réussi que moi : tout le monde et tous les mondes me ressentent. Quand le soleil et les autres étoiles se seront éteintes, moi je brûlerai encore, et tous les morts et tous les vivants éprouveront mon étreinte. Quels que soient les desseins du ciel, la seule certitude est que le dernier mot me reviendra. Tant d'orgueil n'empêche pas l'humilité : je ne suis rien si l'on ne me ressent pas, je n'existe pas sans le frisson des autres, le froid a aussi besoin de combustible, mon combustible est vore souffrance à tous, pour les siècles des siècles.
Platon : il en avait pris, lui aussi. Le mythe de la caverne, cela ressemble trop au récit d'un trip. (p.89)