Dès mes huit ans, j'étais devenue dépendante de ces immersions dans l'univers miraculeux des enchanteurs que sont Hector Malot, Jules Verne et la comtesse de Ségur. L'école n'avait eu qu'à s'engouffrer dans la brèche.
Chez Donate, j'avais une chambre à moi. Virginia Woolf a trop raison, rien n'est aussi important. Si elle n'était pas formidable, elle constituait néanmoins un tel luxe qu'elle me rendait capable d'accepter les avanies de Donate.
Voici le sort réservé aux êtres vivants désormais : ce qui vit est perçu comme un grouillement auquel il faut mettre un terme. Le vingtième siècle marque le commencement du suicide planétaire.
(Albin Michel, p.90)
J’arrivai à seize heures. C’était une belle maison de ville comme on n’en voit qu’à Bruxelles dans les quartiers riches. L’homme qui me reçut était celui qui m’avait parlé au téléphone. Il pouvait avoir quarante-cinq ans et respirait les plus hautes responsabilités.
– Qu’est-ce que la philologie ? me demanda-t-il.
– En Allemagne et en Belgique, la philologie englobe toutes les sciences du langage et suppose une connaissance approfondie du latin et du grec ancien.
– Pourquoi avez-vous choisi ces études ?
– Parce que Nietzsche était philologue avant d’être philosophe.
– Mon père est chef de gare à Marbehan. – Où ça ? – Marbehan, une petite localité des Ardennes où il est né. Son rêve était d’être chef de gare à Marbehan. Il a réussi sa vie.
Quand on hait quelqu’un, tout acte devient insupportable. Kafka mentionne avec une rancune exceptionnelle qu’à table, seul son père avait le droit de laper le vinaigre. Cette vexation, en soi bénigne, prend sous sa plume la valeur d’un crime.
– Vous collectionnez les saucières ? Elle éclata de rire. – Non, voyons, que vous êtes drôle ! Je collectionne les objets en porcelaine. Cette saucière est ma plus récente acquisition. Elle a appartenu à Louis II de Bavière. Il me sembla que cette saucière était la manière la moins intéressante au monde d’aborder le règne de Ludwig, mais je dis quelque chose de poli, du genre :
– C’est fascinant !
Fidèle à la plume d'Amélie Nothomb, concis, se lit en une heure. Peu de mots pour décrire le plaisir de lire et son importance.
La jeunesse est un talent, il faut du temps pour l'acquérir.
Pie vous crevez de solitude. C'est vrai mais le remède est pire que le mal.