Qui voyait Norman et Christina ensemble était frappé par leur point commun ; ils avaient une même façon de se taire. On observait leur manière hiératique de siéger silencieux l'un à côté de l'autre, tels un roi et une reine de l'époque mycénienne, n'échangeant rien que leur beauté et leur majesté. La fascination qui émanait de la juxtaposition de ces deux êtres superbes les identifiait à des totems.
Les sages affirment que rien n'a de sens. Les amoureux possèdent une sagesse plus profonde que les sages. Qui aime ne doute pas un instant du sens des choses.
Le 6 octobre 2010, L'Illégal fêtait ses dix ans. J'avais profité de la foire d'empoigne pour infiltrer cet anniversaire auquel je n'étais pas invitée.
Des magiciens du monde entier étaient venus au club cette nuit-là. Paris n'était plus une capitale de la magie, mais la puissance de sa nostalgie agissait toujours. Les habitués échangeaient des souvenirs.
- Habile, votre déguisement d'Amélie Nothomb, me dit quelqu'un.
Les bruits de fête permanente de Burning Man leur parvenaient sous forme d'une percussion lointaine qui rythmait leur états, comme leurs propres pulsations cardiaques.
Leur peau, savonnée par le désert, en avait pris la dimension : c'était le territoire immense de la volupté.
Christina découvrit le désir de Joe avec autant d'extase que le halo autour de la lune. Elle était dans cet état d'acceptation absolue et de réjouissance universelle caractéristique de l'acide bien toléré.
Le vêtements tombèrent, puis les corps, accueillis par la poussière. Ce que Joe retenait depuis si longtemps s'était métaphorphosé en haine ; Christina le transforma en plaisir. Elle alla chercher dans la frustration accumulée dans les muscles de son amant et de ce plomb, elle fit de l'or.
Joe eut l'impression d'être le feu avec lequel elle devait danser. Elle le dirigeait si bien que, parfois, il connut le bonheur d'être une fille.
- Qui es-tu ? demanda-t-il ?
- Je suis nombreuse.
Elle n'avait pas de limites ; il quitta ses frontières intérieures.
- Tu as tant de visages, dit-elle.
- Je n'avais pas de visage avant cette nuit.
Elle ne comprit pas l'aveu dissimulé dans cette phrase. Elle était si douée qu'elle qu'elle donnait talent à Joe : jamais elle n'aurait pu croire qu'il s'agissait de sa première fois.
Dans l'excès de jouissance, il ne put empêcher le jaillissement de paroles d'amour : elle les reçut avec une telle bienveillance qu'il ne se sentit pas ridicule.
Les bruits de fête permanente de Burning Man leur parvenaient sous forme d'une percussion lointaine qui rythmait leur états, comme leurs propres pulsations cardiaques.
Leur peau, savonnée par le désert, en avait pris la dimension : c'était le territoire immense de la volupté.
- Est-ce que c'est pour ça que tu as accepté un père aussi monstrueux ?
- Il m'avait choisi, je te répète. Cela suffisait.
la magie déforme la réalité dans l’intérêt de l’autre, afin de provoquer en lui un doute libérateur ; la triche déforme la réalité au détriment de l’autre, dans le but de lui voler son argent.
– Quel est le but de la magie ?
– Le but de la magie, c’est d’amener l’autre à douter du réel.
Jongler revient à nier tant la pesanteur que la multiplicité des choses. Le pari du jongleur est d’assurer le mouvement perpétuel et aérien d’une matière lourde et nombreuse. L’esprit n’a ni poids ni chiffres, il est indénombrable. Jongler déguise la matière en esprit en conférant à celle-ci les propriétés de celui-là. (Albin Michel, p.85)
C'est une généralité : à talent égal, une artiste déclenche une espérance plus absolue que son équivalent masculin. Cette loi n'empêche pas que déferlent ensuite les distorsions auxquelles des millénaires de misogynie nous ont habitués. Mais on ne peut rien contre cette donnée première.